13. Lothar

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Rasler, allongé de tout son long, sa tête contre mes cuisses observait le plafond comme si nous allions y trouver la réponse que nous cherchions. Ashelia s'étirait à notre droite sur le balcon. Nous nous trouvions toujours au Deity. J'aurais aimé rentrer, mais avec toutes les annonces qui tombaient, je ne voulais pas laisser Aslander, Siobhane, Arzhel et les autres seuls. Je jouai avec les cheveux de Ras, mon regard posé sur les fesses d'Ashelia qui touchaient ses pieds, les jambes tendues.

— On reste trop souvent au Deity, marmonna le lycan qui se trouvait à moitié sur moi.

— C'est mal ? m'enquis-je.

Ras s'assit dans le lit immense qu'on avait dans nos appartements, ici, au Deity. J'y revoyais encore le corps nu d'Ashelia il y a quelques heures. J'avais soif d'elle. De plus en plus soif. Et je n'arrivais plus à étancher assez ce besoin pour m'en passer quelques jours. Son absence de six mois n'avait pas aidé mon lycan quant à ce sujet très sensible chez moi.

— Tu deviens grognon, remarqua Rasler.

Il se leva et s'étira. J'observai son corps que je connaissais par cœur. Je connaissais toutes les cicatrices qu'il avait. Je connaissais les plus grosses faiblesses du lycan en face de moi. Je savais ses forces aussi. Bien sûr. Après tout, nous nous étions forgés les uns les autres.

— Il déprime, rectifia Ash.

Je fis la moue. De nouveau, elle prit une longue inspiration et se pencha en avant. Nous eûmes droit à une magnifique vue sur ses fesses. Le lycan en moi roula lentement, poussa même un grognement. Je me retins de peu de me lécher la lèvre.

— Toute cette histoire m'agace, clarifiai-je.

— Il faut que nous trouvions la raison de leur présence, souffla Rasler.

Il regarda Ashelia pendant quelques secondes, mais il n'y avait pas le même désir dans ses yeux que dans les miens.

— Il faut que nous trouvions un moyen de les éliminer surtout, crachai-je. Ils ne peuvent pas rester ici impunément.

Ashelia se redressa enfin. Cela n'empêcha pas une partie de mon corps de se mettre au garde-à-vous. Cette femme serait ma perte.

— Quelqu'un arrive, souffla mon ombre.

La seconde suivante, quelqu'un frappa doucement à la porte. Une Sevae entra et s'inclina.

— L'empereur aimerait vous voir, Sire Naburia, dit-elle d'une voix calme.

Je me levai, nu, et enfilai le pantalon en lin que Rasler me tendit. Heureusement que mon érection était redescendue. Ashelia voulut m'emboiter le pas, mais je levai une main.

— À cette heure-là, c'est sûrement une discussion d'homme à homme.

J'esquivai une chaussure avec un rire et me faufilai en dehors de la chambre. Je suivis sans trop la regarder la Sevae devant moi. Je n'avais pas besoin qu'on me conduise à travers le Deity. Je connaissais cet endroit par cœur. J'avais foulé bien trop de fois ces différents couloirs, des couloirs qui portaient en eux toutes traces de souvenirs. Des plus sombres aux plus heureux.

Des plus douloureux aux plus salvateurs.

Je ralentis le pas devant la roseraie de Nokomis. Jamais je ne pourrais oublier tous les moments que j'avais passés ici, tout ce que j'y avais vu. Mon corps frémit pour éviter d'y repenser et de se protéger. Nul besoin de remuer le passé quand nous devions nous concentrer sur la suite des évènements.

Nous arrivâmes enfin devant la salle du trône. Le garde présent m'ouvrit la lourde porte et j'y entrai, pieds nus, simplement vêtu de mon pantalon en lin, noué avec un cordon.

WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant