2.1 - Lay their bodies

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My friends aren't far
In the back of my car
Lay their bodies

×××

J'avais l'impression d'être retourné trois mois en arrière.
J'étais de nouveau le Park Jimin désorienté qu'on avait mis à l'arrière d'un fourgon, et qui se demandait ce qui l'attendait.

J'étais un peu plus informé à présent, mais à peine.
Je ne savais pas exactement ce qui se passait derrière les portes d'un centre de contrôle. Le seul qui m'avait raconté son expérience là-bas avait quitté sa prison presque vingt ans plus tôt.
Peut-être que tout avait changé... ?

Je m'accrochais de toutes mes forces au maigre espoir que les centres aient désormais pour seule vocation de soigner les mutants.
Si le gouvernement tenait à tout prix à cacher son erreur au reste du monde, le meilleur moyen d'y arriver restait encore de rayer les mutations de la carte, non ?

Et ils ne pouvaient pas nous rayer de la carte en nous enfermant pour toujours, ou en nous tuant discrètement... N'est-ce pas ?

N'est-ce pas... ?

J'avais fini par m'allonger à côté de Taehyung, la tête nichée au creux de son épaule, pour être sûr d'entendre son cœur battre, et avoir l'air endormi moi aussi.

J'avais arrêté de pleurer au bout de quelques minutes. Ça ne servait pas à grand chose.
Essayer d'ouvrir la porte aussi était vain, c'était un fourgon blindé, et ma mutation était parfaitement inutile face au mécanisme de fermeture.

Je devais attendre qu'ils l'ouvrent de l'extérieur, c'était ma meilleure chance. Mais ils ne le feraient peut-être pas s'ils me savaient éveillé.

J'espérais me retrouver face à mon père à nouveau. Passer en force en transportant trois poids morts me semblait compliqué, et il était le seul que j'avais une chance de convaincre.
Les soldats des forces spéciales ne m'écouteraient certainement pas.

L'odeur de Taehyung et les mouvements réguliers de sa respiration avaient fini par me calmer, me berçant doucement pendant tout le trajet.
J'avais perdu la notion du temps.

Après avoir roulé sans interruption pendant un bon moment, le fourgon avait fini par s'arrêter.
Une fois, brièvement, puis une deuxième, définitive, après avoir emprunté une route moins lisse que celle dont nous venions.
Le véhicule amortissait la plupart des secousses, mais la différence était visible.

Finalement, le moteur s'arrêta complètement.
Je retins mon souffle, n'osant pas lever la tête vers la petite vitre donnant sur l'habitacle du conducteur.
Mon père était-il toujours à l'intérieur ?
J'avais entendu des voix provenant de l'avant pendant quelques pauses durant le trajet. Ça ne sentait pas très bon.

Des portières claquèrent. Le son me parvint, diffus, puis tout le reste fut étouffé par le blindage, me faisant sursauter lorsque quelqu'un se mit à ouvrir les portes arrières.

Je ne bougeai pas, totalement pétrifié.
Les voix que j'entendais n'appartenaient pas à mon père.

- Seulement quatre ?

- Oui. On en a perdu un, et les deux autres sont transférés ailleurs.

- On atteint déjà les limites d'effectifs ?

J'écoutai patiemment leur échange, la gorge serrée. Les deux petits jeunes de la Cage étaient loin à présent, et dieu seul savait où.
Je m'efforçai de me concentrer sur mon immobilité, me préparant à être manipulé d'un moment à un autre.

Crown [Vmin]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant