Chapitre 22

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† Alan †

Si je devais expliquer la situation je dirais qu'après un échange de 5 minutes et la promesse d'un repas dans le restaurant de ma mère, j'ai tout simplement réussi à convaincre Lou de m'accompagner. 

Nous sommes sur le quai et nous attendons le prochain train en s'abritant du mieux qu'on peut derrière un panneau d'affichage.

Le soleil entame doucement son chemin et la nuit ne va pas tarder à tombée.

- J'espère que le train ne va pas être bloqué cette fois-ci. Je marmonne en regardant mes bottes.

J'ai à peine pris le temps de me préparer, je ne suis ni coiffé ni habillé de façon logique. Lou non plus n'a pas la même apparence qu'à son habitude. Ses cheveux blonds ne sont pas bouclés et elle n'a pas de maquillage.

- Oui j'espère aussi. Elle me réponds en scrutant son portable.

Je crois qu'elle a acceptée de me suivre sous un coup de nerfs. Elle avait l'air en colère tout à l'heure. 

- Tu as des problèmes avec ta copine ? Je tente une approche maladroite en rapant mes pompes contre le béton.

- on peut dire ça... Sa voix est très basse, se perdant dans le brouhaha de la gare, je peine à l'entendre.

Quand le train arrive en gare Lou se tortille les doigts en fixant le passage de sortie du quai. Je crois qu'elle hésite à s'en aller. 

C'est vrai que ma proposition était inattendue, mais Tayler refuse de revenir dans notre ancienne ville et je n'avais pas le courage de partir seul.

- T'es pas obligée de venir tu sais, c'est pas un enlèvement. Je parle fort pour ne pas être inaudible à cause du vacarne du véhicule sur rails.

Elle répond par un simple mouvement de tête et s'introduit dans le train dès que celui-ci est accessible. Je lui emboîte le pas avec un rictus léger.

Une fois dans le couloir du wagon je me stoppe devant les premières places libres, Lou arque un sourcil.

- T'as le mal des transports, prends la place vers la vitre. 

Je remarque son étonnement un petit instant dans son regard avant qu'elle se faufile en collant son sac contre son torse.

Je prends place à côté d'elle et le train démarre...

Durant le trajet je nous surprends à discuter avec simplicité de l'écriture, de l'art et des sujets qui ne passionnent que les étudiants en Lettre ou en art. Sa culture est impressionnante, elle gère sur les caractéristiques de l'écriture dans l'histoire.

- T'es plutôt cool comme voisine de palier ! Je m'esclaffe bruyamment. 

Elle rit à son tour mais notre amusement est coupé par le message sonore au dessus de nous, nous arrivons. C'est passé si vite.

En sortant je m'empresse de fermer ma veste et la petite blonde lâche un petit cri de désapprobation... Le vent est si violent qu'il pousse tous les voyageurs à l'extérieur de la gare.

- Bon sang, je plisse les yeux, c'est l'apocalypse ce soir... 

- J'espère que ta mère va bien. 

Elle marche juste à côté de moi, son regard fixant la rue vide devant nous.

J'hoche la tête et accélère la marche. Ma mère n'est pas du genre à se mettre sur silence radio plus de deux jours, alors oui, moi aussi j'espère qu'elle va bien.

Après 10 minutes de marche nous sommes devant la devanture du restaurant de ma mère mais tout est clos. Pourtant en week-end c'est censé être ouvert.

- Je vais attendre ici... Bafouille Lou quand je sors mon trousseau de clés.

- Avec un temps pareil ? Tu vas te faire emportée par le vent, aller entre. J'ouvre la porte et l'a maintient ouverte le temps qu'elle entre.

Je traverse le restaurant et prends le chemin vers l'étage où se trouve l'endroit de vie.

Je monte les marches quatres à quatres en entendant Lou me suivre.

J'ouvre et ma tension se stabilise aussitôt.

Ma mère est assise sur le divan devant la télé avec une couverture sur elle.

- Tayler ? Elle sursaute.

- Maman, je détend ma mâchoire, tu m'as foutu la trouille de ma vie...

- Oh Alan, avec tes cheveux en bataille et ton visage pâle j'ai crû que c'était Tayler qui daignait enfin me rendre visite. Elle enfile des lunettes et balance ses cheveux poivre et sel en arrière.

- Pourquoi tu répondais pas ? Je râle.

- La ville à une panne de réseau depuis le début de la semaine, j'en profite pour prendre une semaine de repos bien mérité, tu sais depuis que ton père ne m'aide plus pour le restaurant je passe ma vie dedans...

- Mais tu vas bien ? J'insiste.

- J'ai deux fils de 20 ans qui réussissent dans la vie, un restaurant qui tourne et une santé de feu, elle rit, donc oui.

Je pivote ma tête vers Lou qui est restée cloîtrée dans l'entrée, invisible aux yeux de ma mère. 

C'est pas si mal qu'elle ne se montre pas...

- Je vais passer la nuit ici, j'informe ma mère, repose toi maman...

Je quitte le salon et retourne dans les escaliers pour monter à l'étage suivant. 

C'est des combles transformées en deux chambres par mon père pour Tayler et moi quand nous étions gamins.

- Alors, tout va bien. Chuchote Lou en arrivant doucement.

- Ouais, merci d'être venue, c'était vraiment sympa. Je lui parle à voix basse également.

Elle sourit et tout bascule autour de moi quand elle se hisse sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur mes lèvres.

- Tu me dois un repas... Elle souffle en plongeant ses yeux dans les miens.

Je... Je suis en plein rêve.

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