— Les filles sont incompréhensibles, Iwa-chan.
Un soupir, long et bruyant, franchit les lèvres du dénommé Iwa-chan. On aurait même pu jurer qu'il avait roulé des yeux s'il n'avait pas suivi avec attention le mouvement de la balle dans les airs. Dans un geste machinal, il plia les genoux pour bondir jusqu'à dépasser le filet, et le plat de sa main s'abattit sur la sphère en cuir pour l'envoyer valser de l'autre côté du terrain. Son smash fut maladroitement reçu par Watari avant d'aller rebondir contre les murs supérieurs du gymnase.
— Un peu trop fort, au temps pour moi Watari ! s'exclama l'ailier en agitant le bras pour s'excuser.
— C'est bon, Iwaizumi-senpai, très beau smash ! fit l'autre pour toute réponse.
Iwaizumi ne lui répondit pas, tournant plutôt un regard agacé en direction du capitaine de l'équipe, qui avait déjà attrapé une nouvelle balle. Il la faisait distraitement rebondir contre ses paumes et tournoyer sur ses doigts, tandis que sous ses sourcils vaguement froncés, son regard songeur se perdait sur le sol du gymnase. Ça ne fit que renforcer l'agacement du vice-capitaine :
— Oï, c'est bientôt fini les phrases débiles au moment où tu fais des passes ?
— Ah, pardon, je t'ai déconcentré, Iwa-chan ? sourit le brun d'un air angélique qui ne lui seyait guère.
— À ton avis, abruti ?
Un ricanement échappa au passeur, ce qui lui valut en prime des insultes un regard peu amène de la part de son ami d'enfance, mais il y était habitué. La plupart du temps d'ailleurs, Tooru le faisait délibérément enrager. Ça n'avait pas de prix de le voir réagir au quart de tour pour la moindre taquinerie, et au fond, même après s'être pris une mandale gargantuesque qu'il avait sans doute méritée, le brun savait parfaitement que ce n'était pas une réelle colère. Juste un accès de rage qui, à l'instar d'un orage des montagnes, disparaissait aussi vite qu'il était apparu. Or là, ça n'avait rien de volontaire, ou tout du moins, ça n'était pas son but principal. C'était juste le seul moyen de diriger la conversation sur le sujet qu'il voulait.
Oikawa n'irait pas jusqu'à dire qu'il n'avait pas la tête au volley ce soir, car c'était faux : il jouait à fond, comme toujours. Ses passes étaient parfaites, comme l'avaient été ses services plus tôt dans l'après-midi, et il se réceptionnait toujours correctement pour préserver sa patte folle. Tout se passait comme d'habitude, et chacun vaquait à son entraînement sous son regard attentif – même s'il n'en avait pas l'air, il savait se montrer digne capitaine d'Aobajohsai quand il le souhaitait. Cependant, une partie de son cerveau voyait plus loin que le volley, ce soir-là.
— J'étais en train de réfléchir, désolé.
— À ton service smashé ? s'enquit Iwaizumi de façon détachée, comme s'il s'y était attendu.
— Nope, à Sae-chan.
Si l'aveu arracha une œillade surprise à son interlocuteur, ce dernier n'eut pas le temps de faire une quelconque remarque, puisque Tooru choisit ce moment pour lui envoyer la balle. Son coéquipier grogna contre celui qui le prenait ainsi de court, mais s'exécuta malgré tout, porté dans les airs par ses réflexes de volleyeur. Il n'eut que le temps de frapper le ballon sans viser, envoyant ainsi sans le vouloir un boulet de canon sur Matsukawa un peu plus loin.
— Putain, Shittykawa ! jura-t-il en pivotant à nouveau vers lui une fois qu'il eut atterri.
— Ah, Captain-kun est d'humeur sadique ? chantonna Hanamaki, qui venait de passer sous le filet pour les rejoindre d'un pas guilleret. T'as croisé Ushiwaka dans les chiottes ou comment ça se passe ?
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La Fenêtre d'en face |HQ!!|
FanfictionFusae, lycéenne introvertie, est passionnée par le dessin. Chaque soir, elle dessine à son insu des portraits d'Oikawa Tooru, un inconnu au charme irrésistible qui habite dans l'immeuble en face du sien. Rien ne les destine à se croiser, jusqu'au so...