JORDAN
Chloé doit reprendre le travail aujourd'hui. Je suis inquiet. Je trouve que c'est tout de même un peu léger seulement cinq jours d'arrêt, mais bon je ne suis pas médecin.
J'ai tout de même hâte qu'elle revienne au bureau. Oh ! J'arrive à gérer, même si je dois travailler douze heures par jour, mais c'est surtout que j'ai hâte de la revoir et de l'avoir de nouveau à mes côtés. Elle me manque terriblement. J'ai pris des nouvelles tous les jours, mais elle n'a pas voulu que je passe chez elle et je ne suis pas allé contre sa volonté pour ne pas la contrarier.
Je guette le moindre bruit, espérant que ça soit elle. J'entends des voix au rez-de-chaussée, des bruits de talons sur le carrelage, des portes qui claquent, des chaises que l'on bouge, enfin tous les sons d'une agence en pleine ébullition.
Je meurs d'envie de descendre, prétextant prendre un café peut-être, pour venir à la rencontre de Chloé, mais je ne le fais pas. Je ne voudrais pas qu'elle pense que j'attendais avec impatience son retour, même si c'est effectivement le cas. Alors je patiente dans mon bureau. Elle finira bien par rejoindre son espace de travail.
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CHLOÉ
C'est ma reprise. Je suis à la fois impatiente et très angoissée. Je ne sais pas pourquoi je stresse autant et pourtant je ne peux pas m'en empêcher. Je prends le bus car ma voiture est restée garer au parking de l'agence vu que la dernière fois que je l'ai quitté c'était dans le camion des pompiers.
Je ne suis pas à l'aise de me retrouver avec autant de monde dans un espace aussi confiné que le bus. Je ne comprends pas pourquoi j'éprouve cette sensation d'étouffement alors que j'ai pris la même ligne pendant des années.
Je suis la première à quitter le véhicule dès que les portes s'ouvrent. La brise m'apporte le souffle qu'il me manquait et je peux enfin respirer plus librement, mais l'angoisse n'a pas disparue et s'accroit même au fur et à mesure que je me rapproche de l'agence. Pourquoi ? Mais qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je suis heureuse de retrouver mes collègues et de reprendre un travail que j'adore. Alors pourquoi je me sens si mal ? J'ai le cœur qui bat à cent à l'heure, je transpire, j'ai des crampes dans le ventre et mes oreilles bourdonnent. Peut-être ai-je repris le travail trop vite ? Peut-être que je ne suis pas suffisamment remise ?
Je m'arrête à quelques pas de l'agence, m'adosse au mur, ferme les yeux et respire profondément pour essayer de contrôler mon malaise. Tout va bien se passer. Ce n'est rien, je vais bien, ce malaise va s'estomper et disparaitre. Je ne dois pas laisser la peur m'envahir et gagner, je suis plus forte que ça. Je peux le faire. Il suffit que je passe cette porte et ensuite ça ira mieux. C'est toujours le premier pas le plus difficile. Motivée, mais tremblante, j'entre.
Aussitôt, les filles m'accueillent chaleureusement et prennent de mes nouvelles. Je leur souris et fait comme si tout allait bien alors que je dois lutter pour contrôler mon envie de fuir. Je ne m'attarde pas. Je ne prends même pas de café et monte le plus vite possible. Je marche vers mon objectif sans me préoccuper de ce qui se passe autour de moi. J'ai juste envie de m'enfermer le plus rapidement possible, en sécurité dans mon bureau.
Enfin, j'y suis. Je referme la porte immédiatement derrière moi et m'appuie contre le battant. Je tremble comme une feuille. J'ai besoin de quelques minutes pour calmer les battements de mon cœur. Je réalise soudain que Jordan peut me voir depuis son bureau, grâce aux baies vitrées. Sans jeter un regard vers lui, je me redresse et adopte une posture que je veux confiante. Je m'installe à mon bureau et j'entends que l'on frappe à ma porte. Sans même attendre une réponse, Jordan entre.
- Bonjour Chloé.
- Bonjour Jordan, je réponds en essayant de contrôler le tremblement de ma voix.
- Tu vas bien ?
- Oui. Parfaitement bien, je te remercie.
- Tu n'en as pas l'air pourtant, dit-il en s'approchant de moi avec un regard suspicieux. Tu trembles, tu es pâle et sembles essoufflée.
- Oh... C'est que j'ai dû courir pour ne pas être en retard. J'ai été obligée de prendre le bus puisque ma voiture est restée ici, je mens.
Je vois qu'il ne me croit qu'à moitié, mais il n'insiste pas.
- Tu sais que tu pouvais prendre ton temps.
- Oh oui, oui, mais je déteste être en retard, c'est comme ça.
- Je comprends. Enfin, heureux de te voir de retour. Tu m'as manqué.
- Merci.
- Si tu as besoin, je ne bouge pas d'ici. N'hésite pas.
- Justement, est-ce qu'il serait possible que je sois le moins possible en contact avec les clients, le temps que ça disparaisse ? je demande en désignant mon hématome.
- Bien sûr. Aucun problème.
- Merci Jordan.
- Je suis là, juste à côté, il me répète avant de sortir.
J'ai de la chance d'avoir un patron comme lui. Il est compréhensif, attentif, arrangeant et très gentil. Si seulement il n'était pas marié.
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JORDAN
Merde, elle est encore bien marquée physiquement, mais psychologiquement également. Elle veut me faire croire que tout va bien, mais j'ai vu la peur dans son regard et je suis persuadé que ses mains ne tremblaient pas à cause de sa soi-disant course pour ne pas arriver en retard. Je crois qu'elle souffre d'un genre de stress post-traumatique. Elle aurait besoin d'un suivi et d'un soutien psychologique, mais comment aborder le sujet avec elle ? Elle pourrait se mettre en colère et je ne veux pas qu'elle s'éloigne de moi. Si je suis présent au maximum, je pourrais peut-être l'aider à passer ce mauvais cap et si ça ne suffit pas j'évoquerais alors avec elle, la nécessité de suivre une thérapie.
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CHLOÉ, JE TE VEUX A MES COTÉS (version finale)
RomanceA trente ans, Jordan quitte une vie de rêve comme client testeur d'hôtels de luxe, pour reprendre l'agence immobilière familiale. Jeune et avec un avenir prometteur, il fourmille d'idées pour développer cette affaire afin de devenir le leader sur le...