Chapitre 2 - Elle

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Debout, dans la salle de réception, j'observe les invités qui m'entourent. Ils sont bruyants, clinquants. Avec leur coupe de champagne à la main, ils se promènent. Ils discutent en riant fort. Les nouveaux riches sont vulgaires, tapageurs. Ils ont souvent fait fortune sur le net ou dans l'immobilier. Ils affichent leur argent en portant de grosses montres, des chaînes à mailles énormes. Tout juste bonnes à servir de collier pour chien. Leurs compagnes sont gonflées à coup de piqûres. Refaites à grand renfort de Botox. Quant à leur façon de se vêtir, ma mère en ferait sûrement une syncope. Moins il y a de tissus, plus cela a l'air de leur plaire. Et plus le prix doit être extravagant. Un outrage à la bienséance. On est bien loin de l'élégance aristocratique. Un gouffre les sépare. Quand les uns sont dans l'opulence, les autres sont dans la discrétion. Les biens-nés tairont le montant de leur patrimoine quand les parvenus le crieront haut et fort.

Il n'y a qu'une seule chose qu'ils aient en commun, ils ne vivent que pour le paraître. Dans un semblant d'éducation, de hautes pensées pour les bourgeois. Dans le blingbling et le clinquant pour les richards. Cependant, bien qu'il ne m'ait apporté que du malheur, je préfère le milieu des nobles. Je m'y sens plus à ma place. Je suis capable de tenir une conversation avec un Compte ou un Duc. J'en suis incapable avec un homme qui ne me parle que d'Ibiza ou du prix de sa superbe voiture tunnée. Quand mon client est venu me chercher, j'ai cru halluciner. La couleur de son « bolide » était tellement criarde que j'ai dû plisser les paupières. Je ne savais même pas qu'il était possible d'acheter une horreur pareille. J'en aurai presque eu honte de monter dedans. A l'intérieur, des néons bleus et roses illuminés l'espace. Les enceintes vibraient au son des basses qui hurlaient un son à vous crever les tympans. L'air dans l'habitacle était asphyxiant. Un mélange d'eau de Cologne au parfum agressif et une odeur de cigare. J'en ai eu la nausée. Il a fait rugir son moteur pensant m'impressionner. Comme si posséder un engin customisé avec son nom était le summum de la réussite. Il a tout faux, le pauvre !

Je soupire quand une bimbo à la chevelure platine nous rejoint, tous seins dehors. Sa bouche enflée, s'étire dans une grimace difforme. Peut-être essaie-t-elle de sourire ? Le problème des gens qui ont abusé de chirurgie esthétique, c'est qu'on ne sait qu'elle est leur expression faciale. Tout leur visage est comme figé. Je porte mon verre à mes lèvres et avale une gorgée de vin. Heureusement, il est bon. Ça sauve un peu ma soirée.

— Tu dois être Scarlett ?

Un souffle me chatouille l'oreille alors qu'une main se pose sur ma taille. Mon regard rencontre celui de l'homme qui vient de se placer près de moi. Son ventre est si gros, qu'il me donne l'impression d'exploser sa chemise qui peine à le contenir. Agé d'une quarantaine d'années, il porte un nombre très élevé de bagues et bracelets. Son haut est ouvert sur plusieurs boutons, dévoilant son torse velu. Je l'observe quelques secondes, incapable d'aligner deux mots. Se croit-il dans un film mafieux des années 80 ? Mon sourire s'élargit quand j'imagine voir surgir Al Pacino, en mode Scarface. Oui, j'ai de bonnes références !

Mon interlocuteur semble prendre mon sourire pour une invitation puisqu'il se rapproche de moi, collant sa grosse bedaine à mon flanc.

— J'ai beaucoup entendu parler de toi. Tu es vraiment une femme splendide.

« Avons-nous gardé les cochons ensemble ? »

Je fais taire ma petite voix qui me hurle que la politesse se perd de nos jours.

— Je vous remercie. Je ne pense pas que nous ayons été présentés ?

— Mon nom ne te sera d'aucun intérêt, je n'ai pas l'habitude de le donner aux filles de ton genre. Sache seulement que je ferai très bientôt appel à tes services.

Embrase-moi Tome 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant