Chapitre 12

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★ Clem★ 

Nous sommes en chemin vers l'école de littérature de Lou. Nous marchons lentement en nous tenant par la main. Elle ne dit rien, regardant ses pieds avec un regard lointain...

Je me demande pourquoi elle est aussi silencieuse depuis son retour hier soir. 

Elle qui, normalement me parle pendant des heures des évènements passés avec ses parents. J'espère de tout cœur qu'elle ne s'est pas disputer avec eux pendant le weekend...

Je sais que notre relation pose problème à son père même si il fait mine du contraire. Et Lou le sait aussi bien que moi.

Je resserre ma main sur la sienne quand nous arrivons devant le bâtiment de son école. 

- Lou t'es sûr que ça va ? Je lui chuchote.

- O.ouais juste fatiguée... À tout à l'heure. Elle se hisse sur la pointe des pieds et dépose un petit bisou sur le coin de mes lèvres avant de s'engouffrer dans le bâtiment principal.

Elle m'inquiète. J'espère que je n'ai rien fait de mal... C'est vrai que depuis quelques semaines je passe énormément de temps à dessiner et j'ai pas été très présente pour elle. Il faut que je rattrape le coup.

Je fais demi-tour en direction de la Share house en pianotant sur mon écran tactile, proposant à Lou de sortir un soir cette semaine.

 Elle n'a pas perdue de temps pour me répondre qu'elle était partante. 

Je sais que je peux être étouffante quand je sors de ma bulle, depuis que nous sommes en couple je l'a surprotège sans vraiment m'en rendre compte. C'est ma princesse et je veux qu'elle soit heureuse. 

Quand elle était avec Jason elle ne l'était pas et je pense que c'est ça qui me pousse à être là pour elle. 

Quand je suis de retour dans la Share house j'ai directement le réflexe de regarder au niveau des escaliers. Tout est propre, le sceau et la serpillière ont disparus et une odeur de javel recouvre tout le rez-de-chaussée. 

 Je laisse échapper un soupir en montant les marches jusqu'à la chambre. Je suis soulagée de voir la porte 1B fermée, avec de la chance les jumeaux maléfiques sont de sortie pour la journée. 

Le cinéma de tout à l'heure était vraiment désespérant... Voir le mec vomir d'ivresse dès 8h00 du matin puis le second s'excuser comme si il était son père, on ne pouvait pas faire mieux même en faisant exprès.

En entrant dans ma chambre je retire aussitôt mes baskets avant de vider mes poches sur le bureau.

Mes yeux tombent naturellement sur un paquet de cigarettes...

Perplexe je l'attrape et comprends qu'il est plein. 

Deux sentiments très différents me secoue. Premièrement c'est agréable de voir que l'abruti à tenu parole et m'a rembourser comme promis mais de l'autre je n'apprécie pas du tout que le paquet soit posé sur mon bureau. Ça veut dire qu'il est rentrer sans avoir demandé avant...

Je chasse mon agacement et m'installe robotiquement pour finir ma planche de dessin en vitesse. Mes doigts s'engourdissent après quelques heures à gratter avec le crayon à papier. Ça ira pour aujourd'hui !! 

Je m'étire en envoyant ma tignasse brune en arrière et fait craquer mes phalanges dans un bruit sanglant avant de mettre mes chaussons. Je garde ma veste par flemme de mettre mon peignoir, et puis avec mon t-shirt blanc ça passe mieux.
Il est temps de me faire à manger. Lou mange dans son école en semaine donc j'ai pris l'habitude de me faire des trucs rapidement.

En descendant mon oreille capte un son qui semble venir du sous sol. Je fronce les sourcils et ouvre la porte qui mène au niveau inférieur. Il y a de la musique... 

Curieuse je m'y traîne en silence et jette un regard au studio d'enregistrement. 

À travers la vitre je découvre une pièce bien éclairée avec une table de mixage immense et une cabine de son, et à son centre, le nouveau voisin.

D'ici je n'arrive pas à savoir de qui il s'agit entre les deux alors je m'avance un peu plus. 

C'est le vomito, ses manches sont relevées et laissent apparaîtrent ses tatouages...

L'autre n'en a pas. J'y est remarquée rapidement.

Je m'adosse contre le mur et observe en silence. Tayler, ce mec prend beaucoup de place pour un seul homme. Jusqu'à présent je n'avais jamais autant croisé quelqu'un dans cette résidence.

D'un œil attentif je regarde ce qu'il fabrique. Il à l'air de brancher  un micro... Et mon hypothèse se confirme quand il commence à chanter.

J'ai d'abord retenu un rire par surprise mais je suis vite prise de frissons en écoutant les paroles...

La mélodie lancée est très calme et lui chante par dessus avec un rythme soutenu et légèrement rapper. 

"Oui, les longues nuits sont le pire pour moi. Elles font ressortir le pire en moi

L’esprit tourne à plein régime, j’ai l’impression que ça fait mal de réfléchir
Si c’est tout ce que je voulais, je n’en veux pas, il me faut plus que ça
Toutes les croyances essentielles
Et chaque matin, je me réveille en ayant l’impression de ne pas en valoir la peine parce que je suis en guerre avec la paix .. " 

Je ne le regarde pas, j'écoute avec une drôle de sensation. C'est comme si j'étais liée au texte... C'est très fort.

En finissant par relever la tête mon corps se tend. Tayler a les yeux figés sur moi sans pour autant cesser de chanter. 

Embarrassée d'avoir été vue en train de l'observer je me précipite dans les escaliers. 

- Alors ? On espionne ? Il lance quand je suis en haut des marches.

- Non non. Je réponds sèchement.

- C'était..si dur de chanter...je... Il se stoppe à quelques marches en dessous de la mienne.

- C'était du bon boulot. J'avoue en mettant mes mains dans mes poches avec un air détaché.

Sous mon regard perdu il cache son visage avec son bras et laisse sortir ce qu'y ressemble à un sanglot. 
Je ne suis pas très branchée musique, pour moi c'est le dessin et rien d'autre mais je sais qu'en dessinant, certains artistes en viennent à pleurer...

- Eu...ça va ? Je pose ma main sur son épaule par empathie. 

Il retire son bras et je comprends qu'il est tout simplement en train de se foutre de moi. Il arbore un sourire moqueur et je m'empresse de retirer ma main.

- Tss.. Il secoue la tête et me double pour remonter au rez-de-chaussée. 

Mais... Mais merde !!! 
C'est pas possible d'être aussi nonchalant.

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PerdueOù les histoires vivent. Découvrez maintenant