Embrase-moi Tome 2

Chapitre 8 partie 1 - Elle

Installée dans le vestiaire de « Sensuel », j'observe Gabriel chercher sa tenue pour la soirée. Nous avons tous les deux rendez-vous en bas de l'immeuble dans deux heures pour ensuite nous rendre dans un hôtel particulier. Cerise et Adam nous rejoindrons avec Carine. Ce soir, comme à peu près une fois par mois, nous faisons vitrine. La robe que je dois porter est accrochée à un portant non loin. Encore pour cette fois, je me dois de mettre du blanc. Je ne sais pas pourquoi la patronne fait une fixation sur cette couleur. Les autres peuvent choisir ce qu'ils veulent, moi, non. Je dois avouer que cette teinte me met particulièrement en valeur, elle accentue la rousseur de ma chevelure, mais c'est tellement salissant. Sans compter que selon la lumière, le tissu peut être transparent. Un soupir m'échappe quand je pense qu'il va falloir parler et sourire pendant plusieurs heures. Je n'ai absolument aucune envie d'y aller, de faire des efforts pour me montrer agréable. Pourtant, je ne vais pas avoir le choix.

J'attrape ma tasse de thé posée sur la table basse. Je tiens le récipient au creux de mes mains, soufflant doucement sur le liquide. La porcelaine chaude réchauffe mes doigts alors que de la fumée s'échappe. Bien que nous ayons une météo extrêmement agréable, cela fait plusieurs jours que j'ai froid. Sans raison valable ou explication, je grelotte. J'ai beau me couvrir, mettre des gilets, rien n'y fait. Je sens bien que c'est plus profond qu'un simple problème de température. Je suis gelée de l'intérieur. Cette sensation m'a pris au corps dès que j'ai quitté l'appartement de Maximus. Comme si ma chaleur était restée avec lui. C'est étrange cette sensation d'avoir laissé un bout de soi quelque part.

Je n'arrive pas à savoir comment je me sens après ces confidences que nous nous sommes faites. J'ai l'impression de nager dans le brouillard.

D'un côté, je suis soulagée d'avoir partagé cette information avec lui. Les seules personnes au courant jusqu'à présent étaient Carmen, Rose et Sixtine, évidemment. Lui dire, m'a soulagé d'un poids. Surtout que je n'ai vu aucun jugement dans son regard. Cela m'a fait un bien fou de ne voir aucune sanction, aucune critique. Il a été égal à lui-même, autant avec moi qu'avec Noham. Quant à son passé, je suis heureuse qu'il l'ait partagé avec moi. Maintenant, je comprends mieux certaines de ses réactions. Notamment celle qu'il a eu la première fois qu'il a vu les cicatrices qui ornent ma peau.

Mon cœur se serre douloureusement en pensant à ça. Pendant la soirée et la nuit, il n'a pas eu le temps de remarquer les dernières qui se sont ajoutées sur mon poignet. Ce n'est pas plus mal, je n'aurai probablement pas su gérer une crise comme celle de Rose. C'est trop dur de voir le mal que cela fait aux personnes qui m'entourent. Pourtant, j'ai bien conscience qu'il me faudra plus que ça pour ne jamais recommencer. Mes secrets n'ont pas encore tous éclatés au grand jour. Quand cela sera la cas, il faudra en assumer les conséquences. Malheureusement, je ne suis pas sûre de pouvoir encaisser les répercussions que cela aura.

Je secoue la tête, chassant le négatif de mon esprit. Pour l'instant, ce n'est pas arrivé. Il sera toujours temps d'y penser quand ce sera le cas.

Pour l'heure, j'espère seulement que Maximus ne parle à personne de ce que je lui ai confié. Le connaissant un peu, je pense qu'il le gardera pour lui. Ou à la rigueur, il tiendra Eliott informé. Ce qui, finalement, serait plutôt légitime. Il semble très amoureux de Rose, très attachée à elle. Il devrait donc rester un moment à ses côtés, et aux nôtres par la même occasion. Le mettre au courant pourrait nous faciliter la vie. Je note, dans un coin de mon cerveau, de lui en parler dès que possible. Après, par contre, il faudra taire l'information aux autres. Avec trop de personnes au courant, nous pourrions être en danger. Si les autorités viennent à savoir que je garde mon neveu alors que sa mère a disparu, ils viendraient le chercher. Ils l'emmèneraient à ses parents les plus proches, les miens. Avec leur notoriété, ils n'auraient aucun mal à récupérer la garde. De riches têtes pensantes face à une barmaid, il n'y a pas photo. Ils élèveraient alors Noham selon leurs règles. Ils lui retireraient la joie, l'espoir, le bonheur. Réduisant à néant ses rêves pour voir les leurs se réaliser. S'ils ont échoué avec nous, ils ne laisseront pas l'erreur se reproduire.