La mère de Tooru était une femme éblouissante, dans tous les sens du terme. Plus grande que la moyenne, avec une silhouette de guêpe, de longs cheveux bruns et soyeux, et un visage de poupée aux traits joliment sculptés, il n'y avait aucun doute sur sa parenté avec le capitaine d'Aobajohsai. Même sa façon de parler et de bouger dans l'appartement, en fredonnant une chanson récente au titre imprononçable, évoquait celles, certes moins féminines et plus réservées, de son fils maniéré. Aussi, lorsque ce dernier annonça qu'il était rentré et qu'elle pivota vers Fusae et lui, un sourire radieux sur les lèvres, la jeune artiste ne put que constater que les chiens ne faisaient en effet pas des chats.
— Maman, je te présente Ichihara Fusae.
La façon dont son prénom roula sur la langue d'Oikawa la fit frémir, d'autant que c'était la première fois qu'elle l'entendait le prononcer en entier. Il avait lâché sa main depuis qu'ils étaient entrés dans son immeuble, par souci de simplicité pour monter les escaliers, mais c'était comme s'il la tenait encore un peu. En tout cas, c'est l'impression qu'elle avait avec ces étincelles qui brûlaient dans sa poitrine. Ça lui donna le courage de sortir de son mutisme : elle se courba machinalement devant l'adulte qui la regardait curieusement.
— Bonjour, madame, la salua-t-elle.
— Ichihara ? répéta l'adulte, tout en fronçant le nez sans que ça ne parvienne à l'enlaidir. Oh, tu es la fille de Chise-san, non ? Je me disais, tu lui ressembles beaucoup.
L'adolescente se redressa, le visage confus. Même Tooru à côté d'elle semblait surpris. Elle aussi connaissait sa mère ? Et l'appelait par son prénom, qui plus est ? Y avait-il une seule personne qui ne sache pas qui c'était, dans ce fichu quartier ? Le compliment la fit cependant rougir doucement ; là où on lui faisait d'habitude remarquer sa ressemblance avec son père, ici ça changeait du tout au tout, et ça n'était pas pour lui déplaire.
— Quoi ? Me regarde pas comme ça, Tooru, je vois souvent sa mère au supermarché et on discute, fit sa mère dans un haussement d'épaules, avant de désigner la silhouette de Fusae derrière lui. Vous aussi, vous discutez bien, les jeunes.
— Donc Sae-chan, voici ma mère, soupira le volleyeur, un poil embarrassé, tandis que l'interpellée s'empourprait au fil des secondes – cette dame n'avait décidément pas sa langue dans sa poche.
— Appelle-moi Rei, c'est plus simple. Et fais-la entrer Tooru, on ne laisse pas les invités dans le genkan !
S'il grogna pour la forme, alors même que sa mère s'éloignait dans le couloir, Tooru s'exécuta. Il se retourna à demi vers elle pour lui décocher un sourire malicieux, et l'invita à le suivre dans l'appartement. Fusae lui emboîta le pas dans un sourire. Leurs mains se frôlèrent sur le chemin de sa chambre, et elle crut un instant que leurs doigts allaient s'entremêler, mais à la dernière seconde, juste avant qu'il n'ouvre la porte, son voisin fit volte-face. Ce fut si soudain que la jeune fille failli lui rentrer dedans, et le volleyeur la stabilisa d'une main sur l'épaule avant qu'elle ne se casse la figure.
— Ma mère va te poser plein de questions, déclara-t-il soudain, lorsqu'elle leva un regard interrogatif vers lui.
— A-ah ? couina-t-elle, les joues pétillant de rose – ils étaient proches, trop proches pour qu'elle en fasse abstraction.
— Rien de méchant, t'en fais pas, elle est juste curieuse. Mais je préfère te prévenir avant que tu ne t'imagines des choses.
Les rougeurs ne disparurent pas, mais cette dernière phrase parvint à l'intriguer, et elle fronça les sourcils.
— Que... quel genre de chose ?
— Je sais pas, sourit-il, avant de lui administrer une pichenette sur la joue. Mais t'as une imagination débordante, donc j'anticipe ~
VOUS LISEZ
La Fenêtre d'en face |HQ!!|
FanfictionFusae, lycéenne introvertie, est passionnée par le dessin. Chaque soir, elle dessine à son insu des portraits d'Oikawa Tooru, un inconnu au charme irrésistible qui habite dans l'immeuble en face du sien. Rien ne les destine à se croiser, jusqu'au so...