7. Ashelia

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J'enjambai ma bécane et retirai mon casque. Je secouai la tête et mes cheveux cascadèrent dans mon dos en une libération salvatrice après ces heures sur la route. Je venais de quitter le territoire de Lothar pour entrer sur celui d'Acelin, le plus jeune Koning du cercle autour de l'Empereur. Le Territoire du Nord se voulait immense, mais étonnamment, il était le moins peuplé. Ce qui ne facilitait la tâche de personne finalement, et encore moins celle d'Acelin, qui se devait d'avoir des yeux et des oreilles partout. Néanmoins, dans ses malheurs, Acelin ne comptabilisait que très peu de camps de Terras, bien que le peu qu'il doive gérer semblait se suffire. Et de loin.

Ainsi, presque malgré lui, il était souvent au cœur des mêmes problématiques de mon Roi ; tout ce qui concernait Thatcher. Rien qu'à la pensée de cet incapable, je sentis mes épaules se tendre. Je détestai les incapables et les lèches couilles presque autant que je haïssais mon père, donc autant vous dire que Thatcher se tenait juste dernière le paternel dans la liste de ceux à abattre. Un jour ou l'autre.

La patience me talonnait depuis mon plus jeune âge et je savais en user à ma convenance. Et encore plus depuis que je suivais Lothar comme son ombre. Après tout, j'en étais l'extension parfaite.

Je portai une main à mes yeux pour bloquer la lumière trop vive de ce soleil acharné. Plus si tôt, mais pas encore trop tard, les gens vaquaient encore à leurs occupations. Ma lycan frémit en moi et je plissai des paupières pour aviser un homme, qui venait tout juste de sortir d'une boutique de téléphonie. Pas de meilleurs endroits pour acheter des cartes prépayées et des téléphones jetables. Rien de mieux pour brouiller les pistes. Lorsque vous ne possédiez aucun lien qui vous liait à une toile collective, vous appreniez à faire avec des moyens purement humains. Je fronçai du nez et me mordis l'intérieur de la joue. Les déplacements de Terras au sein du territoire de l'Empereur étaient bien plus communs qu'on pouvait le penser. Une pratique que vous plaçait en hors-la-loi dans la seconde, mais lorsqu'on était Terra, qui se souciait de ça ? Pas eux. Les Godar ne fermaient pas les yeux, mais pour compiler des réponses, il fallait parfois attendre et prendre son mal en patience. Et les Godar détestaient ça. Pour la plupart. Certains d'entre eux voyaient en les Terras une vermine à exterminer, bien que ce n'était pas la politique de la maison. Surtout pas celle d'Aslander. Mais loin du Deity, les esprits s'octroyaient quelques libertés, avant que tout ne soit étouffé dans l'œuf.

Je suivis l'homme du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière le bâtiment. Sa présence resta bien ancrée en moi. À force de chasser le Terra, ça devenait une seconde nature et ma lycan se voulait indétrônable dans ce domaine. Autant se montrer utile, surtout lorsque nous partions dans une traque qui durerait des mois.

Je ne me leurrai pas. Lorsque je partais ainsi sur la piste d'information, ça pouvait prendre un an, parfois même plus. Rares étaient les fois où je partais plus de dix-huit mois cela dit. Rasler, oui, mais il repassait au bercail, histoire de donner signe de vie et de se faire tirer les oreilles par notre cher Roi.

Lothar pouvait se passer de nous. Tout comme l'Empereur envoyait les siens loin de lui la plupart du temps. Chacun, à leur manière, se devait d'être utile quelque part. Avec Rasler, nous ne répondions qu'aux ordres de Lothar, quand bien même cela ne répondait pas aux désirs du Grand Sire.

Je décollai mes fesses de ma moto et me mis en marche, mon ombre projetée sur les pierres des façades. Je me fondis dans la masse. Je me drapai d'une peau qui n'était pas la mienne et me mêlai au commun des mortels sans qu'aucun d'eux ne sente venir la supercherie.

Mon ombre fut avalée par les autres. Et la traque commença.

Alpurrurulam. Territoire du Nord.

WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant