Chapitre 22

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Aux alentours de dix-huit heures, la famille Malcius se retrouva au grand complet. Marc et Matilda étaient rentrés dans l'après-midi, réjouis et reposés après leur week-end en amoureux. Au grand soulagement des enfants, ils ne prêtèrent pas attention aux œuvres d'art manquantes, ni à l'aménagement des pièces qui avait quelque peu changé depuis leur départ. Réunis dans le salon, ils bavardèrent un long moment, observant la nuit s'épaissir derrière les fenêtres. Un feu crépitait dans l'âtre de la cheminée et projetait sa lueur palpitante sur les résidents. La soirée se termina dans la cuisine où ils dînèrent un poulet aux écrevisses.

— Alors, Félix. Comment se passe la cohabitation avec ton Démécron ?

Le garçon cessa de mâcher son morceau de viande.

— Un Démécron ? Oh, non, je m'étais trompé. En réalité, c'est un Keïtos.

Matilda ne put réprimer une grimace.

— Un Keïtos ? répéta Marc.

— Je sais que vous vous attendiez à mieux. Je m'excuse si mon démon déshonore la famille.

— Enfin, mon chéri, intervint Matilda. Ne dis pas de telles sottises. Si Obane a décidé de t'accorder un Keïtos, ainsi soit-il. Nous n'avons aucunement le droit de nous opposer à son choix. Et puis, il y a pire, tu aurais pu être déchu.

Félix avala de travers. Une violente quinte de toux expulsa le morceau de poulet coincé dans son œsophage et le projeta sur le carrelage, à l'autre bout de la cuisine. Une limace démoniaque sortit d'un placard et le goba avant de s'enfuir à toute allure, déposant une traînée visqueuse dans son sillage.

— Alors c'est toi qui viens baver dans mon salon ! s'écria Matilda en la prenant en chasse.

Clément et Fleur gloussèrent.

— Quand est-ce que le mois de charité se termine ? demanda l'aîné.

— Encore six jours. On commence à en avoir ras le bol avec votre mère. À peine sommes-nous rentrés qu'une demi-douzaine de démons patientaient devant la porte. D'ailleurs, ils étaient bloqués dehors. Vous avez dessiné une tête de sanglier quelque part ?

Merde ! J'ai oublié de l'effacer, percuta Fleur.

— Une horde de démons a débarqué à la maison, expliqua Clément d'une voix faussement dépitée. Il y en avait tellement qu'on ne savait plus où donner de la tête. Il y en a même qui ont volé des tableaux dans le salon. Du coup, on a préféré jouer la sécurité et verrouiller l'accès à la maison le temps de les mater.

— Ah, je comprends mieux. Votre mère n'arrête pas de me dire qu'il manque des objets. Satanés démons, nous les accueillons, et voilà comment ils nous remercient !

Clément jeta un regard présomptueux à son frère et à sa sœur, l'air de dire "prenez-en de la graine"

*

Lorsque Marc et Matilda regagnèrent leur chambre, leurs enfants se retrouvèrent devant l'armoire permettant d'accéder à l'armurerie. À l'intérieur de la pièce, ils arpentèrent les étagères et sélectionnèrent les équipements propices à leur mission.

— Des cagoules ? On va les aider ou les braquer ? fit remarquer Félix.

— Crois-moi, mieux vaut agir incognito, répondit Fleur en saisissant un wakizashi. Prends une paire de gants aussi.

Les mains enfouies dans un sac en cuir, Clément trifouillait parmi des objets qui s'entrechoquaient en tintant. Il en sortit une chaîne aux maillons épais au bout de laquelle figurait un hameçon de la taille de son pied.

— Ce soir, on pêche le gros poisson.

La Famille Malcius - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant