CHAPITRE 38

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JORDAN

Chloé et moi ne nous sommes pas quittés du week-end. Nous sommes allés au cinéma, voir la dernière exposition de photos qui vient d'être inaugurée et on a pris le temps de vivre. Je suis passé chez moi prendre quelques affaires de rechange et je suis resté à dormir chez elle. On s'est mis d'accord pour rester chacun chez soi la semaine et dormir chez l'un ou l'autre le week-end. Ça s'est fait tout naturellement.

Ça fait deux semaines jour pour jour, que l'audit a eu lieu et j'attends le rapport de l'inspecteur avec impatience et appréhension. Je ne tiens pas en place tellement je suis nerveux. Heureusement que je suis débordé de travail sinon je crois que je pèterais un plomb. L'équipe de tournage est là aujourd'hui. Au moins, ça me distrait et m'occupe. Ils me suivent dans mes démarches pour les travaux de la succursale.

Je me rends dans plusieurs agences d'intérim pour déposer des annonces de recherche de personnel. Je vais avoir besoin d'une réceptionniste, de deux commerciaux, d'un responsable des travaux et d'un comptable. Je vais d'abord tester leurs compétences ici, à la maison mère, puis s'ils font l'affaire je leur offrirais un poste dans la succursale. C'est le meilleur moyen pour que je sois sûr des compétences de mes futurs collaborateurs sans être obligé de passer tout mon temps derrière eux lorsque le nouveau local entrera en fonction.

En fin de journée je reçois un appel de Chloé, sur mon portable.

- Salut toi.

- Salut. Jordan est-ce que tu as l'intention de repasser au bureau ce soir ou non ?

- Je ne sais pas, j'ai encore quelques petites choses à faire. Pourquoi ?

- Tu as reçu une lettre avec l'en-tête de la DGCCFR. Je ne t'ai pas appelé avant parce que je croyais que tu repasserais, mais on va bientôt fermer et j'ai pensé que tu aimerais avoir la réponse ce soir.

- Ok... Euh... Bon je vais me débrouiller, j'arrive dans un quart d'heure.

- Ok, je le laisse sur ton bureau.

- Chloé !

- Oui.

- Tu peux m'attendre s'il-te-plaît ? Je la supplie avec inquiétude.

- Bien sûr. Sois prudent.

- A tout de suite.

Je lui ai demandé de rester jusqu'à mon retour. J'ai besoin qu'elle soit à mes côtés lorsque j'ouvrirais cette lettre qui peut complètement changer ma vie et celle de l'agence. J'ai besoin de son soutien et de son amour.

Comme prévu dans le contrat, je demande à l'équipe de tournage de ne pas me suivre et d'arrêter de filmer pour aujourd'hui. J'estime que ce courrier fait partie de ma vie privée et je ne veux pas qu'il y ait une mauvaise interprétation de ma réaction par le téléspectateur. Si j'ai échoué, je veux pouvoir contrôler ce qui passera à l'écran et pour cela il me faut au préalable, préparer un scénario. Sur ce coup-là, rien ne sera naturel, tout ne sera que comédie, contrairement à d'habitude.

Le trajet jusqu'à l'agence, me paraît interminable. Ça circule pourtant bien, mais pas suffisamment à mon goût. Je klaxonne, je peste et je commets quelques petites infractions au code de la route dans mon empressement à arriver. Je me gare dans le parking derrière l'agence et gagne mon bureau d'un pas rapide. Je suis terriblement inquiet et impatient. Plus vite j'ouvrirais ce courrier, plus vite je serais fixé et enfin débarrassé de ce stress qui me ronge depuis deux semaines.

Chloé est bien là. Elle est dans son bureau à travailler, malgré que l'agence soit fermée. Dès qu'elle m'entend, elle sort pour m'accueillir. Je vois qu'elle est tout aussi angoissée et impatiente que moi.

Le rectangle blanc est bien en évidence au milieu de mon bureau. Je ne vois que lui, comme si un projecteur l'éclairait pour le faire ressortir encore plus sur le fond noir de mon dessous de main. Je le prends et m'attarde sur le logo. Qu'est-ce que j'espère ? Que la réponse va apparaître juste en le regardant ? De l'autre côté de mon bureau, Chloé trépigne d'impatience en se tortillant les doigts et en se mordant la lèvre inférieure.

Je tremble lorsque je décachète l'enveloppe et en déplie son contenu. Je retiens mon souffle alors que mes yeux parcourent la feuille à la recherche des mots libérateurs ou au contraire assassins. Je pousse un énorme soupir de soulagement et tombe sur mon fauteuil.

- Alors ? m'interroge Chloé.

- L'inspecteur valide l'agence à cent pour cent. Le contrôle n'a révélé aucune infraction ou manquement à la loi. Oh la vache ! Je m'exclame en passant les mains sur mon visage.

Chloé vient se placer derrière mon siège, m'enlace et pose sa joue contre la mienne.

- Je n'avais aucun doute. Tu es un directeur formidable, me complimente-t-elle.

- Ouais, menteuse. Tu étais aussi inquiète que moi. Je t'ai vu te mordre la lèvre et te tortiller les doigts comme tu le fais à chaque fois que tu es stressée, je la taquine.

- J'appréhendais surtout ta réaction, ment-elle. Bon allez ! Je t'invite à boire un verre pour fêter cette bonne nouvelle. Je crois que tu en as besoin.

- Volontiers, j'accepte en me levant.

Je pose un bras sur ses épaules, elle passe le sien autour de ma taille et nous quittons l'agence pour nous rendre dans un bar non loin de là. J'ai un poids en moins sur les épaules et ça fait un bien fou. Je me sens revivre. C'est dingue comment une vie peut tenir juste à un petit bout de papier.

Nous passons la soirée au bar puis au restaurant, à parler de l'agence. Je lui confie que je suis extrêmement fier et reconnaissant envers tous mes collaborateurs. Sans eux, sans leur travail, sans leur professionnalisme, sans leur rigueur, nous n'en serions pas là. J'ai envie de les récompenser pour ça.

Il me vient alors une idée. Je n'en parle pas à Chloé pour le moment. Je veux d'abord tout préparer, planifier et je la lui dévoilerais en même temps qu'au reste de l'équipe, lors d'une réunion spéciale. Maintenant, que j'ai ce projet en tête, j'ai hâte de le réaliser. Ça va être génial.

CHLOÉ, JE TE VEUX A MES COTÉS (version finale)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant