Aucune chance

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Pov Aerin

Je me réveillais le lendemain la boule au ventre et passais la matinée à réfléchir à la façon dont je pouvais amener le sujet et expliquer la situation. Plaider ma cause était presque peine perdue mais ma relation avec Thranduil ne pouvait rester secrète. Tôt ou tard, mes parents l'apprendraient. Ainsi, je sautais le déjeuner, bien trop préoccupée pour que la faim me tiraille.
Voronwë vint me quérir en début d'après-midi, m'indiquant que le roi Thranduil souhaitait s'entretenir avec moi dans ses quartiers. Je m'y dirigeais alors, m'interrogeant sur les raisons de cette demande.

Lorsque je pénétrais dans le salon du roi, je marquais un temps d'arrêt. Là, assis sur deux des fauteuils en velours qui meublaient le salon, se tenaient mes parents. Alors je compris : l'heure des explications était venue.

Thranduil : Mára aurë (bonjour), rin Aerin ! Installez-vous !

Il m'indiqua le fauteuil se trouvant face à ma mère et je m'y installais silencieusement après avoir salué avec convenance mes parents et Thranduil. Le roi de Vertbois-le-Grand choisit le siège à ma gauche, se positionnant ainsi face à mon père.

Aldarion : bien ! Pourquoi nous avoir demandé, Mellon nin (mon ami) ?
Thranduil : nous devons nous entretenir au sujet d'une affaire importante.
Aldarion : et quelle est-elle ?

J'échangeais un regard avec le souverain. Il était déterminé et je décida de me taire et de le laisser continuer puisqu'il semblait avoir décidé de prendre les choses en main. Et son attitude, si elle me surprit premièrement, me rassura. 

Thranduil : c'est une affaire d'ordre personnel, qui nous concerne particulièrement Aerin et moi.

Je ne fus pas surprise lorsque mon père fronça les sourcils en observant Thranduil avec incompréhension. Il garda cependant le silence, attendant que le souverain de Vertbois-Le-Grand poursuive.

Thranduil : je ne pense pas faire erreur si j'affirme que vous n'êtes pas au fait des réels motifs qui m'ont poussé à épouser Elerinna, n'est-ce pas ?
Liriel : quel autre motif peut-il y avoir que celui de souhaiter se lier à son âme sœur ?
Thranduil :  tout à fait, hélas ce ne fut pas notre cas. Elerinna et moi étions... Amis.
Aldarion : alors pourquoi vous êtes vous mariés ? Et quel lien peut-il y avoir entre cette histoire et ma fille ?

Thranduil se lança alors dans un long récit, expliquant à mes parents les raisons de son union qui avait pour unique but de forger une alliance inébranlable. Cependant, mon père, en plus de ne pas comprendre les raisons de ses explications, ne semblait pas convaincu par leur véracité. Mais l'elfe gris avait pensé aux moindres détails. Gracieusement il se leva puis contourna son fauteuil pour attraper un ouvrage posé sur la table du salon. Il l'ouvrit en silence avant de le tendre à mon père, lui indiquant qu'il s'agissait là des mémoires de son père, Oropher, et que les preuves de ses dires s'y trouvaient. Mon père en parcourut les quelques paragraphes relatant de cette alliance avant de refermer l'ouvrage pour la tendre à son homologue.

Aldarion : quel est le but de ses explications ? Que vient faire ma fille là dedans ?

C'est cœur battant que je reportais mon attention sur le roi sinda alors que celui-ci s'approchait de moi. Le moment tant redouté était venu. Il me tendit une main, que je saisis timidement, et m'invita à me relever pour lui faire face. Il m'observa un instant et je crus déceler une infime trace de doute dans son regard habituellement impassible. Il reporta ensuite son attention vers mes parents. Ma mère semblait avoir compris, ce qui n'était pas le cas de mon père.

Thranduil : je suis lié à votre fille.
Aldarion : que voulez-vous dire ? Que signifie cette mascarade ?
Aerin : Adar (père) j'aime le roi Thranduil.

Mon père reporta son attention sur moi et sembla réfléchir au sens de mes paroles. Le choc laissa ensuite place à une profonde colère et je me tendis inconsciemment. J'avais compris que nous n'avions aucune chance. C'était peine perdue. 
Il se leva brusquement et bouscula Thranduil avant d'attraper avec force mon bras, me tirant vers lui.

Aldarion : comment avez-vous osé !?

Je tentais de m'échapper de son emprise mais il était plus fort que moi.

Aldarion : tu n'es vraiment qu'une petite dévergondée !
Thranduil : il suffit Aldarion, lâchez-la !

Thranduil tenta de s'interposer mais mon père me poussa avec force dans son dos. Les deux rois se firent alors face, se défiant du regard.

Aldarion : moi qui vous traitez avec respect alors que vous avez osé pervertir ma fille ! Vous n'êtes qu'un perfide manipulateur et elle une petite sotte !
Thranduil : vous ne savez rien de moi ! Vous n'avez aucun droit de porter pareil jugement ni de dénigrer votre fille de la sorte !
Aldarion : j'ai tout les droits dès lors que cela concerne les miens !

Il tourna ensuite son regard vers moi, et j'y perçus un degré de colère jamais atteint auparavant.

Aldarion : quand à toi, nous réglerons cela plus tard ! Liriel, prévient la garde, nous rentrons immédiatement !
Aerin : non, vous n'avez pas le droit ! Lâchez-moi ! 
Aldarion : c'est ce que nous allons voir !

Désespérée, je cherchais le regard de ma mère espérant qu'elle me vienne en aide. Mais, comme à son habitude, elle préféra fuir et, détournant le regard, quitta la pièce. Thranduil s'avança alors et tenta de me défaire l'emprise de mon père sur mon bras.

Thranduil : si vous souhaitez quitter Vertbois-Le-Grand soit, mais Aerin ne vous suivra pas, elle restera ici !
Aldarion : Aerin n'a pas le choix ! Que croyez-vous ? Que je vais la laisser entre vos mains ? Si vous tentez de vous interposer, j'ai bien peur que cet incident diplomatique ne joue en votre défaveur !
Thranduil : est-ce une menace ?
Aldarion : une menace ? Voyons je ne me le permettrais pas ! Disons qu'il s'agit simplement d'une mise en garde. Je ne suis pas certain de vos capacités à affronter mes troupes, n'êtes-vous pas d'accord avec moi, Mellon nin ?
Thranduil : ne soyez pas si sûr de vous !

Était-il tombé sur la tête ? Il était certain que les pertes subies par le royaume sylvestre étaient trop importantes. Il ne pouvait subir une autre bataille, ce serait pure folie. Je réussis à capter le regard du roi sinda et secouais la tête en signe d'abandon.

Aerin : Thranduil, une guerre n'en vaut pas la peine !
Thranduil : vous ne pouvez en ju...
Aerin : ne déclenchez pas une guerre, pas pour moi ! C'est terminé, Aran nin...
Thranduil : non!
Aerin : Goheno nin (je suis désolée)!

Mais avant qu'il ne puisse protester, nous fûmes coupés par les gardes de mon royaume qui pénétra dans la pièce avant de nous entourer, mon père et moi. À l'entrée du salon, se tenait mon frère, le regard désolé.
Non. Nous n'avions pas réussi à convaincre mon père. J'avais été folle de penser que nous aurions pu y arriver, que nous avions une chance de convaincre mon père. À présent, nous allions être séparés. J'allais retourner chez moi, et je n'en sortirais sans doute plus de mon existence.

Mon père me poussa alors sans ménagement vers l'extérieur sans que je ne puisse me débattre, incapable de détacher mon regard de ce roi pour lequel j'étais tombée. Lui m'observait silencieusement, résigné, abattu. Avant de franchir la porte, je laissais échapper un sanglot. Ici prenait fin notre histoire, en même temps que ma liberté.

La Princesse et le Roi des Elfes - (ThranduilXOc) (En cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant