Perdue

Chapitre 10

† Alan †

Je viens tout juste de sortir du train. Hier j'ai traîner au café pour aider ma mère et au final j'ai choisi de rentrer au premier train le lendemain.

Il est 07h15 quand j'arrive devant la Share house et ma tension grimpe déjà. Tayler est assis sur les marches de la résidence avec une dégaine que je connais trop bien. Il est ivre. 

- Alors pourquoi tu rentres que maintenant ? Il m'interroge sans lever les yeux vers moi.

- Maman avait besoin d'un coup de main, la prochaine fois tu devrais venir aussi. 

- Non sans façon ça va. Il rote bruyamment.

Cette classe... Il est déprimant. Je lève les yeux au ciel en me demandant pourquoi il agit de la sorte... Il a beau être mon frère jumeau, je ne le comprend plus ces dernières années.

Je regarde en haut des escaliers quand un bruit de serrure attire mon attention. C'est la coloc de Lou qui sort les poubelles. Son style vestimentaire est étonnant, enfin je dois bien reconnaître que c'est pas la première fois que je croise une fille au look de garçon manqué mais elle, elle met la barre bien haute. J'ai même cru que c'était un gars au premier coup d'œil. Je l'observe faire son aller-retour sans lever les yeux vers nous. J'espère que Tayler n'a pas été trop pénible à vivre ce weekend. 

- Alors ce weekend ? Je dépose mon sac à mes pieds.

- Il me faut un paquet de clopes. Il répond en souriant nerveusement.

Il ne me demande même pas comment va notre mère, ni comment s'est passé mon weekend. En même temps je ne pensais pas lui dire pour ma rencontre nocturne avec Lou...

Je fronce les sourcils en le jaugeant avec un air grave. Pourquoi il tire cette tête ? 

Sentant que je le scrute il soupire et me balance un paquet vide entre les mains. Je regarde le petit rectangle cartonné et lâche une grimace en comprennant qu'il ne s'agit pas du sien. 

- Bon, tu les as volées à qui ? Je croise les bras.

- Au Tomboy de notre étage. Elle veut un remboursement total du paquet donc il me faut de la thune. 

Super. C'est toujours comme ça avec lui, il fait les choses sans réfléchir aux conséquences. Son comportement m'épuise mais j'ai fini par m'habituer à ses conneries, comme le fait qu'il soit ivre mort avant 8h00 du matin. Je hoche la tête en montant dans la résidence, le laissant dégriser seul. 

Une fois à l'intérieur je retire ma veste en regardant vers la fermeture éclair. Lou s'est accrochée à moi tellement fort samedi soir qu'elle a laisser des marques d'ongles...

Elle était terrifiée. Et je comprends complètement. Ces types étaient des crapules de la pire espèce, ceux qui traînent en meute et qui agressent seulement les filles seules. 

J'ai d'abord hésité à intervenir mais je crois à l'effet papillon, il fallait mieux s'en mêler. 

En montant à l'étage je tombe à nouveau nez à nez avec Clem. Décidément dès que je veux monter elle veut descendre au même moment. Je lui dit bonjour et elle répond par un simple hochement de tête.

Elle doit être en colère à cause du vol de ses cigarettes. Tayler exagère...

Bon ! 
Il faut que je dépose mon sac en espérant que mon frère n'est pas transformé la chambre en porcherie durant mon absence. En entrant je suis surpris, il a mis du bordel seulement de son côté de la chambre. C'est au moins ça de gagné. Je dépose mon sac sur le lit et regarde ce qui trône sur celui de Tayler. 

Il y a un paquet de gâteaux, une bouteille de whisky vide et des feuilles froissées. 

Je crois que je comprends pourquoi il a bu quand je vois qu'il s'agit de notes aléatoire. 

Il a encore essayé d'écrire.

Je secoue la tête en vidant l'air de mes poumons. Ça fait des années qu'il essaie d'écrire mais son talent c'est le chant et pas le travail qu'il y a avant. Quand nous avions 13 ans je me suis orienté sur la composition en école de musique et lui voulait faire pareil mais ses problèmes de discipline lui ont barrés la route. C'est à partir de là qu'il a commencé à se renfermer je pense. Il est devenu froid et son comportement s'est aggravé mais nous arrivions quand même à discuter. Maintenant je n'arrive plus à échanger une simple conversation sans que le ton monte entre nous.

- qu'est-ce que tu fous ? Il chuchote en soufflant dans mon oreille.

Je me retourne en sursautant, il marche à pas de loup et je ne l'avais pas entendu entrer dans la chambre. Mon sursaut l'a fait rire aux éclats.

- Merde Tayler !!! Je grogne.

- Putain mais détends-toi un peu !! Bon tu peux me passer 20 € avant que l'autre ne devienne insupportable ? 

- Pour les cigarettes tu n'as pas besoin d'autant d'argent. 

- Bon t'as fini de te prendre pour papa ?! Un paquet pour moi et un paquet pour elle. Sinon c'est le serpent qui se mord la queue... Il rigole en mimant un serpent. 

L'alcool ça ne lui réussit pas du tout. Il retombe dans une adolescence cliché dès qu'il boit un verre. Je sais qu'il s'en rend compte donc ça me dégoûte encore plus... 

- Tiens. Je lui tend un billet de 20€.

- cool... Il quitte la chambre en titubant. 

C'est idiot n'a même pas fermer la porte. 

Il est fatiguant !!! J'avance à l'entrée de la chambre, je suis sur le point de la claquer fermement mais mes yeux tombent sur Lou dans le corridor.

Elle se crispe en me voyant et baisse les yeux.

- Tu vas mieux ?

- O..oui merci...

- Tant mieux alors. Je lui lâche un petit sourire.

Notre échange est vite coupée par sa colocataire qui l'a tire par la main avant de lui chuchoter je ne sais quoi dans l'oreille. Elles me paraissent bien proches pour de simples colocataire... Hm.
Après tout ce ne sont pas mes affaires.
 
Je me pose quelques minutes avant de récupérer mes affaires pour la douche. Le fait que les douches soient au rez-de-chaussée c'est pas vraiment pratique. Être obligé de se trimballer avec sa serviette au milieu des couloirs comme au camping c'est pas ma tasse de thé mais nous manquions d'argent pour prendre un appartement classique.

Je prends donc le chemin jusqu'à la salle de bain commune quand mon trajet est coupé par le corps de mon frère. Dites-moi que je fais un cauchemar...

Accroupi, il est en train de vomir tripes et boyaux dans les escaliers et le billet flotte en plein milieu.

Je soupire longuement avant de lui donner un coup de pieds dans les côtes.

- Mais... Quelle idée de boire autant aussi ! Regarde-toi maintenant !!! Tu vas nettoyer et tu vas aller dormir, on bossera demain. 

Mon ton cinglant l'a fait rire ironiquement mais je ne suis pas d'humeur. 

Il fini par se redresser tant bien que mal avant de cracher le plus gracieusement possible. Son visage est pâle et son nez coule.

Dire que je ressemble à ce mec...

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