Perdue

Chapitre 18

★ Lou ★

Les heures de cours étaient longues aujourd'hui, la dernière nuit m'a semblée bien courte à côté.

Je sors de classe en traînant des pieds, j'ai deux devoirs à rendre pour la semaine prochaine sur l'art de l'écriture ancienne et ça m'épuise déjà.

En sortant de l'établissement je jette un coup d'œil autour de moi, espérant trouver Clem mais elle n'est pas là. À tous les coups elle doit être dans la chambre, perdue dans ses dessins. J'hésite à lui envoyer un message mais je me ravise et prends le chemin pour rentrer.

En longeant la route bruyante j'aperçois un attroupement devant moi, plusieurs personnes bloquent le passage qui mène au parc sportif du quartier. Je me faufile en m'excusant au près des personnes qui s'écartent mais mon parcours s'arrête brusquement.

Quelqu'un vient de me retenir par le bras.

- Lou, c'est toi ? 

Je me retourne et mes yeux s'agrandissent quand je découvre la personne devant moi.

Jason...

Que fait-il ici ? Dans cette ville ?

- Ha bah c'est une sacrée surprise ! Il rit en nous écartant de l'attroupement.

Pour moi c'est une mauvaise surprise. 

Je ne l'ai pas vu depuis le lycée, depuis que je suis en couple avec Clem. 

- T'es devenue muette ?! Réponds bon sang !

Son sourire s'est estompé rapidement. Je retrouve le visage de mon ex copain. Un gars froid et agressif... 

Physiquement il n'a pas changé. Grand blond aux cheveux courts et une carrure imposante. Une carrure de joueur de baseball...

- Je suis pressée, alors... Bonne journée. 

- T'es sérieuse ? Tu me demande même pas comment je vais ? Pff, il fait craquer ses doigts, ça te réussi pas de sortir avec cette connasse de Clem...

- Pardon ?? Je fronce les sourcils et plonge mes yeux dans les siens.

Il sourit à pleines dents. Il cherchait à me mettre en colère ? Si c'est le cas, il a réussi haut la main.

- Pauvre Lou, tu réalises même pas la mauvaise influence qu'elle a sur toi, il croise les bras, t'étais si cool avant de devenir sa pute... Elle et toi, vous êtes des petites salopes.

- Hahaha mais c'est une blague ? Je m'agace, Jason, tu étais son ami de base ! Et je suis mille fois plus heureuse avec elle que quand j'étais avec toi ! Je lui hurle au visage et m'en vais.

C'est pas vrai... Pourquoi il est pas resté dans son bled paumé ?? 

Je fonce jusqu'à la Share house avec les yeux brumeux. Il n'a pas été doux dans ses paroles, mais ce n'est pas étonnant... Il a toujours été ansi... Comment j'ai fait pour sortir avec lui au lycée ?

En arrivant devant la Share house je ralentis. J'ai envie de pleurer, et si Clem me vois dans cet état, elle va devenir folle de rage.

J'enfouis mon visage dans mes mains et lâche un sanglot douloureux, il m'a blessée...

- Lou ? Un problème ? 

Je relève la tête, c'est Alan qui vient de sortir du bâtiment. Il tient un calepin entre ses mains et un crayon est posé sur son oreille.

- Ha, j'essuie mon visage avec ma manche, oui je...

- Tu t'es encore fais emmerder par des mecs louches ? Il me demande en s'installant sur les marches qui me sépare de la maison partagée.

- Pas exactement, je me force à sourire, je vais bien ne t'inquiètes pas.

Il hausse les épaules et attrape le crayon d'un air habitué. Il commence à noter je ne sais quoi avec une rapidité exemplaire. Il s'est mis dans sa bulle si vite, c'est impressionnant.

Prise de curiosité je m'installe à côté de lui et regarde sa feuille. 

Il ne m'en empêche pas. 

" si ton regard paraît morne, 

si tes pensées sont vides, 

penche toi et sermonne, 

tu n'es pas si livide... "

En lisant les premières lignes je comprends qu'il s'agit d'un poème. Je pensais qu'il écrivait seulement des paroles de chansons, c'est étonnant qu'il maîtrise les deux.

C'est aussi étonnant qu'il m'est demander comment j'allais... Nous ne parlons pas souvent ensemble, seulement le minimum exigé par la politesse sociale.

Pourtant nous pourrions nous entendre. Il semble être autant passionné que moi par l'écriture.

- Ton maquillage à coulé. Il murmure sans quitter son regard du carnet.

Je me frotte les joues et le dessous des yeux en inspirant profondément, comment fait-il pour resté aussi stoïque ? Il a peut-être l'habitude de voir les gens pleurer, où il a une copine qui est anormalement sensible et maintenant il s'en fiche. Je me gifle intérieurement de me poser des questions pareils. Ça n'a aucune importance qu'il soit en couple ou pas !

Il mouve doucement et me sors de mon conflit interne. Il est en train de sortir une bouteille d'eau de son sac à dos. Il l'a porte à ses lèvres, boit une grosse gorgée et me tend la bouteille.

- Je n'ai pas soif. Je bafouille en secouant les mains.

- Dans ma famille, c'est une offense de ne pas accepter de l'eau plate. Il sourit et en voyant mon regard surpris, il éclate d'un rire fort.

Son rire est communicatif et j'esquisse un sourire gêné. Au moins, il aura réussi à me faire rire un peu. Sa voix grave est habituellement discrète mais dès qu'il rit, il perd cette facette et englobe l'espace autour de lui.

- Aller, bois un peu ça te fera du bien. Il insiste.

J'accepte mais au moment où mes lèvres touchent le goulot, je suis tirée en arrière, me retrouvant avec le dos contre les marches froides. C'est Clem qui me regarde avec sévérité, la tête penchée au dessus de moi.

- Pourquoi tu pleures ??! Elle cri presque.

- Elle s'est étouffée avec un biscuit. Invente Alan avant que j'ai pu ouvrir la bouche.

Sans savoir pourquoi, j'acquiesce le mensonge de mon voisin de palier et Clem souffle de soulagement.

- Rentre, tu vas attraper la mort dans ce froid.

Elle m'aide à prendre mes appuis et me tire à l'intérieur.

Je me retourne vers Alan qui s'est déjà replongé dans son carnet. 

Merci....

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