CHAPITRE 33

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JORDAN

Chloé était partie lorsque je suis revenu chez mes parents une heure plus tard. J'étais à la fois soulagé et déçu. Soulagé car chaque fois que je la vois, j'ai le cœur qui se brise un peu plus et déçu car malgré la douleur, j'ai besoin de la voir. J'espère que ce sentiment disparaitra au fil du temps, mais j'en doute. Je l'ai dans la peau cette nana.

Comme souvent, ce mardi matin j'arrive au bureau avant tout le monde. L'équipe de tournage ne va pas tarder et j'ai un dossier à préparer pour un client. Neuf heure, le journaliste et son caméraman sont là. J'ai à peine le temps de saluer mes collaborateurs que mon client arrive. Le temps de faire quelques prises pour l'émission et nous partons en visite.

Aujourd'hui, rien ne va. Je n'arrête pas de bafouiller et il faut refaire deux ou trois fois chaque séquence. J'ai trébuché sur un trottoir et me suis rattrapé à temps avant de finir sur le sol. Le compteur du premier local n'a pas arrêté de sauter dès que j'allumais une ampoule, la circulation était infernale... Bref ce n'est pas ma journée.

Je rentre à l'agence après le déjeuner. Les filles ont déposé mon courrier sur mon bureau. Facture, facture, publicité, candidature, encore une facture, tiens un courrier avec l'en-tête de la DGCCFR. Qu'est-ce que ça peut bien être ? J'ouvre avec appréhension. Ça ne me dit rien de bon ce genre logo officiel. Je déplie le courrier et le parcours rapidement.

Mais c'est quoi ce bordel ? Un audit ? Je n'en ai jamais entendu parler. Heureusement aujourd'hui notre juriste est dans nos locaux. Je descends le voir dans son bureau. Justement son rendez-vous quitte la pièce.

- Hervé je peux te voir deux minutes s'il-te-plaît ?

- Bien sûr, me répond-il en m'invitant à m'installer.

- Je viens de recevoir ce courrier. Peux-tu me dire exactement ce qu'il en retourne ?

Il lit attentivement le document avant de me répondre.

- Déjà, pas de panique ce n'est rien de très grave. C'est juste un audit.

- Qu'est-ce que c'est ? Je n'en ai jamais entendu parler.

- Alors c'est un contrôle par un organisme gouvernemental pour vérifier que tout est en conformité dans l'agence. Ils vont tout inspecter : les affiches en vitrine, les autorisations d'exploitations, la comptabilité, la validité de la carte professionnelle, le respect des lois et réglementations tant sur la partie locative que sur la partie vente, l'affichage de la grille tarifaire, etc...

- Je ne me souviens pas que mon père ait eu à subir ce genre de contrôle.

- En général ils n'interviennent qu'à la suite d'une délation. Sûrement un concurrent à qui tu fais de l'ombre et qui cherche un moyen de te faire couler. Si tu es en règle tu n'as absolument rien à craindre. Le plus courant sont des rappels à la loi ou des amendes. Dans ton secteur, pour qu'ils te fassent fermer l'agence il faudrait qu'ils découvrent que tu as installé un tripot dans la cave, que tu emploies des prostitués pour les besoins de tes clients ou que tu blanchisses de l'argent pour un cartel de drogue.

Il exagère, mais je comprends où il veut en venir.

- Ok. Donc d'après toi, je n'ai pas trop à m'en faire. Ça n'est qu'une pure formalité.

- C'est ça. D'après ce que j'ai vu, tu peux dormir tranquille. Sinon, je n'aurais jamais signé pour travailler avec toi.

- Super. Merci Hervé pour ton aide.

Je remonte dans mon bureau avec ces éclaircissements, mais toujours une énorme appréhension. Même si Hervé m'a dit de ne pas m'en faire, je ne peux m'empêcher de craindre qu'ils ne trouvent des erreurs et que la réputation de l'agence soit mise à mal. Les avertissements et les amendes ne me font pas peur. Ça je peux gérer sans soucis. Ce que je crains vraiment c'est la mauvaise publicité. Les commentaires négatifs arrivent beaucoup plus vite aux oreilles des consommateurs, que les compliments.

CHLOÉ, JE TE VEUX A MES COTÉS (version finale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant