Les cours du lendemain se déroulèrent exactement comme Oikawa l'avait prédit. Si certes, la recette du jour en cours de cuisine avait été un katsudon plutôt que des cookies, il fut difficile pour Fusae de s'arracher son voisin de la tête. Cette fois, loin d'elle l'idée de le dessiner – et ça la surprit elle-même, d'ailleurs : elle ne pensait plus à ses jolies boucles brunes, à ses traits délicats ou aux détails qu'elle avait aperçus la veille. Pour l'heure, la seule chose qui l'obsédait, c'était ce maudit match amical. D'un naturel peu sportif, elle n'était déjà guère enthousiasmée par l'idée d'assister à un match de volley, mais elle l'était encore moins par celle de hurler son prénom depuis les gradins pour l'encourager. Il fallait qu'elle trouve une excuse pour y échapper. Ça la tarauda à tel point qu'elle brûla son bouillon en cours de cuisine et renversa de la sauce soja sur sa chemise à midi. Vraiment, ce garçon ne lui apportait que des ennuis.
— T'es sûre que ça va, meuf ? s'enquit Yuna lors de la pause déjeuner, après l'avoir vue enchaîner les gaffes toute la matinée.
Elles étaient attablées à leurs pupitres, dans leur salle de classe principale. La pièce était d'ailleurs en émoi, tant les élèves étaient excités par les préparatifs de la fête du sport. De nombreuses suggestions étaient écrites au tableau, présentant autant d'intérêt pour Fusae qu'un sac plastique sur une voie ferrée. Elle s'en détourna en soupirant.
— Ouais ouais, je suis juste... distraite.
— Juste un peu ? T'as raté la cuisson de ton dashi alors que c'est genre le truc le plus simple à faire dans la recette... laissa-t-elle échapper dans un petit rire. C'est ton nouveau mec qui te rend comme ça ?
— C'est pas mon mec, s'empressa-t-elle de le corriger en maugréant.
— Oui, mais c'est à cause de lui que t'es dans la lune, visiblement.
La jeune artiste haussa les épaules pour toute réponse, en picorant dans son bento du bout des baguettes. Sa meilleure amie gloussa et engloutit son dernier morceau de saumon, une lueur malicieuse dans le regard, mais n'insista pas.
— Bon, comme tu veux... mais occupe-toi de ton portable qui arrête pas de clignoter là, ça me stresse.
Si elle roula des yeux pour la forme, amusée, Fusae s'exécuta. Plusieurs notifications se succédaient sur son portable, principalement de réseaux sociaux lambda qu'elle fit défiler sans plus d'attention. Un message entrant s'ancra cependant sur sa rétine, l'intriguant plus que nécessaire – qui envoyait encore des SMS ? Le numéro inconnu qui s'étalait au-dessus piqua sa curiosité. Au fond de son esprit, une voix chantonnait qu'elle en connaissait déjà l'expéditeur. Et ses doigts se murent d'eux-mêmes pour l'ouvrir :
« Hellooo Sae-chan, j'espère que t'as pensé à moi pendant ton cours de cuisine ♥ Pour info, le match de samedi commencera à 14h ~ »
Ses yeux s'écarquillèrent au fur et à mesure de la lecture et le sang lui monta aux joues plus vite que le mercure d'un thermomètre dans une casserole d'eau bouillante. Qu'est-ce que c'était que ce message ? Cette familiarité ? Ce cœur ? Si abasourdie par ce qu'elle avait sous les yeux, elle mit un certain temps à s'apercevoir qu'Oikawa n'avait même pas signé son SMS – bien qu'il n'en aie pas besoin pour faire comprendre que ça venait de lui.
— Qu'est-ce qu'il y a ? remarqua aussitôt Yuna en se redressant sur sa chaise, curieuse comme un chat.
— Rien, je... c'est juste mon voisin qui m'a envoyé un message.
— Il t'envoie des messages ? Et tu rougis ? Oh, fais voir, fais voir !
— Non ! s'exclama-t-elle, et elle éloigna le smartphone quand elle tenta de l'attraper. C'est rien, il me donne juste l'heure pour le match de samedi, en plus.
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La Fenêtre d'en face |HQ!!|
FanfictionFusae, lycéenne introvertie, est passionnée par le dessin. Chaque soir, elle dessine à son insu des portraits d'Oikawa Tooru, un inconnu au charme irrésistible qui habite dans l'immeuble en face du sien. Rien ne les destine à se croiser, jusqu'au so...