10. Lothar

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Cinq mois plus tard,

En sueur et essoufflé, j'arrêtai mes pompes pour glisser sur mes fesses. La maison était calme, seule la présence de Selkie qui nettoyait brisait ce silence. Je pris la serviette qui avait été déposée à côté de moi et m'essuyai le visage avec.

Mon lycan se redressa lentement dans mon corps et posa notre regard sur Rasler. Tout comme Ashelia à son retour, il avait perdu du poids et ses joues creusées me filèrent quelques sueurs froides. Rasler était déjà revenu dans des états bien pires, mais je n'aimais pas les voir comme ça.

Je détestai les récupérer dans les pires états parce que je n'avais pas été capable de les protéger.

— Mon Roi, souffla la voix rauque de mon Grifter.

Je me levai et m'approchai de lui. Il posa un genou par terre, la tête basse.

— Rien ? murmurai-je.

Je vis sa mâchoire se contracter de colère. Non rien. Cinq mois de plus n'avaient servi à rien. À rien du tout. Aucune explication. Des groupes de Terras qui disparaissaient pour mieux réapparaître plus loin. Des groupes de Terras qui tentaient de se faire discrets, mais que nous arrivions à suivre et cela me rendaient malade.

Malade de voir que ces enfoirés marchaient tranquillement au sein de notre pays, sans être un minimum réprimandé. Cela faisait un an que mes Grifters suivaient les mouvements de ces idiots et toujours rien.

Leur trajectoire n'avait aucun sens, ou du moins, aucun sens à nos yeux. Ce n'était pas faute de chercher, d'observer, de voir ce qui n'allait pas. Pourquoi à gauche ? Pourquoi à droite ? Pourquoi dans le désert ? Que pensaient-ils trouver au milieu de ce rien ?

— Je suis heureux que tu sois revenu, soufflai-je.

Je le relevai et il me laissa le presser contre moi. Sa main sur ma nuque rassura mon lycan, même si nous pouvions sentir ses côtes. Et qu'il ne sentait pas l'odeur de la maison.

— Va te rafraîchir et manger un peu. Nous partirons pour le Deity ensuite. Nous allons devoir faire un rapport à Arzhel.

— Un rapport sans rien, soupira Rasler.

Son grognement me fit du bien. On avait beau croire que je ne ressentais rien en les laissant partir loin de moi, mais c'était un déchirement un peu plus chaque jour. Je ne pouvais pas les laisser s'en aller tous les deux en même temps. Eux-mêmes avaient décidé depuis longtemps que l'un d'eux devait toujours m'avoir à l'œil au minimum syndical.

— Ne t'en fais pas, nous ne sommes pas sans rien. Entre les mouvements d'Ashelia et les tiens, je suis sûr que quelqu'un à la capitale pourra nous aider à trouver ce qu'il se passe.

— Kairos a contacté d'autres camps Terras ? me demanda Rasler.

Il rentra dans la maison et Selkie vint tout de suite à lui pour lui présenter un verre d'eau et quelques mignardises à grignoter. Rasler était plus sucré que salé et elle le savait très bien. Il accepta les deux et la remercia d'un baiser sur la joue qui la fit glousser. Je le suivis jusqu'à l'immense salle de bain. Il mangea deux pâtisseries d'un seul coup et s'enfila le verre d'eau à la suite. Je l'aidai à retirer ses fringues et me figeai quand je vis une grosse marque sur ses côtes.

— Rien de grave, me rassura-t-il. Une bagarre qui a mal tournée et j'ai dû y participer.

Je déglutis et Rasler se positionna devant moi avec seulement son caleçon sur les hanches. JE pouvais voir toutes les cicatrices sur ce corps. Toutes m'appartenaient d'une certaine façon, puisqu'elles étaient là à cause de moi.

WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant