Embrase-moi Tome 2

Chapitre 12 Partie 2 - Elle

Une fois sortie de la station de métro, je prends le temps et savoure les rayons de soleil sur ma peau. L'air est chaud, légèrement suffocant, mais étrangement, cela me fait du bien. Je m'appuie sur une barrière non loin de moi puis ferme les yeux quelques secondes. La rue est plutôt calme, silencieuse, tranquille. La tension présente dans mon corps depuis plusieurs heures, redescends petit à petit. J'inspire profondément, bloque l'air puis souffle par le nez. Je prends du recul, la dispute avec Maximus me revient alors en mémoire. Nous avons été tellement loin. Trop, certainement. J'ai beau fouiller dans mon esprit, mon cœur, je n'arrive pas à faire le point sur mes sentiments. Ils se bousculent bien trop, se mélangent. La peur se transforme en colère, le désir en attachement, la déception en tristesse. L'être humain est bien complexe, tout comme ses réactions, ses émotions.

La vibration de mon téléphone me sort de mes pensées. Je soupire légèrement avant de fouiller dans mon sac. La photo de Rose apparaît à l'écran. Je me mords la lèvre alors que la rage recommence à se faire entendre. Mon cœur accélère, mes doigts tremblent autour de l'appareil. J'hésite à répondre. Je sais que si je le fais, je risque de m'énerver. Mais Noham est à la maison, il se peut qu'il y ait un problème. La vibration s'arrête pendant que je tergiverse.

Au moins un problème de résolu.

Je m'apprête à ranger mon portable quand celui-ci se remet à sonner. La face souriante de la blonde réapparaît sur l'écran. Cette fois, je ne perds pas de temps pour répondre.

— Allo,

— Athé, mais où es-tu ? Tu es partie de chez Maximus il y a plus de quarante-cinq minutes !

A l'entente du prénom du pompier, ma pression sanguine remonte en flèche. Il est donc allé se plaindre auprès de mon amie. Amie qui m'a d'ailleurs honteusement trahie. Mes poings se serrent alors que Rose continue de parler dans le téléphone.

— Stop, Rose ! J'arrive pas à croire que tu sois en train de m'engueuler après ce que tu as fait !

— Mais, je...

— Non, je ne veux rien entendre. Tu as dépassé les bornes. Je t'avais demandé de ne rien lui dire, je ne voulais pas qu'il s'en mêle. Ni toi, ni lui.

N'arrivant plus à gérer mes nerfs, je me décolle de la barrière et fais les cent pas dans la rue. Ma voix ne s'élève pas, pourtant, elle est très mauvaise. Au bout du fil, j'entends Rose soupirer. Elle sait que je suis en colère. D'ailleurs quand elle reprend la parole, son timbre est plus doux.

— Athénaïs, je suis désolée, mais j'ai fait ce que je pensais être le mieux.

— Tu te rends compte de ce qui aurait pu se passer ? Vous comprenez tous qu'ils ont mis leur vie en danger ? Que j'aurai pu le perdre ?

Je monte franchement dans les aigus sur la fin de ma phrase. J'ai un mal fou à garder mon calme, à ne pas m'énerver.

— Athé, écoute...

— Non, je suis fatiguée. Occupez-vous de Noham, je rentre plus tard.

Je raccroche sans lui laisser le temps de parler de nouveau. Je mets mon téléphone en silencieux et le cache au fin fond de mon sac. D'un pas rapide, je me dirige vers l'immeuble de « Sensuel ». Je n'arrive pas à croire qu'on en soit là. Pourquoi ne peuvent-ils pas comprendre le danger dans lequel ils se sont jetés ? Comment se fait-il que je sois la seule à voir ça ?

Quatre à quatre, je monte les marches avant de passer la porte d'entrée. Je fais un signe de main à Carine qui passe la tête par l'embrasure de son bureau. Je file dans la salle de sports puis balance mon sac dans un coin. J'ouvre le placard pour en sortir les bandages. Je m'assieds sur le banc et entreprend de les poser sur mes phalanges. Je grogne quand la bande glisse le long de mes doigts. Mes yeux commencent à me piquer signe que les larmes ne sont pas loin. Toute cette histoire retourne mon cerveau, serre mon cœur. L'appel de Rose est la cerise sur le gâteau. Elle qui d'habitude me comprend si bien, me trahit aujourd'hui. Je n'arrive pas à croire qu'ils aient pu me faire ça. Il faut que je me défoule, que je fasse sortir toute cette colère, cette frustration.