Passé,
Deity.
J'errai dans les couloirs avec l'espoir vain d'entendre le rire de Nokomis. Tout ça était idiot, je le savais et une partie de mon cerveau le comprenait aussi. Mais les souvenirs restaient vivaces, les cris semblaient s'incruster dans ma tête et je n'avais aucune issue de secours. Je ne pouvais pas m'enfuir.
Arhzel restait enfermé dans les quartiers de Nokomis. Parfois, la nuit je l'entendais hurler, comme si jamais il n'arriverait à accepter tout ça. Les jumeaux restaient avec lui, parce que d'une certaine façon, il avait pris une place qu'il n'aurait jamais dû avoir pour eux. Il n'était pas leur père et pourtant, il en portait le poids et la responsabilité.
Personne n'osait rentrer dans les quartiers de Nokomis. C'était devenu une pièce maudite, comme si la folie vous guettait si vous posiez un pied à l'intérieur.
Je déglutis et posai ma main sur la porte. J'entendais la voix d'Imriel et de Kalén, mais pas celle d'Arzhel. Bientôt, il faudrait qu'il sorte de là. Bientôt, il faudrait qu'il reprenne ses devoirs envers Aslander. Ce dernier ne se trouvait pas en meilleure forme. Il avait perdu sa petite sœur, la Princesse bien aimée de son royaume, mais aussi un ami, un frère.
Arthur avait laissé derrière lui des trainées de poudre prêtes à s'enflammer parmi les Chevaliers. Aucun ne semblait comprendre le geste de leur Roi. Myrddin quant à elle avait disparu et je ne savais pas si nous la reverrions un jour. Après tout, son Roi s'était sacrifié tout comme notre Princesse.
Et la paix avait beau reprendre ses droits, tout comme la vie, nous restions stoppés.
Figés dans la terreur et le choc.
La compréhension profonde que nous ne reverrions jamais Nokomis.
Qu'Arzhel finirait peut-être par mourir, car son Anchor avait disparu. C'était un risque calculé par nous tous, mais avions-nous eu le choix ?
Aslander savait-il si Arzhel pourrait reprendre le dessus ?
Nous avions misé tout ça sur une paix stable, mais les dommages collatéraux tels que nos esprits et nos cœurs n'étaient pas dans la balance.
Le bien commun avant tout.
La paix pour tout un peuple, plutôt que la souffrance d'un individu.
Je poussai enfin la porte des quartiers de Nokomis.
Tout était fait pour se sentir bien ici. Les tapis étaient épais et confortables, avec des couleurs chaudes et douces. Les meubles semblaient construits pour l'endroit où ils étaient et habillaient entièrement le mur. Les rideaux qui donnaient sur l'ouverture du balcon volaient au rythme du vent.
Je me figeai à l'entrée. Arzhel portait simplement un pantalon en toile. Imriel était pendue à ses épaules, sa tête contre la joue du Conseiller. Kalén, allongé par terre, sa joue contre la cuisse du Conseiller tentait d'expliquer son dessin aux deux autres. Cette vision de ce qui aurait pu être une famille pour des yeux extérieurs n'était que le reflet de ce qui nous manquerait bientôt.
L'amour d'une mère.
D'une compagne.
D'une Anchor.
Qui avait laissé derrière elle les gens qu'elle aimait pour sauver un peuple.
Pour sauver des générations entières.
— Tu aurais dû le faire plus grand, ronchonna Imriel.
Elle tendit son doigt pour toucher quelque chose sur le dessin ce qui força Arzhel à se plier un peu plus. Ses cheveux détachés restèrent coincés sous la jeune fille.
VOUS LISEZ
WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]
Người sói- THE WHISPER OF MY SHADOW - Dans son ombre, le danger. Depuis le retour de l'Enchanteur, Lothar se retrouve contraint de voyager à travers l'Australie pour calmer les inquiétudes de Merlin. Mais pendant ce temps, les Terras n'attendent pas et des...