3. Lothar

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Ma nuit avait été agitée. Ça devait se lire sur mon visage, car personne n'était encore venu s'installer à côté de moi à la longue tablée prévue pour les petits déjeuners et les repas. Je maugréai dans ma barbe, tout seul, abandonné par mes deux bébés qui se trouvaient je ne savais où. Comme d'habitude, quand j'avais besoin d'eux, ils n'étaient pas là.

— Tu fais peur, remarqua la jolie voix d'Ansara.

Je relevai mon regard sur elle et frottai mon menton, d'un air songeur.

— Des nouvelles d'Ashika et de Joshua ? marmonnai-je.

— Les blessures sont guéries, répondit Ansara en s'installant en face de moi. Les esprits s'apaisent et doivent continuer de se soigner.

— Rappelle-moi ton âge, jeune fille, grommelai-je. Pourquoi parles-tu comme si tu en avais cent ans de plus.

— Je ne suis pas si petite que ça, rétorqua-t-elle en plantant sa fourchette dans son pancake tout frais.

Je haussai un sourcil et attendis. Elle poussa un soupir.

— Comparé à toi peut-être, mais comparé à d'autres, je suis une adulte.

— Une jeune adulte, corrigeai-je en pointant ma fourchette vers elle. Ce qui ne te laisse pas beaucoup de places pour faire des bêtises, suis-je clair ?

Elle leva les yeux au ciel.

— Oui papa, ricana Ansara.

Je fis la moue, mais elle commença à manger, m'empêchant ainsi de répliquer. Nous mangeâmes rapidement et nous fûmes même rejoints par quelques Earhjas courageuses. Je les saluai toutes une fois que j'eus fini et me faufilai à la recherche de mes zouaves.

Je tombai sur Mamaragan qui tenait un livre, marchant d'un pas sur vers moi. Je relevai mon visage vers le long couloir et vis Siobhane marcher tranquillement au bras d'Aslander. Ils relevèrent leur regard sur moi en même temps que Ragan me tendait son livre.

— Animaux, dit-il d'un ton ferme.

— C'est l'idée, marmonnai-je en le faisant pivoter pour retourner vers Siobhane et Aslander.

— Tu es un monstre, maugréa Ani en récupérant le gamin sur sa hanche.

Siobhane me salua et pressa mon bras.

— Alors tu t'en vas ? souffla-t-elle.

— On va bouger un peu oui, une fois que j'aurais retrouvé mes bébés à moi. Tu t'occupes de celui-ci d'accord ? minaudai-je.

— Je veux un rapport rapidement sur la situation du Camp, remarqua Aslander. Je veux savoir si je peux mettre des bâtons dans les roues de Kairos. Le plus vite possible.

— Ce sera fait, dis-je en inclinant brièvement la tête.

J'étais en train de contourner la salle d'armes en me disant que j'y trouverais Ashelia et Rasler, mais je n'y trouvais que Gauvain qui roulait des épaules et enchaînait des mouvements d'art martial. Il se figea en me sentant entré. Depuis qu'il savait ce que le Fief de Warren gardait caché, il était dans un état très tendu. Peut-être même un peu trop.

Gauvain était un parmi tant d'autres Chevaliers à être venu ici pour vivre avec Aslander. Gauvain était aussi un parmi tant d'autres à s'évertuer à garder sa loyauté intacte.

Et avec une loyauté venaient les sacrifices.

— Lothar, dit-il en s'inclinant, sa natte blonde glissant sur le devant de son corps.

WHISPERS T2 The Whisper of my shadow [Terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant