Chapitre ²

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Ce que je préfère le moins au monde c'est d'être réveillée un samedi matin.

Pour moi c'est la seule journée où je me permets une grasse matinée, le reste du temps je me lève à 7h30 pour commencer le dessin. 

Alors mon humeur est au plus bas quand je suis réveillée en même temps que Lou par un vacarne venant du couloir. 

Lou se traîne hors du lit en mettant le haut de son pyjama qu'elle a quitté durant la nuit avant d'ouvrir la porte d'entrée de notre chambre. 

Prise de colère je fais de même en enfilant mon jogging rapidement et passe ma tête dans l'encadrement de la porte pour comprendre d'où vient tout ce bruit. 

Mon jogging est froissé, mes cheveux sont emmêlés et l'une des bretelles de ma brassière me tombe le long de l'épaule. 

Dans le couloir, un homme d'une cinquantaine d'années me fixe avec un regard calculateur. Il tient dans chacune de ses mains deux valises de petites tailles qu'il pose contre le carrelage du corridor en reprenant quelque peu son souffle. 

- Excusez-moi pour le bruit jeune homme, je viens de faire tomber un carton de vaisselle... Il se justifie rapidement en replaçant ses cheveux grisonnant en arrière.

Lou, qui est toujours dans la chambre lâche un petit rire étouffé en cognant la partie de mon corps qui est toujours à l'intérieur de l'espace de nuit.

Je sais très bien la raison de son rire, une fois de plus on vient de me prendre pour un homme. C'est quelque chose qui arrive assez fréquemment je dois dire.

Avec mes 1m70 et mon manque particulier de formes il n'est pas étonnant qu'on me prenne pour un garçon au premier coup d'œil, surtout quand je viens de sortir du lit...

- Ce n'est pas grave,  je me dégraisse la gorge avant de continuer, Que faites-vous au juste ? 

En entendant le son de ma voix l'homme perd ses couleurs, il vient certainement de se rendre contre qu'il n'est pas face à un jeune garçon mais bien à une femme de mauvaise humeur.

- Je dépose les valises des nouveaux locataires, ils viennent dès demain normalement. Explique t-il en désignant la porte de la chambre 1B.

Lou me tire vers elle et referme la porte au nez de l'homme qui ne doit rien y comprendre.

Elle se chiffonne les cheveux et gonfle les joues théâtralement en me tenant par les deux bras. Avec la tête légèrement inclinée en avant je la regarde dans les yeux avec l'arcade sourcilière levée.

- Bah quoi ? 

- Clem, ça veut dire qu'on va avoir des voisins de palier ?? S'exclame t-elle en me secouant dans tous les sens.

Sans quitter mon expression neutre je comprends son affolement, en effet si nous sommes dans cette maison partagée c'est parce que l'entente avec nos anciens voisins de chambre était un peu chaotique.

Je l'attrape un peu violemment et la colle contre moi, déposant un petit baiser sur son front. 

- avec de la chance on ne les verra pas. Je chuchote au creux de son oreille. 

Elle hoche la tête et soupire longuement, ses yeux sont noircis par le maquillage de la veille qu'elle n'a pas retirer. 

Perdue dans ses yeux couleur océan elle se remet à rire. 

- Le monsieur a cru que tu étais un homme...

- Je l'emmerde. Je ricane en levant les épaules.

 Une petite heure plus tard je suis dans la cuisine en train de faire des crêpes alors que Lou est sous la douche de la résidence.

Ce matin je ne suis pas seule dans l'espace commun, le locataire du 1A est installé devant la télévision et regarde une émission sur l'histoire du cinéma.

Son apparence est classique. Petit mec avec une petite carrure, les cheveux bouclés ondulant sur le haut de son crâne et une paire de lunettes rectangulaire. Nous échangeons seulement des bonjour par politesse et ça s'arrête là, j'ai beau être à la Share house du matin au soir, je n'ai pas vraiment envie de faire ami-ami avec eux.

Une fois ma pile de crêpes assez grande j'ouvre le frigo et récupère deux yaourts nature.

Assiette dans une main, yaourts et couverts dans l'autre je me dirige au ralenti jusqu'à la terrasse que seul Lou et moi utilisons.

Je dépose le tout et attends que ma belle blonde arrive, et ça peut mettre du temps. Même si aujourd'hui elle ne compte pas sortir elle met toujours un temps fou à se préparer mais je ne vais pas m'en plaindre, j'aime quand elle s'apprête.

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PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant