Je reconnus la plupart des odeurs qui nous entouraient. Officiellement, nous n'avions rien à foutre ici ; surtout pas un Koning. Mais puisqu'il se pensait incognito, ledit Koning n'en avait foutrement rien à battre d'être sur le territoire d'un autre.
Avec Ras, nous avions l'habitude de bouger à travers tout le pays, passant sous les radars des uns et des autres aussi bien que des Godar. Quand ces derniers nous filaient, ils abandonnaient vite, sachant qui nous étions et donc, de facto, qui nous servions. Nous connaissions l'Australie comme notre poche et bien plus encore les camps de Terras, où nous passions beaucoup de temps. Le secret de notre réussite ? Nous devenions des têtes connues, suffisamment aperçues pour que tout le monde pense que nous faisions partie de leur communauté. C'était néanmoins à double tranchant, nous le savions, mais nos missions n'étaient pas sans risque. Lothar nous envoyait là où il le jugeait nécessaire et le temps qu'il fallait. Ainsi nous pouvions être sous couverture pendant des mois sans rentrer au bercail.
Bien que l'accord entre le gouvernement et les Terras stipulaient qu'aucune ingérence de la part de l'Empereur n'était permise, nous passions outre cette loi pour nos petites affaires. Nous nous tenions informés de ce qui se tramait partout, pour qu'un truc ne nous éclate pas à la gueule sans préavis. Surtout que Thatcher n'était pas trop du genre à s'occuper des problèmes sous son nez. Ce type me débectait et je me demandais encore pourquoi l'Empereur le gardait à ce poste et ne s'en débarrassait-il pas simplement.
Bye, bye, connard.
Ma lycan renâcla, dérangée par ce qui nous pendait au nez depuis quelques minutes déjà. Lothar, à nos côtés, jugea que c'était le bon moment pour bouger. Il sauta de sa branche sans douceur et je grognai. Il allait y aller sans se cacher.
À découvert.
Parce qu'il aimait vivre dangereusement. Pire encore, il voulait que je frôle la crise cardiaque. Rasler ne trouvait rien à y redire. Ces hommes !
— Et si on allait faire coucou ?
Le lycan à mes côtés battit de la queue, dans l'expectative. Takashi était un gamin empressé lorsqu'il sortait avec Lothar. Du genre je fonce et après je m'interroge. Mais il était doué. Et Lothar le gardait sous le coude, ne voulant pas que son poulain finisse simple Aster. Il avait l'étoffe d'un meneur. Pas d'un super chef du Contingent.
Je coulai une œillade dans la direction de mon Roi.
Et quoi, ils allaient passer par la grande porte en s'annonçant ? Je détestais cette improvisation ! Surtout que la merde nous arrivait de derrière et que ça puait mon père.
— Ashe ? m'appela Lothar.
Ma lycan se dressa sur ses pattes et nous allâmes nous frotter contre les jambes de notre Roi. Il nous tapota entre les deux oreilles et s'éloigna avec Takashi, me laissant dans l'ombre. Pas la peine que je me montre. Je m'élançai dans la direction inverse et ma lycan perçut la présence de plusieurs Terras non identifiés en approche. Lentement, ils semblaient encercler le camp derrière moi, ayant une idée précise derrière la tête.
Logiquement, un nombre aussi important n'aurait pas eu le droit de se déplacer sur un territoire de l'Empereur. Mais en Australie-Occidentale, tout était permis. En gros, c'était la teuf pour n'importe qui, Thatcher préférant détourner le regard que s'intéresser à une bande de Terras rebelles.
Aucun Terra n'avait le droit de sillonner les terres d'Australie. Du moins, en théorie.
Il était acceptable de les laisser aller commercer en ville avec les humains, mais pas d'y travailler. Un décret spécial visait ledit échange commercial, ce qui équivalait à dire qu'on ne pouvait pas arrêter un Terra présent dans une ville sous prétexte qu'il était là. Enfin, un truc dans le genre.
VOUS LISEZ
WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]
Hombres Lobo- THE WHISPER OF MY SHADOW - Dans son ombre, le danger. Depuis le retour de l'Enchanteur, Lothar se retrouve contraint de voyager à travers l'Australie pour calmer les inquiétudes de Merlin. Mais pendant ce temps, les Terras n'attendent pas et des...