Sophie n'arrêtait pas de confier ses premiers ébats sexuels auprès d'Anna afin d'éveiller en elle un appétit pour la chose, mais Anna ne se montrait pas coopérative. Elle répondait par des « hum..» en faisant la vaisselle, puis quand son amie la suivait sans démordre avec le linge à étendre, cela ressemblait plus à des « oui, oui » pour la faire taire. En réalité, l'esprit d'Anna était ailleurs. Elle se perdait dans d'autres préoccupations : Est-ce qu'elle se sentirait seule loin de l'orphelinat ? Pourra-t'elle sortir de la grande demeure pour revoir ses amis et les enfants ? Ce Monsieur Nicolas de Monseuil tiendra-t-il sa promesse ? Peu de jeunes à la rue détenaient une parole fiable, alors elle s'imaginait mal que quelqu'un puisse se montrer digne de confiance. « Je leur écrirai des lettres, Madame Carousselle sait lire et écrire, je pourrai avoir des nouvelles », se rassura-t-elle.
Le lendemain, Anna ne s'attendait pas à découvrir autant de monde dans la salle de repas. Plusieurs commerçants discutaient avec Madame Carousselle et Sophie. Les enfants ressentaient l'excitation du groupe et s'amusaient à s'attraper entre les tables.
- Anna ! On te cherchait ! s'exclama Sophie qui faisait des grands gestes pour la faire venir plus près.
Deux femmes et un homme bien habillé s'arrêtèrent de parler et lui firent un grand sourire.
- Comme tu peux te douter, Sophie n'a pas gardé sa langue dans sa poche, souffla Madame Carousselle, excédée de fatigue. Ces boutiquiers sont venus t'offrir une robe..
Elle n'eut même pas le temps de finir, qu'une femme plutôt forte dans une robe à plusieurs rubans colorés s'empressa d'ajouter :
- Je suis Madame Pofette, Anna, je suis ravie de faire votre connaissance ! Je tiens la boutique Miroir dans la rue Royale. J'ai entendu dire qu'un grand jour se profile pour vous, alors je suis venue avec..
- Je me présente Marc Portant. Ravi de vous rencontrer Anna, coupa le seul homme dans la pièce.
Il serra énergiquement la main d'Anna.
- Ma boutique est en plein milieu de la place des Vergers. Nous avons une très bonne réputation sur le style féminin et nos tissus sont de très bonnes qualités. J'ai ramené avec moi des très belles tenues..
- Anna ! Enchantée, fit la troisième personne en se plongeant littéralement sur elle pour lui saisir la main. Je suis Madame Raveillac, mais vous pouvez m'appeler juste Camille. D'ailleurs vous pouvez me tutoyer ! Je crois que nous nous sommes déjà vus ? Votre joli visage me dit quelque chose ! J'ai moi aussi apporté un cadeau exceptionnel ! Tenez, regardez dans cette boite, venez voir mes robes ! Elles peuvent toutes être ajustées sur mesure, car vous avez un petit gabarit. Ha ha, vous verrez, vous mangerez certainement mieux lorsque vous serez auprès de Monsieur de Monseuil !
Anna interrogea du regard madame Carousselle qui leva les yeux au ciel. Apparemment, elle ne pouvait pas les empêcher de s'imposer. « Pourquoi j'aurais besoin d'une belle robe ? » se demanda Anna, dubitative en soulevant le couvercle d'une grande boite en carton avec les écriteaux distingués de la marque.
- Elle est magnifique ! fit Sophie en sortant la robe d'un rapide coup de main.
Elle la pressa sur Anna pour s'apercevoir de quoi elle pouvait avoir l'air en tenue distinguée. La robe était de couleur rose pastel avec des manches bouffantes et des coutures décoratives en perles sur la taille.
- Je ne porterai jamais ça, ricana Anna.
- Il y en a d'autres, dit madame Raveillac en s'empressant de lui remettre une nouvelle boite dans les mains.
- J'ai aussi tout ce qu'il vous faut ! affirma Marc avec aplomb. Là, regardez, cette robe est plus discrète, je suis certain qu'elle puisse être au goût de Monsieur de Monseuil.
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Le fabuleux destin d'Anna
Ficção HistóricaAu 19ème siècle, Anna est une orpheline qui n'a jamais été adoptée à cause de ses cheveux roux. Sans éducation et forte tête, elle dédie son temps et son amour en travaillant jour et nuit à l'orphelinat pauvre de Sarville où elle a grandi. Un jour...