Chapitre 21 ⋅ Requête

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« Hey. Désolé de glisser dans tes mp comme ça, je voulais te parler samedi après le match mais comme vous êtes partis un peu vite avec Oikawa (et j'espère que tu vas mieux d'ailleurs), je passe par là.

Je voulais m'excuser pour la dernière fois, où j'ai dit que t'étais une tarée de fangirl. Je savais pas que c'était toi, et même si c'est pas une excuse, j'vois bien que t'en es pas une. Et même si t'étais une fangirl, ça regarde que toi, j'suis personne pour juger. C'est juste... pas mon truc. Du coup voilà, j'suis désolé, j'espère que mes mots t'ont pas trop blessée.

P.S. : tes dessins pètent la classe (même quand c'est cet abruti d'Oikawa) »

Fusae garda longuement le regard rivé sur le message d'Iwaizumi Hajime. La sonnerie de fin des cours avait retenti quelques minutes auparavant dans l'établissement, mais elle demeurait immobile, encore assise à son pupitre. Contrainte de se mettre au travail pour ne plus s'attirer les foudres de son vieux professeur de mathématiques, elle avait dû enfouir ses doutes au fond d'elle-même le temps du cours. Et même si elle avait réussi à oublier la plupart de ses soucis, ce message l'avait travaillée toute l'heure. Or maintenant qu'elle l'avait sous les yeux, elle ne savait plus trop quoi en penser. Bien sûr, elle avait été blessée par ses mots, mais ça lui était vite sorti de la tête. Alors de là à dire qu'elle lui en voulait ? Elle n'en savait trop rien.

— Oï, Fusae, tu dors sur place ? l'interpella Yuna depuis la porte, et ça la tira de ses réflexions.

— J'arrive, j'arrive, s'empressa-t-elle de répondre en jetant ses affaires en vrac dans son sac de cours pour la rejoindre au pas de course.

— T'es vachement à l'ouest aujourd'hui, c'est ton beau voisin qui te fait cet effet-là ?

— Quoi ? Mais non !

Bien que discrète, la protestation attira quelques coups d'œil curieux et celui, plus grivois, de sa meilleure amie. Elle se reprit en secouant la tête.

— Je sais pas, j'arrive pas à me concentrer aujourd'hui, avoua-t-elle dans une grimace. En plus, Takahashi-sensei m'a pas lâchée du cours...

— Ah ça... J'crois que le seul truc qu'il déteste autant que les téléphones c'est sa belle-mère, donc tu peux pas y faire grand chose.

L'adolescente haussa les épaules et acquiesça sans grande conviction. Elle le savait, pourtant, que les portables étaient interdits pendant les cours, mais elle n'avait pas pu s'en empêcher. Et elle en avait payé les conséquences par la suite avec leur professeur, dont la principale passion était de détester la technologie. Toute cette histoire pour un simple message, auquel elle ne savait même pas quoi répondre. Elle soupira.

— Sinon, t'as réfléchi pour ton voisin ? s'enquit sa meilleure amie, au moment où elles changeaient de chaussures dans le genkan de l'établissement.

— C'est-à-dire... ? fit l'artiste, méfiante de ce que Yuna pouvait encore lui sortir comme sous-entendu.

— Tu comptes aller lui demander de l'aide ? Pour apprendre à jouer au volley, je veux dire.

— Je sais pas...

Fusae s'interrompit un instant le temps d'enfiler son deuxième soulier, en équilibre instable sur un pied, avant de poursuivre une fois qu'elle eut fermé la porte de son casier.

— Je suis pas sûre qu'il acceptera, avoua-t-elle avec détachement. J'ai cru comprendre que son club lui prenait beaucoup de temps avec les matchs qu'il doit jouer bientôt.

— Moh, fit Yuna d'un ton exagérément attendri. Il trouvera bien un peu de temps pour sa petite voisine, non ?

Si elle roula des yeux à l'évocation du surnom affectueux qu'Oikawa lui avait attribué, l'artiste marmonna un « j'en doute » peu enthousiaste qui fit rire sa meilleure amie. Puis, comme cette dernière avait prévu de faire la route du retour avec son nouveau petit-ami, les deux lycéennes se séparèrent dans un signe de la main. Fusae sortit du bâtiment pour s'engouffrer dans le froid mordant de l'automne, et remonter la grande allée jonchée de feuilles mortes qui menait à la rue. Un frisson la poussa à resserrer sa veste autour d'elle, et elle songea un instant à la main de son voisin qui lui avait tenu chaud sur la route d'Aobajohsai le samedi. Même si ça n'avait été qu'une façade, elle se dit que dans l'immédiat, elle aurait bien aimé l'avoir à disposition, cette chaleur. Ça n'aurait pas été désagréable sous cette météo capricieuse.

La Fenêtre d'en face |HQ!!|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant