Chapitre 14

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En arrivant au rez-de-chaussée, Max intercepta Félix et l'entraîna au cœur de la fête. Le garçon s'excusa auprès de Maeva et lui promit de la rejoindre aussi vite que possible.

Dans le salon, la musique faisait vibrer les murs et les invités se trémoussaient avec désordre. Clément jouait au beer-pong avec ses anciens camarades de classe et, d'un geste de la main, il invita son frère et ses amis à rejoindre son équipe.

— Allez, je compte sur vous pour gagner. Hors de question de laisser la victoire à ces blaireaux.

En face, leurs adversaires les lorgnaient avec colère. À en juger leur ensemble de survêtements, ils faisaient partie de l'équipe de football du lycée et Félix s'interrogea sur les raisons de leur présence. Puis, il comprit que Fleur avait invité le garçon pour qui elle en pinçait et que ce dernier devait être venu avec ses amis. D'ailleurs, où est-ce qu'elle était passée, Fleur ?

*

La vessie de Bastien était sur le point d'exploser. Il essaya d'accéder aux toilettes, mais rien à faire, quelqu'un s'était enfermé dedans. Sans plus attendre, il grimpa les escaliers et chercha celles du premier étage, si toutefois il y en avait. La chance lui sourit et la première porte qu'il ouvrit donna sur une salle de bain avec toilettes. Il se soulagea rapidement et se lava les mains. En sortant, il tomba nez à nez avec Fleur qui terminait d'accrocher ses boucles d'oreilles dans le couloir. Elle avait troqué son jogging et son sweat pour une robe noire à dentelles.

Durant plusieurs secondes, ils s'étudièrent mutuellement et finirent par échanger un regard surpris.

— J'étais... aux toilettes, expliqua Bastien.

Le rouge lui monta aux joues.

— Oui, j'imagine que tu y étais.

Fleur déglutit, ne sachant trop quoi dire elle non plus.

Les marches de l'escalier grincèrent et un joueur de l'équipe de football apparut au bout du couloir.

— Tu es splendide, s'exclama le garçon.

Fleur ne l'entendit pas tout de suite. Le souffle court, elle clignait fébrilement des paupières. Sa rencontre avec Bastien l'embarrassait sans qu'elle ne sache trop pourquoi. Enlisé dans cet échange mutique, son esprit se raviva soudain. Elle se tourna vers son ami et, lui souriant, se joignit à lui.

— Allons boire un verre, dit-elle en l'entraînant dans les virages de l'escalier.

*

Max tira et la balle en plastique termina sa course dans un verre adverse. Des acclamations accompagnèrent son geste. Encore un lancer réussi et il ferait gagner son équipe.

Face à lui, les joueurs de l'équipe de football semblaient contenir leur rage et Félix se demanda ce qui pouvait bien les mettre en rogne.

— Clément, c'est moi ou ces types ont une dent contre nous ?

Un sourire dantesque se dessina sur les lèvres de son grand frère. Il se pencha pour n'être entendu que de Félix et lui confia :

— C'est parce que j'ai piqué leur copine.

— Mais, ils vont te trucider ! s'étrangla Félix.

Clément éleva la voix.

— Le capitaine de leur équipe a le béguin pour notre frangine. Il a donc demandé à ses petits camarades de bien se comporter ce soir. N'est-ce pas ?

Les sportifs lui lancèrent des regards noirs.

Concentré dans son jeu, Max retint son souffle et tira la balle tandis que plusieurs dizaines d'étudiants l'observaient. Il décrocha la victoire en marquant le dernier point et des applaudissements résonnèrent dans le salon pour féliciter son lancer.

À vingt-trois heures trente, la fête battait son plein. Les casse-cous se retrouvèrent sur le parquet du salon et dansèrent en gesticulant dans tous les sens. Félix remuait la tête sur la musique lorsqu'il se souvint de la promesse qu'il avait faite à Maeva, celle de la rejoindre au plus vite. Sauf que deux heures étaient passées sans qu'il ne l'ait croisée. Il la chercha dans le manoir et la trouva dans la cuisine, en pleine discussion avec un membre de l'équipe de football. Pas très à l'aise, Félix essaya d'attirer son attention en levant le bras. Maeva l'ignora. Le garçon prit son courage à deux mains – l'alcool l'y aidant – et vint à sa rencontre.

— Tu m'en veux ? osa-t-il.

Maeva se détourna de son interlocuteur et le contempla d'un air sévère.

— Non, pas le moins du monde, dit-elle sèchement.

— Je suis désolé, Max est arrivé et...

Le footballeur s'avança pour lui barrer la route, profitant de sa corpulence imposante pour l'impressionner.

— Je crois qu'elle n'a pas envie de te parler.

— Je n'ai jamais dit ça, répliqua Maeva.

Le garçon fit mine de n'avoir rien entendu et repoussa Félix. Son geste ne fut pas particulièrement violent, pourtant il suffit à lui faire perdre l'équilibre. Félix manqua de tomber à la renverse et se retint de justesse à la gazinière. Avant même de s'être redressé, il sonda la cuisine pour vérifier que sa sœur n'était pas dans les parages.

— C'est quoi le problème ? Tes petits copains ne sont pas là pour te défendre ?

— Fous-lui la paix, s'écria Maeva.

Décidé à lui prouver qu'il ne craignait rien ni personne dans cette maison, le garçon chercha à le bousculer une nouvelle fois. Il leva les mains, prêt à lui frapper le buste de ses paumes, lorsque ses poignets vrillèrent brusquement, provoquant un craquement sinistre. Un hurlement de douleur sortit de sa gorge.

Félix tourna la tête et découvrit sa sœur, le visage crispé par la fureur.

La Famille Malcius - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant