Chapitre 24

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Guidés par le faisceau de leur lampe torche, Valentine et Clément s'infiltrèrent dans la maison en passant par une baie vitrée. Contrairement à l'équipe précédente, ils n'éprouvèrent aucune difficulté à utiliser leur démon et l'étape de la serrure verrouillée fut franchie en un rien de temps. À présent, ils cherchaient la chambre de l'adolescent.

— Utilise ton démon et fais-en sorte que personne ne se réveille, lui suggéra Clément.

Valentine refusa en secouant la tête.

— Si jamais l'Administration se mêle de cette histoire, ils pourront remonter jusqu'à moi. Je vais éviter d'utiliser mon démon plus que nécessaire.

— Remonter jusqu'à toi ? s'enquit le garçon.

— Le département des investigations dispose d'enquêteurs redoutables. Ils seraient capables de retrouver la date exacte à laquelle tu as utilisé ton démon pour la première fois. Ces gens-là sont des malades.

— Je vois.

Clément marcha jusqu'à la salle à manger. Sur une table en bois, il trouva un plateau rempli de gâteaux secs. Sans gêne, il en piocha une poignée. Valentine le fusilla du regard.

— On n'est pas venus là pour manger des gâteaux !

Sa voix, réduite en un murmure, sifflait dans les airs.

— J'allie l'utile à l'agréable.

Il continua son inspection de la pièce, les yeux plissés pour mieux percer l'obscurité. Son sixième sens, celui du soûlard, s'activa lorsqu'une armoire métallique attira son attention. Délicatement, il l'ouvrit pour en étudier le contenu.

Bingo !

Ses doigts s'enroulèrent autour d'une bouteille de Rhum qu'il débouchonna.

— Arrête tes conneries. Range ça... C'est du rhum arrangé ? releva la jeune femme, ses narines chatouillées par les effluves sucrés.

Clément s'assit sur le sol, bientôt rejoint par Valentine, et tous les deux s'adossèrent à l'armoire. À voix basse, ils se lancèrent dans un « je n'ai jamais » et échangèrent la bouteille à tour de rôle.

— Je n'ai jamais... mangé de sushi, murmura Valentine.

— C'est possible, ça ?

La jeune femme confirma. Clément but une gorgée avant de continuer leur jeu.

— Je n'ai jamais trié les poubelles.

— Honte à toi, sourit Valentine en avalant une nouvelle gorgée.

Ils continuèrent leur jeu jusqu'à terminer le rhum puis rangèrent la bouteille au même endroit. Ensuite, ils parcoururent le rez-de-chaussée et sondèrent les pièces les unes après les autres, la démarche plus lente qu'à l'ordinaire. Lorsqu'ils accédèrent à la chambre de leur cible, ils lui versèrent deux gouttes de lait caillé sur le front, mais aucune réaction ne se produisit. Celui-ci n'était pas possédé.

Les volets de la fenêtre n'étaient pas fermés et la lune irradiait la chambre de sa clarté fantomatique. Caressés par la lumière froide, Clément et Valentine se contemplèrent, les yeux animés d'une lueur palpitante. Cela faisait trente secondes qu'ils auraient dû déguerpir, pourtant, aucun des deux ne bougea. Dans leur ventre, une drôle de sensation les chatouillait. C'était agréable.

Valentine déglutit. Clément avança d'un pas et l'embrassa. D'abord surprise, la jeune femme se laissa faire avant de s'investir dans l'échange langoureux. Le baiser devint fougueux et leur corps s'enlacèrent. Clément fit basculer Valentine sur le lit et ils s'allongèrent l'un sur l'autre.

Le garçon qu'ils étaient supposés secourir émergea de son sommeil.

— Hé ! Qu'est-ce que vous faites ? s'écria-t-il.

Valentine claqua des doigts et il se rendormit dans la seconde. Clément le poussa du lit et le laissa tomber sur le sol pour libérer la place.

Valentine déshabilla Clément, puis les rôles s'inversèrent. 

La Famille Malcius - Tome 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant