WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]

4. Lothar

Quelques heures plus tôt,

Camp de Terras, Chef Blair

Je savais quelle était la cabane qui abritait le chef de ce camp de Terra. Je les connaissais pratiquement tous, sur le territoire entier de l'Australie. À une époque, je m'étais fait un devoir d'aller tous les visiter, de voir comment se déroulait la vie dans ces camps tous aussi différents que l'était leur chef. Parce que, malgré leur besoin de liberté face au pouvoir de l'Empereur, il restait des lycans. Des ouailles de notre Kaizer qui se baladaient naturellement sur le territoire, pensant échapper à notre visibilité. Hors de question.

Je n'avais pas traversé la mort et le feu pour qu'Aslander ait des idiots sur le territoire. Ce n'était pas le but et je n'avais pas envie qu'on lui plante un nouveau couteau dans le dos. À quoi bon ? Le pays allait bien et l'Empereur aussi.

Le lycan de Takashi se frotta contre mes jambes en grognant doucement et je lui grattai l'oreille, voulant le rassurer. Nous avions déjà fait ça plusieurs fois et ce n'était pas Thatcher lui-même qui allait m'arrêter. Il fallait bien comprendre une chose dans tout ça, c'est qu'il était nécessaire pour nous de garder le maximum de Terras du bon côté de la ligne.

Les laisser devenir des Rebelles et des Déserteurs n'était pas notre but. L'idée même d'avoir deux côtés dans une Rébellion était vraie et pouvait s'avérer très dangereuse lorsqu'on ne savait pas comment s'en occuper.

Je passai devant quelques petites cabanes qui semblaient avoir été construites il y a un certain temps déjà. Le camp de Blair était installé ici depuis quelques années et il avait souhaité y rester. Le seul problème qui semblait se présenter était Kairos.

Enfoiré de Kairos, aurais-je dû dire.

De connivence certaine avec Thatcher pour élaborer des plans mirobolants afin de destituer Aslander. Comment vous dire que je les tenais en joue et que je n'hésiterais pas à faire feu s'il le fallait. Peu m'importait l'étiquette et peu m'importait le respect des règles.

Kairos était intouchable depuis des siècles maintenant et cela commençait à m'agacer. Arzhel avait beau me faire la morale là-dessus, je savais qu'il tentait de faire du mal aux camps de Terras qui voulaient simplement vivre en paix. Évidemment, il était vieux et il savait ce qu'il voulait, donc forcément il tentait par tous les moyens de ne pas se retrouver au milieu du conflit et surtout de ne pas se salir les doigts.

Je passai une dernière cabane avant de trouver celle de Blair. La lumière illuminait de façon diffuse l'intérieur. Je ne frappai pas, me contentai d'entrer avec Takashi sur mes pieds littéralement pour me protéger en cas d'attaque. Blair ne m'attaquerait pas. Il n'était pas de ce genre-là, d'où le fait de ma présence. Blair n'avait jamais posé de problèmes et pourtant, je le sentais nerveux et à bout de forces. Comme si on lui pompait son énergie sur un autre plan que le camp.

Et j'étais loin d'être naïf.

Le fait que Kairos soit en chemin pour ce camp voulait tout dire. Si vous preniez un gentil et que vous lui colliez un méchant aux fesses, éventuellement, si ce méchant était plutôt bon dans la contrainte, il finirait par retourner la tête du gentil. Et le gentil deviendrait méchant. Ce n'était pas compliqué à comprendre, c'était juste compliqué à prouver.

Kairos faisait tout pour que je ne puisse pas l'inculper.

Tout.

Et il y arrivait le salaud.

Blair était assis à son bureau. Une petite desserte qui semblait remplir le rôle de rangement aussi bien que de support pour écrire quelques lettres. Blair reposa son crayon et me regarda du coin de l'œil en soupirant.