Sans Regret

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Pov Aerin

Je n'avais par réellement dormi cette nuit là. Incapable de trouver le sommeil, j'avais été tenue en éveil par la perspective de m'échapper de la prison qu'était devenue la cité qui m'avait vu grandir.
J'étais ainsi prête bien avant le lever du soleil. J'avais regroupé quelques affaires auxquelles je tenais particulièrement dans un paquetage et attendais à présent avec anxiété, assise dans un fauteuil que l'on vienne me libérer de cette pièce. Ce fut mon frère qui vint à ma rencontre et qui m'accompagna jusqu'à l'entrée du palais. 
Lorsque j'en descendis les marches en marbre, je ne pus retenir un immense sourire à la vue d'Arwen et de son père. Je m'approchais de mon amie qui me prit dans ses bras.

Aerin : Arwen, Mae govannen!
Arwen : Mae govannen, Mellon nin (mon amie) !

Je me séparais d'elle avant de m'incliner respectueusement devant son père.

Elrond : Mae govannen Aerin. Êtes-vous prête ?

J'acquiesçais alors qu'il se mettait en selle, rapidement imité par sa fille et sa garde. Je me tournais alors vers mon frère qui se tenait sur les marches menant au palais et m'approchais de lui afin de l'étreindre avec émotion.

Aerin : tu vas me manquer, Eldarion...
Eldarion : toi aussi, nethig (petite sœur) ! Je viendrais te rendre visite, où que tu sois !
Aerin : hannon le (merci) ! Sans ton aide je ne serais pas là ! J'espère vite te revoir, hanar nin (mon frère) !  

Eldarion me sourit avec tendresse avant de déposer un baiser sur mon front puis il s'écarte. 

Eldarion : Im gelir an le! Calo anor na ven! (je suis heureux pour toi ! Puisse le soleil briller sur ta route !)

J'échangeais un dernier regard avec mon frère avant de me mettre en selle.

Elrond : allons-y ! Hannon le Ernil Eldarion ! J'espère bientôt vous revoir !
Eldarion : c'est à moi de vous remercier, hîr (seigneur) Elrond ! Namárië (aurevoir) !

Mon frère s'inclina respectueusement devant le père d'Arwen et les elfes d'Imladris commencèrent à quitter la cour du palais. Je jetais alors un dernier regard vers cet endroit que j'avais à la fois aimé et détesté. Mais alors, mon regard se posa sur mon père, lequel se tenait à l'entrée du palais, m'adressant pour seul attention un regard noir de colère. Je soupirais alors et me retournais pour suivre Arwen et Elrond. Je n'avais aucun remord à quitter ces terres car je n'avais jamais été à ma place ici.
Deux heures plus tard, nous franchîmes les frontières d'Eryn Vorn et j'arrêtais Elwe un instant, observant une dernière fois la forêt des Ambres qui s'étendait dans notre dos. Arwen me rejoint alors, gardant un instant le silence.

Arwen : je sens la tristesse envahir ton cœur, Mellon nin.
Aerin : te contredire serait pur mensonge...
Arwen : ne vas-tu pas regretter de quitter les tiens ?
Aerin : non, je n'ai plus ma place ici. Seuls mon frère et les beautés d'Eryn Vorn vont me manquer. Cependant, je suis persuadée que je verrais Eldarion très prochainement. Je perdrais bien plus en restant ici.

D'une pression de talons, je demandais à Elwe d'avancer. Je ne devais avoir aucun regret à quitter cette prison.
Il nous fallut près de deux semaines pour atteindre Imladris. Nous remontâmes le Brandivin jusqu'au Gué de Sarn puis nous traversâmes les terres sauvages de Cardolan afin de rejoindre la Bruinen. Bien que nous ne rencontrâmes aucun ennemi, nous fûmes tous soulagés lorsque les portes de la cité se dessinèrent à l'horizon.
J'étais toujours émerveillée lorsque je pénétrais dans la vallée cachée de Fondcombe. La cité, nichée au cœur d'une vallée boisée, était un véritable havre de paix qui respirait la sérénité et le calme. Un atmosphère si différent de celle de l'Eryn Vorn.
Elrond m'accorda un repos de quelques jours avant de me convoquer dans son bureau. J'avais profité de ce moment de répit pour me promener avec Arwen dans les jardins de la cité. Je lui avais expliqué les raisons qui avaient mené mon père à m'enfermer entre quatre murs. Je fus soulagée qu'elle ne me juge pas bien que cela ne m'étonna pas de la fille du seigneur d'Imladris. Arwen n'était pas de ces elfes qui s'offusquaient facilement, d'autant plus si des explications lui étaient apportées. Elle était ouverte d'esprit et sage.
J'étais cependant moins confiante quand au jugement de son père. Il était bien plus conciliant que le mien, mais il n'en demeurait pas moins attaché aux mœurs et valeurs de notre peuple.
Je donnais deux coups à la porte en bois délicatement sculptée et attendais que la voix grave du seigneur des lieux m'autorise à entrer. Ceci fait, je pénétrais dans la pièce et Elrond, installé autour d'une petite table en marbre, se leva pour m'accueillir.

 Ceci fait, je pénétrais dans la pièce et Elrond, installé autour d'une petite table en marbre, se leva pour m'accueillir

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Elrond : Suilaid (bonjour) Aerin!
Aerin : suilaid, hîr (seigneur) Elrond !
Elrond : je vous en prie, prenez place !

Il m'indiqua le fauteuil à sa droite et je m'y installais alors qu'il se réinstallait dans le sien.

Elrond : j'espère que vous vous êtes remise du voyage ?
Aerin : bien sur, je vais bien. Grâce à vous...
Elrond : je ne pouvais consentir à laisser votre père agir ainsi.
Aerin : et je ne vous remercierais jamais assez pour l'aide que vous m'avez apporté et pour votre hospitalité !

Elrond m'observa alors avec gravité, et je sus que je ne pouvais retarder plus les explications.

Elrond : je souhaiterais à présent que vous m'indiquiez ce qui a poussé Aldarion à agir ainsi.

Je soupirais, cherchant les mots exacts afin d'expliquer le plus simplement possible les faits.

Aerin : lorsque j'ai décidé de suivre la compagnie de Thorin Écu-de-Chêne, nous avons dû traverser la forêt de Grand-Peur. Nous y avons été faits captifs par le seigneur Thranduil.
Elrond : voilà qui ne m'étonne guère : Thranduil voue une haine certaine envers les nains.
Aerin : je ne vous contredirais pas en ce sens, hîr nin (mon seigneur). Les nains ont été jetés dans les geôles de Vertbois-Le-Grand. Pour ma part, j'ai eu droit à un traitement de faveur. Mon appartenance à la race elfique et mon sang royal ont convaincu Thranduil de me traiter avec plus de...considération. Ainsi, j'ai été enfermée dans une chambre du palais et durant mon séjour à chez les elfes sylvains, j'ai fait connaissance avec le roi... et j'ai commencé à ressentir des sentiments que j'ai tenté d'occulter. Quelques jours après notre arrivée, les nains ont réussi à s'échapper avec l'aide de Bilbon. Thranduil a alors ordonné que les portes du royaume soient closes. Peu de jours après, le roi s'est ouvert à moi d'une façon plutôt... déconcertante.

Elrond m'observa en silence, semblant chercher un sens à mes paroles.

Elrond : j'ai peur de ne pas comprendre, Aerin.

Je me pinçais alors les lèvres, cherchant des mots adaptés.

Aerin : ne me demandez pas d'entrer dans les détails. Je pense que vous avez compris le sens de mes paroles...
Elrond : Thranduil et vous ?

Le regard qu'il me lança me força à baisser honteusement les yeux au sol.

Aerin : j'ai tenté de le repousser. J'ai essayé de faire abstraction de mes sentiments car je ne pensais pas un seul instant qu'il était sincère... Et j'ai réussi à m'enfuir. Mais nos chemins se sont à nouveau croisés à Dale et, par la force des choses, je me suis retrouvée à nouveau seule avec Thranduil. C'est à ce moment là qu'il m'a tout expliqué. Êtes-vous au courant des raisons de son mariage ?
Elrond : oui, je connais les motifs de l'union de Thranduil et Elerinna. Ce qui me surprend dans vos explications, ce sont ses agissements. Je connais Thranduil, et je vous avoue être étonné.

Je relevais le regard vers Elrond, surprise de ne lire aucun jugement dans sa voix.

Aerin : j'ai moi-même eu du mal à le croire... Mais j'ai décidé de lui faire confiance. Peut-être ai-je fait preuve de faiblesse, mais toujours est-il que nous sommes retournés à Vertbois-Le-Grand. Mes parents sont arrivés quelques temps plus tard et mon père, en apprenant notre relation, est entré dans une rage folle. Il a menacé Thranduil de lui déclarer la guerre s'il ne me laissait pas quitter le royaume, alors j'ai accepté de rentrer, même si cela signifiait ne jamais le revoir. Il était hors de question que d'autres soient blessés ou tués par ma faute. La suite, vous la connaissez...

Un lourd silence s'installa jusqu'à ce que le seigneur d'Imladris se lève et s'avance vers son bureau. Son silence ne fit qu'augmenter mes craintes. Allait-il me renvoyer en Eryn Vorn ?

La Princesse et le Roi des Elfes - (ThranduilXOc) (En cours de réécriture)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant