Chapitre 19

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JORDAN

Aujourd'hui, Chloé et moi prenons le train pour Paris. Nous devons y suivre quatre jours de formation. Vendredi après-midi, Sonia et Pascal nous rejoindrons avec tout le matériel pour le salon de l'immobilier sur lequel j'ai réservé un stand tout le week-end. Je me suis dit que tant qu'à être sur place et comme les dates correspondaient, autant faire d'une pierre deux coups.

Nous n'allons pas suivre les mêmes formations mais j'espère que nous pourrons nous retrouver pour déjeuner et peut-être acceptera-t-elle aussi de diner en ma compagnie.

Nous sommes obligés de régulièrement suivre des formations, tous les ans voir maximum tous les deux ans, afin de renouveler nos cartes professionnelles. Chloé a choisi de suivre le cycle « négociateur » et pour ma part celui de « management ». En ce qui me concerne c'est plus pour me rafraîchir la mémoire et me remettre à niveau.

Nous nous retrouvons à la gare en début d'après-midi. Notre train part à quatorze heure vingt-trois et nous aurons quatre heures de voyage pour arriver sur Paris. Il nous faudra ensuite prendre le métro et descendre à la station la plus proche de notre hôtel, dans le sixième arrondissement. J'ai préféré que l'on parte la veille au cas où il y aurait des retards sur la ligne et pour nous éviter de faire le voyage de nuit, ce qui serait épuisant pour suivre des cours juste derrière.

Elle arrive, tirant une grosse valise à roulettes derrière elle. Elle est vêtue confortablement d'un legging noir et un pull en laine blanc bien trop grand pour elle, sous un manteau d'hiver noir. Elle a pensé à ne pas mettre de talons haut, mais plutôt des bottines, plus pratiques pour se déplacer dans le métro.

L'ambiance entre nous est tendue. Elle fait tout pour éviter de me regarder et me parler. Le voyage va être long si elle ne se déride pas. Notre train entre en gare. Je l'aide à monter sa valise dans notre wagon et à la ranger dans l'un des compartiments prévus à cet effet.

Je nous ai pris des places côtes à côtes en espérant que ces longues heures dans un espace aussi étroit, nous permettra de discuter. Nous nous installons, elle contre la vitre et moi côté allée. Elle sort ses écouteurs et un livre de son sac à dos qu'elle garde à ses pieds. Elle ne me décroche pas un mot, lance sa playlist dans ses oreilles et se plonge dans sa lecture. Ok ! Super ! Je ne serais pas là, ça serait exactement la même chose. J'ai bien compris qu'elle n'envisage même pas un début de conversation.

Résigné, je sors mon ordinateur portable de sa sacoche et entreprend de travailler pour passer le temps. J'arriverais bien à trouver un moment pour mettre les choses au clair avec elle durant cette semaine. Je ne vais pas brusquer les choses et risquer de la contrarier dès le début, déjà qu'elle semble de mauvaise humeur...

Enfin nous arrivons à la gare Montparnasse. J'aide une nouvelle fois Chloé avec sa valise. Je ne sais pas ce qu'elle a mis dedans, mais elle est très lourde. Ce n'est pas possible, elle a dû prendre toute sa garde-robe.

Je lui conseille de bien rester près de moi, surtout dans le métro et de mettre son sac à dos sur sa poitrine pour éviter de se le faire fouiller par les pics-pocket. Elle hoche la tête positivement et applique mes conseils.

La gare Parisienne est immense et il me faut un certain temps pour me repérer et trouver l'entrée du métro. Je ne suis venu que rarement dans la capitale alors je ne suis pas du tout familiarisé avec les lieux. Je regarde les panneaux, les plans et trouve la station qui nous concerne.

On est dimanche soir et il a tout de même un monde incroyable qui se bouscule dans les escaliers, les couloirs et sur le quai. Cette ville est complètement dingue, comme toutes les grandes villes. New-York, Londres, Madrid, Berlin, Tokyo, Mexico, etc... J'en ai parcouru des dizaines dans le monde entier, mais ça n'est vraiment pas ma tasse de thé.

A côté de moi, Chloé n'est pas du tout rassurée. Je le vois dans ses yeux. J'ai envie de la prendre par la main, mais je sais qu'elle la retirera aussitôt.

La rame de métro dans laquelle nous montons, est déjà bondée et forcément, il n'y a plus aucune place assise. J'indique à Chloé de se tenir à la barre en métal, nos valises calées juste devant elle et je me place dans son dos en rempart contre les importuns, ma main juste au-dessus de la sienne pour me maintenir en équilibre. A chaque accélération, chaque virage, chaque freinage, nos corps entrent en contact. J'essaye de ne pas l'écraser, mais j'abuse aussi un peu de la situation en restant collé à elle alors que je pourrais m'écarter un peu plus.

Voilà, après une quinzaine de minutes, nous descendons à la station la plus proche de notre hôtel. Cinq minutes à pied et nous arrivons à notre destination finale. Enfin.

Nous récupérons la clé de nos chambres qui sont contigües et montons nous installer. Il est dix-neuf heure passée et je propose à Chloé de se retrouver dans une demi-heure pour sortir diner. Elle réfléchi un petit instant, puis accepte.

Le temps de prendre une douche et de me changer et je la retrouve dans le hall de l'hôtel. Nous optons pour une pizzeria toute proche. Elle est toujours aussi tendue et peu encline à faire la conversation. J'en ai marre. Son comportement m'énerve, mais ça ne servirait à rien de la brusquer hormis la faire se renfermer encore plus. Alors je prends sur moi.

Dans ma chambre, allongée sur mon lit, les yeux grands ouverts, je réfléchis à la situation. Je pourrais aller frapper à sa porte et l'obliger à me parler, à me dire ce qu'elle sur le cœur, ce qu'elle me reproche, mais est-ce vraiment le bon moment ? Est-ce que ça changerait réellement quelque chose entre nous ? Est-ce que notre relation évoluerait dans le sens que j'espère ? Aucune idée et tout ça me fait peur.

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CHLOÉ

D'habitude j'adore ces jours où je pars en formation, mais là c'est à l'autre bout de la France et en plus Jordan nous a collé le salon de l'immobilier dans la foulée. Super. Je vais finir complètement sur les rotules.

Cette situation m'a mise de mauvaise humeur et je n'ai pas du tout envie de parler avec Jordan surtout si c'est pour que ça tourne en dispute. Alors j'ai préféré me taire et même carrément l'ignorer toute la journée. Je sais qu'il n'aime pas ça et que ça le met en colère, mais c'est la seule solution que j'ai trouvé pour que notre voyage ne tourne pas au pugilat.

Heureusement nous ne suivons pas les mêmes formations donc je n'aurais pas à supporter ses regards et ses réflexions.

Je ne peux tout de même pas m'empêcher de l'imaginer dans la chambre d'à côté. Je me demande ce qu'il est en train de faire et mon esprit divague alors que je m'endors.

CHLOÉ, JE TE VEUX A MES COTÉS (version finale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant