Chapitre 47

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Gabriel avait disparu quelque part dans le manoir. Pendant ce temps, Valentine et Théo peaufinaient leur plan. Fleur les écoutait, assise sur le canapé. Et plus elle le faisait, moins elle se sentait prête à les suivre. Elle aurait dû rentrer à la maison avec son frère.

Gabriel retourna dans le salon, chargé de plaques matelassées qu'il distribua à chacun. Fleur découvrit avec horreur qu'il s'agissait de gilets pare-balles. Les Foladel s'en apprêtèrent dans une indifférence glaçante.

— Des gilets pare-balles, vraiment ? s'enquit Fleur d'une voix vacillante.

— Les sorciers utilisent souvent des armes à feu. Mieux vaut être prudent.

Théo inséra sa dague dans un emplacement de son gilet prévu à cet effet.

— On ne va pas les blesser, pas vrai ?

— Non, c'est simplement pour leur faire peur, lui assura-t-il.

Aucun des enfants Foladel ne prêtait attention à la détresse de Fleur. Ils étaient trop occupés à inspecter leur équipement, à lacer correctement leurs chaussures ou à serrer une lanière. Il y avait une rigueur militaire dans leur attitude, dans leurs gestes, et si l'idée d'être encadrée par des professionnels pouvait rassurer Fleur, l'engouement dont ils faisaient preuve produisait l'effet inverse. C'était la première fois qu'elle voyait Gabriel sourire. La première fois qu'elle les voyait tous s'entendre aussi bien. Les Foladel étaient faits pour ça.

— Tout le monde est prêt ? Ok. On y va.

Ils accédèrent au garage et Valentine ouvrit la porte battante donnant sur la cour. Gabriel se glissa derrière le volant d'une voiture et tourna les clés dans le contact. Le moteur démarré, les autres prirent place dans l'habitacle. Une poignée de secondes plus tard, les adolescents roulaient sur une route isolée de Saint-Mérand.

Fleur, assise sur la banquette arrière, vit ses camarades enfiler un bonnet noir. Théo se pencha vers elle et tapota son gilet pare-balles au niveau de la poitrine.

— Il y a une cagoule dans cette poche. Mets-la sur ta tête, mais ne l'abaisse pas. On le fera au dernier moment.

Entre la nausée et les sueurs froides, Fleur n'arrivait plus à mettre de l'ordre dans ses idées. Si, à un moment donné, elle avait sciemment pris part au projet de ses comparses, elle se contentait désormais de suivre le courant, quitte à dériver. Elle était comme envoutée, emportée par les évènements.

— On arrive dans trois minutes, annonça Gabriel. Baissez vos cagoules.

Valentine et Théo s'exécutèrent. Fleur également, mais avec plusieurs secondes de retard.

La voiture fut garée le long d'une rue plongée dans l'obscurité. Les portières couinèrent simultanément. Théo, en tête de file, apparut le premier dans la rue principale du quartier. Il invoqua son démon et éteignit tous les réverbères. Dix secondes plus tard, Valentine levait le poing pour toquer à la porte d'une maison.

Trois coups secs.

La voix d'une femme résonna dans le vestibule.

— ...heure pareille...Oui...J'arrive.

La porte fut déverrouillée. Valentine n'attendit pas qu'on l'invite à entrer. Elle tourna la poignée et fit irruption dans la maison. La propriétaire se retrouva nez à nez avec la gueule arrondie d'un Smith & Wesson 357. Magnum et se pétrifia instantanément. Ses lèvres s'ouvrirent sans libérer le moindre son. Elle avait les yeux exorbités, le menton tremblant. Elle portait une robe de chambre banale et une paire de pantoufles usées.

Valentine la tint en respect avec son arme. Elle posa un doigt sur ses lèvres pour lui intimer le silence, lui fit signe de reculer et s'avança dans le vestibule. Gabriel, Théo et Fleur lui emboitèrent le pas.

La Famille Malcius - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant