Chapitre 40 ⋅ Oaristys

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Du fluff, du fluff, et encore du fluff. Et quelques allusions sexuelles, aussi. En espérant que la longueur de ce chapitre – un pavé de pas moins de 5600 mots, pour l'avant-dernier – compensera un tant soit peu la semaine de décalage pour la publication. Merci à vous, chers lecteurs, de lire et d'aimer cette fanfiction, vous êtes géniaux 💖

Les étoiles scintillaient faiblement dans la nuit. Lucioles. Étincelles. Feux follets. Elles avaient l'air de tout et de rien, sur le plafond éternellement gris et fade. C'était les seules touche de couleur de la pièce, à vrai dire, lueurs d'espoir et de réconfort dans les sombres nuits que Tokyo réservait à Fusae. L'adolescente n'avait jamais aimé sa chambre chez son père : elle la trouvait sans saveur, et pas seulement pour l'absence totale et quelque peu volontaire de décoration. Quand elle arrivait, ses affaires se cantonnaient au sac de voyage toujours déposé au pied de son lit, et elle veillait à toutes les récupérer avant de partir, ainsi qu'à bien nettoyer derrière elle, comme pour effacer toute trace de son passage dans la capitale. Cette chambre était aussi impersonnelle qu'une chambre d'hôtel, une simple escale où elle était obligée de venir un week-end par mois et avec laquelle elle refusait de créer la moindre attache. Or ces étoiles en plastique, là-haut, étaient la seule exception à la règle.

— C'est donc ici que tu étais quand tu m'as appelé l'autre soir, Sae-chan ~

Son regard se tourna vers Tooru, dont la voix avait vibré à travers elle avant d'atteindre ses tympans en raison de leur proximité – ce lit simple était définitivement trop étroit pour eux deux, et elle n'était pas tout à fait sûre de vouloir s'en plaindre. Depuis combien de temps étaient-ils allongés là, côte à côte ? Depuis combien de temps contemplaient-ils cette Voie lactée de fortune sans un mot, l'esprit perdu dans la chaleur de l'autre ? Depuis combien de temps le fil de la nuit leur avait-il tout simplement échappé ?

— Hum, acquiesça-t-elle dans une moue pensive. C'est parce que ma sœur et Yuna étaient occupées, que je t'ai appelé, hein.

— Ah, donc j'imagine que c'est aussi parce que ta sœur et Yuna étaient occupées que tu m'as embrassé dans la grande roue tout à l'heure ?

Taquinerie, taquinerie... Il ne manquait plus que la sempiternelle pichenette-caresse sur la joue pour ponctuer cette réplique. Dans un soupir qui se voulait excédé, Fusae roula sur le côté pour lui faire face, glissant une main sous son oreiller pour s'y appuyer distraitement. Elle sut à ce petit sourire qui frémissait au coin de ses lèvres que le volleyeur l'avait remarquée, pourtant il ne tourna pas tout de suite la tête vers elle. Son regard malicieux continua plutôt de parcourir le plafond, insensible à ses yeux acier rivés sur lui à y perdre la raison.

Il était éblouissant ce soir. La sombreur de la nuit donnait à son teint une pâleur opaline dont, même avec toute la volonté du monde, l'artiste n'aurait pas su nier la splendeur. Au coin de sa mâchoire, son discret grain de beauté demeurait visible au gré des lueurs du ciel, petite tâche brune sur ses pores aux éclats d'argent. Plus haut, la courbe de son sourire reflétait la rondeur de la lune, irrésistible, presque aussi sucrée pour ses yeux qu'elle l'avait été pour ses lèvres les deux fois où ils s'étaient embrassés. Fusae frémit doucement au souvenir de ces baisers, sans détourner le regard pour autant.

— Les étoiles ne sont pas assez jolies pour que tu me mates à la place, petite voisine ? la railla cette voix chantonnante qu'elle redoutait autant qu'elle la chérissait.

— Je les connais par cœur, ces étoiles, bougonna-t-elle pour toute réponse, les joues déjà brûlantes d'embarras – et peut-être d'autre chose, aussi.

— Alors que moi, je suis un parfait inconnu, c'est ça ?

L'ironie sous-jacente dans sa voix lui arracha un sourire, mais la noiraude n'eut rien le temps de répondre, puisque son voisin prit appui sur son coude pour rouler lui aussi sur le flanc. Leurs prunelles se heurtèrent dans la pénombre striée de lumières urbaines, et tout l'air que les poumons de Fusae renfermaient s'échappa dans un soupir tremblotant.

La Fenêtre d'en face |HQ!!|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant