Épilogue

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Quelque part en Australie-Occidentale,

Le long des côtes.

Le corps reposait, éjecté par l'océan. Repoussé par une force de la nature. Une robe ocre trempée. Des cheveux bruns qui recouvraient un visage. Une peau très pâle, où l'on voyait se dessiner l'entrelacs de veines.

Le silence.

Le soleil pas encore tout à fait levé, une obscurité palpable et la pluie. Pendant plus d'un instant, il plut dans le pays tout entier. Une pluie féroce, un rideau qui tombait sur l'Australie en même temps que des corps s'échouaient sur les plages, eux aussi rejetés par l'océan. Partout. Ils surgissaient de nulle part, bel et bien là.

Quelque part, de très, très loin, une alarme résonna, s'amplifia, jusqu'à résonner à travers tous les États.

Tout le pays.

Un soubresaut.

Dans les doigts d'abord. Un spasme. Si léger, si ténu. L'eau continuait son mouvement. Elle allait et venait.

Et la pluie s'écrasait avec fracas sur la surface, dans un bourdonnement presque aussi puissant que ce son strident au loin.

Un autre spasme. Dans l'autre main.

Et puis

Un souffle

Un râle.

Une renaissance.

Soudaine et inattendue.

Douloureuse, terrassante.

La femme toussa. De l'eau jaillit de ses poumons et elle roula sur le dos.

Elle n'ouvrit pas les yeux. Pas de tout de suite. Son souffle sifflait. Sa peau la démangeait et peu à peu, elle reprenait conscience.

Après un trop long oubli.

Un trop long sommeil.

Un mot se forma dans son esprit. Un mot unique.

Qui la hantait. Qui la força à soulever ses paupières pour regarder le monde.

Pour plonger dans le ciel encore porteur de la nuit.

Et là, là, elle pleura. Parce qu'elle prit conscience qu'elle ne Dormait plus. Qu'elle vivait et que le silence n'était plus.

Elle pleura, elle hurla et le son fut avalé par l'océan. Il l'étouffa et ainsi, personne ne l'entendit.

Personne ne perçut ce hurlement, ce cri du cœur et de l'âme.

Recroquevillée sur elle-même, elle garda les yeux grands ouverts. Incapable de fermer de nouveau les paupières. Incapable de chercher de nouveau le sommeil.

L'alarme cessa. Et la pluie s'arrêta d'un seul coup. Plus de martèlement sur sa joue.

Un oiseau dans le ciel.

Le vent qui bruissait.

La vie.

Et ce mot.

Ce prénom.

Ce fil invisible. Lui aussi étouffé par l'océan. La femme ouvrit la bouche et l'appela.

Elle l'appela.

Encore,

Encore,

Jusqu'à ce que ses mots se tarissent et que sa gorge ne s'effrite.

Jusqu'à ce qu'il ne reste plus rien.

Arzhel. 

* * *

Gardez votre réaction finale pour la prochaine partie de remerciements qui arrivera en fin de journée ❤️

WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant