12. Lothar

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Passé,

Deity du Kaizer Aran Valen'dyr.

Je pris le temps de remonter le seau en haut du puits. Souvent, certaines personnes le laissaient en bas, à cause d'une vieille croyance qui disait qu'un esprit se nourrissait du vide du seau. Je n'aimais pas les vieilles croyances. Tout je n'aimais pas réfléchir au fond du puits. Marcellus possédait un puits, au Fief. Il en possédait un très sombre, très profond et très humide.

Des rires me firent pivoter sur le côté. L'immense jardin dans lequel nous nous trouvions se trouvait être le jardin privé de la Princesse Nokomis. Je me redressai au moment où une lycan se faufila sur ma droite. Une lycan sous sa forme animale. Il n'y avait qu'une seule personne pour faire ça en plein château, bien qu'Aran le fasse souvent en compagnie de ses Généraux. Pour l'esprit de meute. De chasse. De cohésion.

— Evy ! cria la voix de Nokomis.

La lycan se cacha derrière le puits. Elle croyait sûrement ne pas être visible, mais si je pouvais voir d'ici sa queue battre l'air, alors il était évident que Nokomis allait la voir aussi. Ça ne coutait rien d'essayer, mais on échappait difficilement à la princesse.

— Evy je te jure que ça ne fera pas mal ! Il faut que je t'enlève cette épine de la patte !

Nokomis apparut au bout du jardin, pieds nus, une robe légère sur elle. Ses cheveux cascadaient sur ses épaules et ses grands yeux croisèrent les miens. Un sourire illumina son visage.

— Lothar ! As-tu vu Evy passer ? Elle a une vilaine épine dans le pied et je jure qu'elle ne veut pas me laisser l'enlever.

Nokomis symbolisait la royauté à mes yeux. Et la loyauté que je portais à la couronne. Elle était adorée de tout son peuple, mais si elle n'était pas une lycan, elle était la Princesse de notre Royaume. Ses yeux violets me scrutèrent un instant, puis glissèrent vers mes pieds, là où la queue d'Evy battait l'air.

Très discret soit dit en passant.

— Je ne sais pas, mentis-je.

Un reniflement d'Evy me tira presque un sourire que je contins tant bien que mal. Je ne savais pas mentir. C'était un fait.

— Tu es sûre ? Parce que je l'ai vue venir dans cette direction. Tu sais, elle ne veut vraiment pas que je l'approche.

Des bruits de course me parvinrent et je fronçai les sourcils. Une autre jeune femme du même âge débarqua et dérapa à moitié sur la pierre nue du château. Tout comme la princesse, elle ne portait pas de bottines pour protéger ses pieds. Ses cheveux châtains l'empêchèrent d'y voir clair pendant quelques secondes avant qu'elle ne les rejette sur le côté.

— Princesse ! cria-t-elle à son tour. L'as-tu trouvée ?

Rivqa Kahane était l'Earhja en titre de la Princesse. Nokomis avait une santé fragile malgré notre surveillance accrue. Parfois, la maladie ne pardonnait pas. Elle n'était pas lycan en plus de ça, donc elle pouvait aisément se blesser. Rivqa possédait la même ossature fine et musclée que Nokomis. Toutes les deux étaient très fusionnelles et c'était sûrement une des raisons pour lesquelles Aran avait choisi Rivqa pour soigner sa fille.

Rivqa et Tamsyn étaient les meilleures Earhjas d'après leur Cheffe, Sakari. Et j'étais celui qui les protégeait la plupart du temps. Du moins, je devais faire exécuter les ordres par mes frères Soldats, membre de la Garde. Rivqa s'avança dans le jardin, sa robe relevée sur le bout de ses pieds.

— Non, je n'arrive toujours à mettre la main sur cette chipie, maugréa Nokomis. Pourtant, elle n'était pas loin. Je l'ai senti.

Rivqa gloussa et frotta son nez contre la joue de la Princesse.

WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant