Je sais, je devrais répondre à mes commentaires et avancer dans mes autres histoires plutôt que d'écrire des bonus, mais... j'arrive pas à laisser mes bébés derrière 😔 Donc voilà, j'espère que ça vous plaira. Bonne lecture ~
Un printemps précoce pointait le bout de son nez à Sendai ce matin-là. Ça n'était que le mois de février, le vingt-deux pour être exact, et pourtant on le sentait s'installer dans ses moindres recoins. Les oiseaux sortaient de leur nid pour gazouiller sur les fils électriques, les températures grimpaient chaque jour au cœur des parcs, et un éclatant ciel bleu s'étirait à l'horizon déchiré par les immeubles. C'était un joli spectacle, celui d'un monde qui sortait tout juste de son sommeil hivernal pour retrouver ses couleurs au fil des jours. Et cette renaissance aux éclats colorés de paradis, ce panorama à attirer le regard de tous les anges du ciel, une artiste isolée sur son bord de fenêtre n'en perdait pas une seule miette.
Ô, comme Fusae aimait à regarder le ciel – au moins autant qu'elle aimait à le dessiner. Son esquisse n'était guère parfaite, à la fois similaire à l'originale et très différente sous ses traits fébriles, pourtant ça l'apaisait plus que tout de voir l'image naître sous ses doigts. C'était comme si dans sa palette de peinture elle pouvait déverser ses innombrables émotions qui ne se taisaient jamais, et par ce biais laisser libre cours à toute son imagination. Et perchée sur son nuage qui dérivait toujours plus loin, il lui fallait à chaque fois une intervention extérieure pour la ramener sur la terre ferme, comme le ballon de baudruche que l'enfant rattrape in extremis avant de s'envoler.
C'est le chuintement strident de la sonnette qui l'arracha subitement à sa contemplation, cette fois, pour la ramener dans le cocon de sa chambre dans un soupir de dépit, comme le son pourtant éteint depuis quelques secondes déjà retentissait encore dans l'appartement – et dans son esprit aussi. Bientôt la voix de sa mère suivit :
— Fusae ? Tooru est là !
L'interpelée répondit par un marmonnement que l'adulte n'entendit sans doute pas, puis son regard coulissa sur le miroir qui lui renvoya sa moue boudeuse, sa robe en laine sortie pour l'occasion et ses tresses faites à la va-vite, avant de retourner à son panorama. Un oiselet solitaire attira son attention et un peu son envie aussi : il nichait dans un renfoncement de l'immeuble d'en face, à l'abri du vent et des assauts du soleil, inaccessible ni pour les prédateurs ni pour ses congénères, et donc loin de toute perturbation. Une ou deux secondes encore, Fusae l'observa avec jalousie, avant d'abandonner son rebord et de refermer la fenêtre derrière elle – pile à l'instant où des pas retentissaient non loin.
— Sae-chan ? Je peux entrer ?
Trois petit coups sur la porte suivirent ces mots, la détournant de son paysage, et enfin le battant s'ouvrit sur le visage taquin de Tooru. Leurs regards s'accrochèrent, à lui arracher une ou deux rougeurs, puis son sourire se mua en moue sceptique lorsqu'il avisa sa mine réticente.
— T'es pas encore prête ? On va être en retard, tu sais, lui fit-il remarquer en s'avançant dans la chambre qui n'était pas sienne mais qu'il s'était appropriée au fil des moments passés ensemble.
— Je crois que je suis malade, répondit simplement Fusae.
Elle croisait les bras sur sa poitrine, comme pour réprimer les frissons qui l'assaillaient à cet instant. Aussitôt Tooru fut sur elle, une main sur son front pour vérifier sa température et l'autre sous son menton afin de la scruter avec attention.
— Qu'est-ce que t'as ? s'enquit-il d'un ton doctoral qui ne lui seyait guère, mais empreint d'une inquiétude qui la toucha plus que ce qu'elle aurait imaginé.
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La Fenêtre d'en face |HQ!!|
FanfictionFusae, lycéenne introvertie, est passionnée par le dessin. Chaque soir, elle dessine à son insu des portraits d'Oikawa Tooru, un inconnu au charme irrésistible qui habite dans l'immeuble en face du sien. Rien ne les destine à se croiser, jusqu'au so...