Chapitre 84

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Avait-il mal entendu ? Le sang du surnaturel ne fit qu'un tour. La cœur battant au tout rompre, il usa de sa force vampirique pour la maîtriser et se mit à chercher des cicatrices qu'il ne souhaitait pour rien au monde trouver.

- Non... pas ça Shelby, implora-t-il.

Regardant plus attentivement ses poignets, il n'y vit aucune marque; Il les retourna par la suite, observant le dos de sa main. Aucune marque constata-t-il, il en était de même pour ses bras et ses avant-bras. Plus ou moins rassuré, espérant plus que tout se tromper, il vérifia tout de même son cou, ses chevilles malgré la réticence de la brune.

Il s'en voulait de la maintenir ainsi, elle devait sûrement se sentir sans défense comme l'avaient été ses amies mais il devait à tout prix vérifier qu'il se leurrait. Et pourtant lorsqu'il remonta sa robe sur ses cuisses la réalité le frappa. Sèche et violente.

Elle avait des cicatrices, de nombreuses marques de coupures et au milieu d'elles il pouvait voir le mot « pardon » écrit à de nombreuses reprises. Sa culpabilité n'avait pas d'égale, et pour l'exprimer l'intérieur de ses cuisses avait servir de papier à cet ancre rouge.

Cet ancre rouge au goût métallique.

Ce sang que son espèce s'arrachait, les réduisant au même titre que des animaux maltraités.

Avait-elle déjà pensé à plus ? Avait-elle déjà tenté plus ? Le jeune roi avait l'impression de voir son monde s'écrouler, il avait tout fait de travers et ça depuis le début. Il l'avait confronté sans même le savoir à ses pires tourments, l'avait forcée à lui raconter cette journée et n'avait pas mesuré à quel point son fardeau pouvait être lourd. Ça le détruisait. Mais s'imaginer qu'elle aurait pu ne pas être là, à cet instant, l'achevait.

La prenant dans ses bras puis en lui chuchotant des paroles réconfortantes, il la sentit enfin s'apaiser au bout de nombreuses minutes; Puis lorsqu'elle lui rendit son étreinte, il sut qu'elle sa crise était définitivement passée.

- Je t'ai encore fait du mal, pardon. Fit-elle la voix brisée d'avoir tant pleuré.

Ce mot résonna en Shadow comme un coup de couteau en plein cœur, lui rappelant ce qu'il avait vu sur ses cuisses et à quel point il avait fait fausse route. Serrant un peu plus la brune contre lui, le surnaturel se réfugia dans son cou où, le visage caché des premiers rayons de soleil, laissa couler ces perles d'eau salée qu'il sentait si rarement.

- Ne me demande plus jamais pardon, murmura-t-il.

Shelby comprit en sentant les larmes du vampire rouler contre son cou, qu'il les avait vues.

Il avait compris qu'elle se scarifiait.

[•••]

Installés dans le lit, le corps sa belle contre le sien, Shadow avait encore du mal à assimiler ce qu'elle lui avait raconté ainsi que ce que ça avait engendré chez elle.

Après ce moment où il avait également cédé à la tristesse, il s'était levé pour fermer les volets et se mettre au lit avec elle. Le menton reposant au sommet de sa tête, il l'enlaça plus fermement avant de poser cette question qui lui brûlait les lèvres mais dont il redoutait tant la réponse.

- As-tu essayé de te suicider ?

Aussitôt il sentit son pouls redoubler d'ardeur. Avait-il visé juste ? Cela l'apeurait comme jamais auparavant.

- Après avoir fini Jason lança un regard circulaire à la salle de bain avant de lâcher un rire cynique à la vue du cadavre de Maddie; Puis Bryan et lui s'en allèrent. Je suis encore restée figée dans cette armoire, me maudissant de toutes les façons avant d'avoir enfin le courage d'en sortir. Son petit corps à présent sans vie devenait déjà rigide, ce qui confirma que je n'avais pas rêvé et que ça c'était véritablement passé.

- L'odeur de son sang ne m'était plus supportable et je cédai à la plus grosse nausée de toute ma vie. J'ai vomis mes tripes dans cette cuvette, ce j'ai vu avait été immonde. Après ça c'est le cœur au bord des lèvres que je suis descendue pour voir Kaily; Elle aussi était nue, la bouche en sang avec de nombreux coups de couteaux qui parsemaient son corps. Lorsque j'ai tendu la main pour balayer sa chevelure qui m'obstruait la vue, j'ai senti quelque chose de légèrement froid sous mes doigts et qui était emmêlé à ses mèches.

- C'était sa langue.

Se recoquillant un peu plus sur elle-même, elle poursuivit.

- Il la lui avait coupée, certainement parce qu'il ne supportait plus de l'entendre. Si j'étais déjà arrivée à saturation, avoir sa langue dans ma main fut la goutte de trop, j'étais anéantie d'avoir assisté à leur meurtre. C'est à ce moment que j'ai eu ma première crise, la première d'une longue série, ainsi qu'un enchaînement de nuits sans sommeil, d'heures entières à revivre cet après-midi, sous les yeux de ma pauvre mère.

- Personne n'était là pour me calmer, seules la douleur et la culpabilité m'accompagnaient à chacun de mes actes. Ce sont elles qui m'ont accompagné lorsque je me faisais du mal en frappant de toute mes forces contre murs et sols tant je souffrais de mon impuissance; Ce sont elles qui m'accompagnaient lorsque je m'arrachais peau et cheveux; Et ce sont toujours elles qui m'accompagnaient lorsque je suis allée chercher cette lame et que je me suis scarifiée pour la première fois, suppliant pour le pardon de ses amies.




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L'âme sœur d'un surnaturel Où les histoires vivent. Découvrez maintenant