Aux noms des siens - PNL

Partie I : Paris Sud Minute - Chapitre 1 : Flotte mais jamais ne sombre

Fluctuat Nec Mergitur. Coule mais ne sombre pas. Devise de Paris, taguée de manière artistique sur le mur faisant face à la scène. Il devait se trouver à environ 100 mètres d'où se tenait Tarik Andrieu. Tarik Andrieu. Seuls les plus grands appréciateurs de rap le connaissaient sous son véritable nom. Pour tous les autres, il était simplement Ademo du groupe PNL.

Ademo. L'enfant éduqué par son père, faute d'une mère présente. Le mauvais garçon qui avait commencé à bicraver pour survivre, et la mif. Le jeune homme qui n'avait pas pu échapper aux flics. L'homme emprisonné qui avait subi l'enfermement du corps, et surtout de l'esprit. Or, tous ces évènements étaient une partie de sa vie, et qu'il ne le veuille ou non, il avait dû apprendre à connaître ses démons, et maintenant d'essayer de vivre avec.

Tarik. L'enfant élevé par le roi de la jungle. Le garçon à jamais complice de son frère. Le jeune homme débrouillard, qui aimait la vie plus qu'il ne le pensait. L'homme qui avait grandi, muri, qui s'était endurci et aussi assagit.

Alors, en en cette fin de soirée, c'était bien Tarik qui regardait cette locution avec des yeux vides. Fluctuat Nec Mergitur. Devise qui avait une signification plus particulière pour lui que tous les autres. Puisque que dans son parcours, il reconnaissait sans en avoir honte qu'il avait parfois coulé, mais jamais sombré.

Avec un regard perdu, il se sentait cependant reconnaissant d'avoir des frères qui partageaient sa vie parce qu'ils ne s'arrêtaient pas à son apparence plus que trompeuse. En effet, malgré sa dégaine dédaigneuse, Tarik était un homme intelligent, qui savait ce qu'il faisait.

Ainsi, la toute première chose à savoir sur Tarik Andrieu est qu'il préférait toujours se cacher sous la casquette d'Ademo. Ce blaze traduisait un homme constamment entouré par sa bande, mais surtout parce que ce dernier était une protection contre l'homme qui détestait se retrouver seul avec lui-même. Lorsque l'humain est face à son miroir, il n'a plus le choix que de s'analyser et faire face à ses sentiments, ses ressentis, ses émotions et ses sensations.

Tarik Andrieu était un homme qui réfléchissait beaucoup trop. Et à chaque fois, il se maudissait d'être un homme renfermé qui ne savait pas toujours exprimer verbalement ce qu'il ressentait. Alors, coincé malencontreusement dans ce cycle infernal, l'un des seuls choix qu'il lui restait était de réfléchir. Mais chaque caractère avait son avantage et son inconvénient. Ainsi, une de ses punchlines lui traversa l'esprit. Cette fois-ci, sans raison qu'il ne chercha plus à comprendre, c'était celle de Jusqu'au dernier gramme : « Chez moi on dit qu'au fond du trou, jette un homme il ressort avec une arme. ». Chez lui, ce n'était pas Paris. Son quartier, c'était celui des Tarterêts, dans la ville de Corbeil-Essonnes. Le zoo, la jungle mais Que La Famille. QLF.

Pour comprendre cette histoire, il faut rassembler les pièces du puzzle. La première, évidente - puisque les autres seront précieuses à se faire remarquer - a été le contexte d'une rencontre.

///

Tournée des festivals. Concerts inédits entre des rappeurs qui avaient d'abord décidé de se réunir en visio Skype. La raison de ce choix ? Faire connaître le nouveau rap français et tous les messages que ses artistes se devaient de transmettre par une forme de poésie peu connue. La subtilité était devenue une nouvelle arme. Nique la police, c'était fini. Aujourd'hui, c'était plutôt « La police d'une à six étoiles, à toujours se dire belek. ». Comprendra qui pourra.

Ken Samaras, Nekfeu, Nek le Fennec ou le Fennec tout court, fut le premier à proposer cette idée à son groupe, le S-Crew. De nature convaincante, son projet s'était étendu à ses collectifs, l'Entourage et 1995. Certains s'étaient montrés d'accord avec ce plan, d'autres non.