J'ai bien cru que je ne viendrais jamais à bout de ce chapitre. 4 000 mots, le plus long que j'ai jamais écrit, en espérant que ça compense mon léger retard pour cette semaine. Bonne lecture ~
L'or du soleil filtrait par la fenêtre dans de larges rais de lumière. C'était inhabituel pour un mois de novembre déjà bien entamé : là où la grisaille s'étendait à perte de vue depuis des semaines, un ciel azur surplombait la ville ce jour et apportait du baume aux cœurs meurtris par la mélancolie de l'automne. Le redoux l'accompagnait, tiède, langoureux, à en abandonner écharpes et polaires dans un accès d'inconscience, et même le vent s'était arrêté de souffler pour quelques jours. On y était. L'été indien venait de faire son entrée à Sendai.
Fusae se redressa légèrement de la commode contre laquelle elle était assise, puis leva les yeux vers son voisin affalé sur le matelas. Tooru feuilletait de vieux carnets à dessins, sur lesquels il avait mis la main un peu plus tôt dans la semaine sans qu'elle ne sache réellement comment, entre deux coups d'œil narquois lancés par-dessus son épaule. Elle sentit ses lèvres frémir sous cette même émotion qui la torturait depuis bien des jours déjà ; combien de fois était-il venu cette semaine ? Et la semaine précédente ? Quand il n'était pas là, sur ce lit, à la taquiner et fouiller sa chambre du regard, Oikawa s'entraînait au volley avec Iwaizumi, à en croire leurs stories Instagram. Or même en étant très moyenne en maths, et en recomptant trois fois pour s'en assurer, la jeune fille pouvait affirmer sans se tromper que le volleyeur passait beaucoup plus de temps avec elle que sur le terrain.
— Dis, tu veux pas qu'on sorte, Sae-chan ?
L'intéressée battit des cils, et son regard hébété accrocha celui plus moqueur de Tooru à quelques pas d'elle. Il avait abandonné le cahier d'esquisses pour se redresser sur un coude, dans une pose lascive qui l'inspira autant qu'elle lui fit redouter le pire. Non sans raison, à vrai dire :
— À moins que tu ne comptes passer l'après-midi à me mater ?
— Je te matais pas, marmonna-t-elle aussitôt en gonflant les joues.
Il ricana et roula sur le côté pour mieux la narguer des yeux. Fusae inspira avec appréhension, le regard irrémédiablement attiré vers l'endroit où il s'appuyait – son oreiller porterait à nouveau son odeur ce soir. Un soupir indéfinissable franchit la barrière de ses lèvres ; encore une nuit aux fragrances de cannelle et de miel.
— Ah la la, t'es mignonne quand tu essaies de raconter des mensonges, mais absolument pas crédible ~
Ses joues s'enflammèrent à son compliment dissimulé sous les taquineries, ce que son œil de lynx ne manqua évidemment pas. Son sourire narquois s'agrandit face à son trouble ; de toute évidence, il s'en régalait. Prenant appui sur son édredon, Tooru sauta alors sur ses pieds pour venir se planter devant la silhouette recroquevillée de sa petite voisine, qui tendit le cou pour l'interroger du regard.
— Avec le temps qu'il fait, ce serait dommage de rester enfermés, tu crois pas ?
Là-dessus, il lui tendit la main pour l'aider à se relever. Elle loucha quelques secondes dessus, puis remonta vers lui tout entier, vers ce sourire en coin et ces prunelles mordorées qui – elle en avait la folle impression – retraçaient chaque trait de son visage encore et encore. Son absence de réponse lui arracha un petit rire.
— Je te jure que c'est très difficile de ne pas s'imaginer des choses quand tu me regardes comme ça, ricana le garçon, et ça eut le mérite de la sortir de son mutisme.
— Hum, c'est bon, je te suis, éluda-t-elle avec précipitation en s'emparant de sa main tendue.
— Toujours à esquiver, hein ?
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La Fenêtre d'en face |HQ!!|
FanfictionFusae, lycéenne introvertie, est passionnée par le dessin. Chaque soir, elle dessine à son insu des portraits d'Oikawa Tooru, un inconnu au charme irrésistible qui habite dans l'immeuble en face du sien. Rien ne les destine à se croiser, jusqu'au so...