Chapitre 26

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JORDAN

J'ai pris quelques jours de congés à la dernière minute pour me remettre de cette cuite mémorable et soigner également mon égo qui en a pris un sacré coup. Matt avait raison, ça me fait du bien de dormir plus de cinq heures par nuit et de prendre un peu de temps pour moi.

Reposé et reboosté, j'ai de nouvelles idées qui fourmillent en tête. Je les note et les étudierai plus tard. Pour le moment il faut que je me pose un peu et que je reprenne un rythme de travail plus cool. Chloé a dit qu'elle avait besoin que je sois plus présent sur le terrain, dans mon rôle de commercial et c'est ce que je vais faire pendant quelque temps.

Dans la semaine, le journaliste qui a tourné le documentaire sur l'agence et moi, m'a appelé pour me dire que son patron avait beaucoup aimé le reportage et qu'il aimerait me rencontrer pour me faire une offre. J'hésite. Si c'est un job qu'il veut me proposer, il peut oublier tout de suite, je ne lâcherais pas l'agence. La curiosité l'emporte et j'accepte de le rencontrer la semaine suivante.

Je reviens à l'agence après une semaine d'absence, mais j'ai l'impression que ça fait des mois que je n'ai pas mis les pieds ici et je me sens comme un petit garçon qui fait sa rentrée scolaire : à la fois excité et inquiet.

Je salue tout le monde sur mon passage. Plus je m'approche de mon bureau et plus je stresse. Comment va réagir Chloé après la scène déplorable que je lui ai fait en discothèque ? J'essaye de ne rien laissé paraître de ma gêne et arbore un sourire commercial. Je passe par le service comptabilité pour prendre les derniers chiffres et dépose mes affaires dans mon box.

Je prends mon courage à deux mains et vais saluer Chloé. Plus vite nous aurons cette discussion et plus vite le malaise sera dissipé.

- Bonjour Chloé.

- Bonjour Jordan. Tu vas mieux ? Les filles m'ont dit que tu avais appelé pour prévenir que tu étais malade.

- Je vais très bien, merci. Je peux te parler un instant en privé ?

Elle hoche la tête positivement et je referme la porte derrière moi.

- Je voulais m'excuser pour l'autre soir, en discothèque. Mes potes m'ont raconté ce qui s'est passé et l'attitude déplorable que j'ai eue. Je suis vraiment désolé. J'étais très fatigué et j'avais beaucoup trop bu.

- Ce n'est pas grave. Je sais ce que c'est. On fait tous des choses inattendues sous l'emprise de l'alcool, n'est-ce pas ? me dit-elle avec un clin d'œil.

- Je voulais également te dire que je ne me souviens pas de cette soirée et je m'excuse encore pour tout ce que j'ai pu dire. C'était l'alcool qui parlait à ma place.

- Je t'ai dit que ça n'était pas grave. Ça n'a aucune importance, me répond-elle l'air pincé tout à coup.

Il s'en suit un silence gêné. Que puis-je dire de plus ? Rien.

- Bon et bien si tu as besoin, je serais dans mon bureau toute la journée.

- Très bien.

Je fais demi-tour et regagne mon espace de travail.

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CHLOÉ

A quoi je m'attendais ? Vu l'état dans lequel il était, c'est tout à fait normal qu'il n'ait aucun souvenir de cette soirée et encore moins de tout ce qu'il a pu me dire.

Je suis un peu déçue tout de même. J'étais prête à entendre ses explications concernant sa relation avec Isabella, mais visiblement il ne se souvient pas m'avoir avoué qu'il m'aime, alors à quoi bon remuer cette vieille histoire ?

Autant nos corps s'accordent immédiatement au son de la musique, autant nos cœurs ne sont pas du tout au diapason. Parce que oui je l'aime. Je l'ai compris grâce à Annabelle et cette vérité m'a éclaté au visage le soir du réveillon, lorsque Jordan m'a lui-même déclaré sa flamme. Je n'ai plus aucune attirance pour aucun autre homme que lui parce que je l'aime de tout mon cœur. Je n'appartiens qu'à lui et je ne veux que lui.

Je vais devoir me faire une raison et me contenter de travailler à ses côtés. C'est une maigre consolation, mais c'est déjà mieux que rien.

************

JORDAN

Me voici dans les locaux de la chaine de télévision qui a réalisé le reportage sur l'agence et sur moi. J'ai rendez-vous avec le directeur qui veut me faire une proposition, mais je n'en sais pas plus.

La secrétaire me fait attendre un instant dans un petit salon le temps qu'elle prévienne son patron de mon arrivée.

Un homme d'une cinquantaine d'année, aux cheveux grisonnants et aux yeux marrons m'accueille avec un sourire chaleureux. Il fait à peu près ma taille et est très élancé pour un homme de son âge qui passe sa vie derrière un bureau. Je m'attendais à un vieil homme bedonnant avec un cigare greffé au coin des lèvres, mais je m'étais bien trompé.

J'entre dans un grand bureau lumineux grâce aux grandes baies vitrées. Nos pas sont étouffés par l'épaisse moquette beige. Il m'indique de prendre place sur un fauteuil en cuir de l'autre côté de son immense bureau en merisier.

- Monsieur Blaise, j'ai été impressionné en visionnant le reportage que mon équipe a fait sur vous et votre agence. Déjà, votre initiative de quitter une vie de rêve pour reprendre l'affaire de votre père, est absolument admirable, inattendue et surprenante.

- J'ai été élevé dans cette agence. J'ai baigné dans ce monde toute ma vie et j'avais fait le tour de mon métier d'agent de voyage. La vie de luxe d'un client testeur d'hôtel cinq étoiles, c'était le rêve au début, mais ça n'est pas moi et je m'en suis également vite lassé. Lorsque j'ai su que mon père avait de gros problèmes de santé, je me suis dit que c'était le moment de changer de vie et de revenir à mes racines.

- Après ces quelques mois vous ne regrettez pas votre choix ?

- Absolument pas. Oui je travaille énormément et investi toute mon énergie dans cette agence et les projets que j'ai pour elle, mais j'aime ça. J'aime cette vie. J'ai l'impression d'être vraiment utile et je ferais tout ce qui est en mon pouvoir pour maintenir en vie l'agence que mon père a créée.

- Je vous admire vraiment. Tous les projets que vous avez mis en place sont inédits dans ce domaine et j'irais même jusqu'à dire avant-gardistes. Vous êtes un visionnaire monsieur Blaise.

- Je n'irais pas jusque-là. J'ai juste un point de vue différent et plus étendu que les autres, je réponds modestement.

- Je vous ai fait venir car j'aimerais beaucoup tourner une sorte de téléréalité sur votre agence, votre équipe et vous.

- C'est-à-dire ? Je demande intrigué.

- Vous connaissez les émissions de Stéphane Plaza ?

- Oui. J'en ai entendu parler. Je n'ai jamais regardé car je ne captais pas les chaînes Françaises aux Etats-Unis et en Espagne, mais mon père m'en a déjà parlé.

- Et bien j'aimerais créer une émission grâce à laquelle le téléspectateur vous suivrait dans votre vie professionnelle, dans vos projets, dans vos succès. Vous pourriez aussi en profiter pour donner quelques conseils et astuces commerciales. Enfin se sont les grandes lignes, il faudra que l'on voit tout ceci plus en détail lors d'un autre rendez-vous, si vous êtes partant.

- Et bien... Je ne m'attendais pas du tout à une telle offre. Je vais avoir besoin d'y réfléchir pendant quelques jours.

- Bien sûr, bien sûr. Prenez tout votre temps monsieur Blaise. Parlez-en avec votre père, vos collaborateurs et vos amis.

- Merci monsieur Beauchamps. Je vous ferais part de ma décision rapidement.

Je quitte les locaux de la chaine de télévision avec mille questions en tête. Est-ce que j'ai envie de cette vie surmédiatisée ? Ai-je les épaules assez solides pour supporter tant de pression, de stress et de travail supplémentaire ? Et si ça affectait trop ma vie professionnelle et privée ?

Je me rends directement chez mes parents pour en discuter avec eux. J'ai besoin d'un avis clair et objectif.

CHLOÉ, JE TE VEUX A MES COTÉS (version finale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant