Embrase-moi Tome 2

Chapitre 19 Partie 3 - Lui

Dans les vestiaires, je retire mon polo pour enfiler un tee shirt. Je souris en remarquant que j'ai pris celui avec la mention en référence à Game of Thrones. Je n'avais même pas fait attention en faisant mon sac hier soir. Le voir me rappelle de très bons souvenirs. Notre premier double date comme l'avait appelé Eliott. Je pense que je ne pourrais jamais oublier la tête qu'a fait Athénaïs quand elle nous a vu arriver. J'en aurai presque plains Rose qui s'est faite fusiller du regard. Ce n'est pas avec plaisir qu'elle m'a accueilli, mais c'est ce qui m'a charmé. Son caractère piquant et ses réparties affirmées.

Je m'assieds sur le banc pour terminer de m'habiller. La journée a été assez calme en intervention. Nous avons simplement secouru une mamie qui était tombée dans la rue. Heureusement, plus de peur que de mal pour elle. Elle s'en sort seulement avec un gros bleu sur la cuisse. Quelques bon samaritains avaient pris soin d'elle avant que nous n'arrivions. Cela fait plaisir de voir qu'il reste encore certaines personnes qui se soucient du bien de leur compatriote. Avec ce que nous voyions parfois lors de nos missions, il m'arrive de ne plus y croire. Et si on commence à lire certains témoignages sur les réseaux, on finit par penser que les Hommes ont perdu une partie de leur humanité. Cela met du baume au cœur quand certains nous prouvent le contraire.

Je grimace en me baissant pour lacer mes baskets. Le gros entraînement de ce matin m'a laissé des traces. Cela faisait un moment que nous n'en avions pas eu un aussi physique. On en a pas mal bavé, et Luc était sans pitié. Je risque de bien le payer demain, ça. Peut-être que je pourrais demander un massage à Athénaïs. Je suis sûr que le costume d'infirmière lui irait comme un gant.

« La meute » étant fermée en ce moment, je passe mes soirées avec elle et Noham. Après un bon repas, préparé par mes soins en compagnie de Carmen, Eliott et Rose, j'aurai toute la nuit pour profiter de ses doigts de fée. Cela fait un bien fou de pouvoir se créer une routine. Surtout après ce qu'il s'est passé avec Léa. C'est bien le seul nuage de mon horizon. Après sa « discussion » avec ma rousse, je n'ai plus eu de nouvelles. Bastien est venu me voir le lendemain, m'affirmant qu'il comprenait ma décision et qu'il ne m'en voulait pas de l'avoir prise. Ni d'avoir mis sa sœur à l'écart, ce qui sera bénéfique pour nous deux, selon lui. Je me suis rapidement rendu compte qu'elle ne lui avait pas parlé de son altercation avec Athénaïs. Je ne sais toujours pas ce qu'elles se sont dit d'ailleurs. Enfin, connaissant la hargne que ma rousse peut mettre à se défendre et attaquer, je doute que Léa ait pu en placer une. Pourtant, je pense que cela a été violent. Autant pour l'une que pour l'autre. Son regard clair en disait long quand elle nous a rejoint. Elle a mis du temps à se départir de cette tristesse qui flottait autour d'elle. Je sais à quel point cela lui coûte de laisser sa vraie nature, comme elle l'appelle, prendre le pas. Cette partie d'elle, de son passé, la répugne. Elle préfèrerait la laisser dans l'ombre, malheureusement, si parfois c'est son instinct qui réagit sans lui laisser la possibilité de décider, à d'autres moments, il n'y a pas d'autres choix que d'utiliser cette violence. Peu importe les efforts qu'elle pourra faire, cet aspect restera gravé en elle. On ne peut pas définitivement chasser une chose si profondément ancrée, on peut simplement l'atténuer. Comme je sais que je ne pourrais jamais éliminer celle qui sommeille en moi. Je peux seulement la brider, essayer de la maîtriser sans que ce ne soit elle qui me contrôle. Mais j'aurai toujours besoin de frapper pour sortir les émotions qui stagnent dans mon cœur et empoisonne mon âme. C'est ainsi, il faut apprendre à vivre avec.

— Ça va Max ?

Je sursaute en entendant la voix près de moi. Le mouvement brusque réveille une douleur dans mes abdominaux. Je grogne en posant ma main dessus. On a vraiment pas idée de nous faire bosser comme ça ! Je relève la tête pour croiser le regard amusé de Luc. Adossé aux casiers, il m'observe, un grand sourire aux lèvres. Je râle en me remettant debout pour lui faire face. Une fois sur mes pieds, il s'approche de moi. Sa grand main s'abat entre mes omoplates me coupant la respiration quelques secondes.