Il fallut à Fusae près de vingt-quatre heures pour se rendre compte qu'un de ses carnets à dessin manquait à l'appel. Lorsque vint ce moment fatidique où, en rentrant des cours, elle prenait place sur le rebord de sa fenêtre avec son matériel de dessin, ses plans furent considérablement reportés par l'absence de son carnet vermillon. La lycéenne eut beau retourner toutes ses affaires, vider son sac de cours, puis chercher derrière et sous sa commode où elle l'abandonnait d'habitude, il demeurait introuvable. Plus de petit calepin où esquisser le profil de son charmant voisin.
La peur lui glaça le cœur. Si ce qu'il contenait n'était pas très compromettant, le cahier recensait au moins une trentaine de portraits d'une seule et même personne à qui elle n'avait jamais parlé, et la noiraude n'avait que moyennement envie de le voir tomber entre de mauvaises mains. Que ce soit celles de sa mère ou de sa sœur, notamment, car elles pouvaient reconnaître le modèle, ou bien d'Oikawa lui-même. Fusae secoua la tête ; il fallait qu'elle mette la main sur ce carnet.
— Eh la morue, y'a maman qui... Wow, c'est quoi ce bordel ?
L'interruption de cette voix fit sursauter la jeune fille, qui poussa un soupir agacé en se redressant. Comme si elle avait besoin de ça maintenant... Minako se tenait à l'entrée de sa chambre et observait, les yeux écarquillés, le désordre que sa cadette avait semé dans la pièce.
— Rien, je cherche un truc... T'aurais pas vu un carnet à dessin rouge orangé, des fois ?
— Un carnet ? Euh... non, pas que je me souvienne. C'est ça que tu cherches ?
Fusae acquiesça, avant de reprendre ses recherches.
— Je le trouve plus. Je sais que je l'avais hier, parce que j'ai dessiné dedans, mais plus moyen de mettre la main dessus.
— Arf, c'est con, fit Minako avant de s'esclaffer bruyamment.
— Humpf, se renfrogna l'autre. Qu'est-ce que tu fais là, d'ailleurs ? Tu devais pas sortir Kabu ?
Le silence lui répondit, plus éloquent que jamais. Interloquée, Fusae daigna lever les yeux de sa panière à chaussettes pour dévisager l'aînée, qui se dandinait d'un pied sur l'autre avec embarras.
— Justement, grimaça-t-elle en glissant une mèche de cheveux derrière son oreille. Kyo-kun m'a proposé d'aller dîner avec lui ce soir, et maman demande si tu peux...
— Oh non, c'est mort. Non, je peux vraiment pas, là.
— Steuplait, je te revaudrai ça Fusae !
— Mais je...
— S'il te plaît.
Sur ces mots couinés dans un ton implorant, l'aînée enjamba deux tas de vêtements et le sac de cours de la lycéenne pour se planter devant elle. Elle lui attrapa les mains pour l'inviter à se relever, ce qu'elle fit un peu à contre-cœur.
— Je te paierai ce que tu veux, expliqua-t-elle, une moue soucieuse sur les lèvres. Mais c'est peut-être la dernière fois que je le vois avant de retourner à Hakodate, et j'aimerais en profiter.
Pendant de longues secondes, Fusae ne pipa pas mot et considéra son unique sœur avec attention. Ainsi, elle put remarquer ses joues rosées et le fin trait d'eye-liner qui décorait ses yeux, ainsi que sa jolie robe à fleurs, qu'elle ne mettait que pour les grandes occasions. Minako s'était mise sur son trente-et-un pour un dîner avec son fiancé, comment pouvait-elle lui refusait une si petite chose ? Un soupir lui échappa et l'aînée dut lire dans ses yeux la capitulation avant même qu'elle ne la formule à voix haute, car elle s'illumina aussitôt.
— C'est bon, je vais voir ce que...
— Merci ! T'es géniale, je te rendrai la pareille ! s'exclama son interlocutrice sans lui laisser le temps de finir.
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La Fenêtre d'en face |HQ!!|
FanfictionFusae, lycéenne introvertie, est passionnée par le dessin. Chaque soir, elle dessine à son insu des portraits d'Oikawa Tooru, un inconnu au charme irrésistible qui habite dans l'immeuble en face du sien. Rien ne les destine à se croiser, jusqu'au so...