4. Ashelia

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Mon corps se crispa et dans un sursaut désagréable et douloureux, je repris connaissance. Il ne s'agissait pas d'un simple réveil ; tout en douceur, les paupières lourdes de sommeil et l'esprit enveloppé dans une brume de songes.

Non. Plus brutal.

Mes doigts se refermèrent sur la dague que je gardais toujours à portée de mains, me sentant terriblement exposée lorsque je dormais. Je ne mis pas longtemps à me rendre compte que je ne courrais aucun risque immédiat et que tout paraissait calme et paisible. Mais je restais sur le qui-vive, sentant des courbatures et une impression dérangeante.

Je ne me souvenais pas de la veille. Tout n'était qu'un immense trou noir à partir du moment où je m'étais enfermée dans ma chambre. Avais-je dormi si profondément ? Non. Depuis le Fief, je savais me reposer sur une oreille, une partie de moi toujours en attente, attentive aux moindres changements dans l'air.

Il s'agissait d'autre chose.

Mes cheveux glissèrent en même temps que je me penchai en avant, une boule obstruant ma gorge. Une très légère entaille partait de mon poignet pour remonter plus haut. Comment m'étais-je fait ça ? Je me concentrai et ma lycan se déploya en moi, se réveillant après un sommeil... assommant. La panique enfla jusqu'à fourmiller de toute part, me laissant à bout de souffle.

Je n'aimais pas ça.

Ces trous noirs revenaient, comme une vieille amie me retrouvant après des années de tranquillité. Poing crispé autour de ma lame, je tentai de m'astreindre à l'apaisement.

Ce n'était que quelques heures d'oubli, en quelque sorte évaporé. Peut-être avais-je dormi, tout simplement.

Alors pourquoi cette peur me secouant les entrailles ?

J'inspirai longuement pour expirer après un moment de latence. Ce n'était pas arrivé depuis longtemps. Une trop grande fatigue ou le stress pouvaient en être la cause. J'aimais les faits concrets et non pas les impressions et les élucubrations. Toute mon existence reposait sur ça. Que tout soit tangible, explicable.

Je finis par ranger ma lame et me levai, prête à entamer cette journée en laissant ça de côté. Je n'aimais pas rester coincer sur un problème qui ne semblait pas connaître de résolution immédiate. Autant passer à autre chose et me détourner de cette absence avec mon flegme habituel. Après tout, je ne voyais pas en quoi ça m'aurait aidé de ressasser et d'essayer de comprendre. Je nouai mes cheveux à la va-vite pour ne pas être dérangée et quittai la chambre pour déboucher sur un espace ouvert avec une petite cuisine et un salon somme tout dénué de décorations ou d'éléments indiquant que nous y passions beaucoup de temps, Ras et moi.

Nous nous trouvions sous la villa, au même niveau que le parking souterrain, ainsi donc aucune fenêtre ni lumière naturelle. Ça ressemblait plus à un bunker qu'à un logement, mais j'aimais bien venir m'enfermer ici lorsque je passais du temps à la villa. Rasler et moi y voyons le côté pratique ; toujours à portée d'oreille de Lothar, au cas où. Nous avions tous les deux de nombreux appartements sur le territoire, que ce soit en Australie-Méridionale ou même en Tasmanie. Il fallait voir ça comme des planques. Nous utilisions des noms d'emprunt, gracieusement accordés par le Deity et nous donnant la possibilité d'avoir plusieurs existences aux yeux du pays. Ainsi, on ne pouvait pas se faire chopper pour faux-papiers ; pas quand le Conseiller lui-même vous fournissait.

J'allumai la cafetière pour faire couler du café le temps de passer sous la douche. La salle de bain était séparée du reste de la pièce par un simple demi-mur et les parois en verre ne nous cachaient de personne lorsqu'il s'agissait de se laver. Heureusement pour nous, hormis Selkie, personne ne venait jamais se perdre ici.

WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant