Chap 19 : Comment contrecarrer un sortilège sans se faire prendre ?

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Quand je sortis enfin du bureau de ma mère, j'avais en tête beaucoup plus de questions qu'en arrivant. Et pour cause, aux interrogations sur le lien qu'entretenait De Belloy et ma mère s'ajoutait, maintenant en plus, celles en rapport avec ma présence ici. Moi qui pensais que cette dernière allait enfin m'expliquer un minimum les choses maintenant que j'avais intégré Saint-Maxime et bah c'était raté. Ma mère ne m'avait rien dit. Même une fois que j'avais eu finis de corriger le tas de copie qu'elle m'avait donné et que je lui avais demandé s'il y avait autre chose qu'elle voulait que je fasse, elle était restée mystérieusement muette et s'était juste contentée de secouer négativement la tête. C'est à peine si elle m'avait regardé d'ailleurs. Et j'étais prête à parier que notre discussion antérieure sur mon professeur de combat rapproché en était pour quelque chose. J'accélérais le pas tout en essayant de calmer mes nerfs meurtris par tous cet espoir qui avait afflué quand j'avais vu le mot de ma mère. D'habitude quand maman me faisait participer à un de ses jobs, elle me confiait toujours une mission. Renseigne-toi sur tel sujet ou encore surveille un tel par exemple. Mais là, rien. Je faisais de la pure figuration, j'étais des plus inutiles, et je détestais ça. Et pourquoi Déesse avait-elle aussi prise le risque qu'on se retrouve seule à seule si son but était uniquement de connaitre mon premier ressenti vis-à-vis de l'école ? C'était à n'y rien comprendre, surtout de la part de ma mère. Elle n'était vraiment pas du genre à me demander ce que je pensais en temps normal. En tout cas, elle qui me harcelait pour que je reste le plus discrète possible, ça allait être difficile si elle me faisait appeler dès qu'elle avait trop de boulot. Je poussais un long soupirement. Visiblement j'étais condamnée à jouer à l'étudiante de CP encore un moment.

Dehors, la nuit était tombée depuis quelques heures et les couloirs étaient maintenant totalement plongés dans le noir. Seul un mince filet de lumière, à moitié caché par de sombres cumulus, avait réussi à se glisser dans le hall que j'étais en train de parcourir par le biais de la verrière qui s'étendait au plafond. Du troisième et plus haut étage où j'étais, j'arrivais à peine à deviner où se cachait la lune dans cet océan de noirceur. Pourtant, en dépit de cette obscurité aveuglante, je n'eus aucun mal à m'orienter dans les escaliers laissant discrètement mon aura s'échapper et glisser sur les rambardes et les marches qui défilaient sous mes pieds. Il fallait dire que j'étais restée plus de cinq heures à aider ma mère, tous les surnaturels de l'école avaient donc largement eu le temps de se coucher. Et puis, de toute façon, j'étais isolée de tous les autres dortoirs de là où j'étais. Il fallait absolument que je libère un peu mon énergie si je ne voulais pas être malade dans les jours à venir. Oui, au moins voir ma mère avait eu ce seul avantage pensais-je. Celui de me permettre de lâcher un peu prise grâce au sort sur sa porte qui empêchait aux personnes extérieures de la pièce de sonder les auras à l'intérieur. Et comme il s'agissait de ma mère, même si quelqu'un rentrait dans son bureau dans les prochaines heures à venir et sentait les restes d'effluves de mon aura, il l'associerait sans aucun mal à elle vu que nous partagions une magie quasiment similaire de par notre lien de sang. Ainsi, j'avais enfin pu un peu libérer ma magie et cela m'avait fait un bien fou malgré la courte durée de liberté que je m'étais octroyée. En 5 minutes à peine je descendis au rez-de-chaussée du hall principal et je me dirigeais vers l'entrée du couloir menant au dortoir des tueurs quand soudain je la sentis. Je m'immobilisais instantanément et sondais du regard le bout du couloir qui s'étendait devant moi. Parallèlement à ça et sans perdre une seule seconde, je renfermais dans mon corps mon aura. C'était bien ce que j'avais sentis au premier abord. Quelqu'un était en train de faire de la magie et une chose était sûre, à ce niveau ça ne pouvait-être qu'une sorcière. Une sorcière qui se cachait dans la section des tueurs.

Je réfléchis plusieurs minutes pour décider de ce que j'allais faire. Après tout c'était peut-être une farce entre race. Toutefois j'avais beau me trouver loin de la sorcière, je savais que le sort était très puissant. Beaucoup trop même pour être inoffensif. Je pensais aux paroles de maman. Il fallait que je me fasse petite. Je ne pouvais donc pas intervenir. Elle, elle m'aurait dit de ne pas intervenir. Pourtant je me mis à marcher droit vers la source de magie sans aucune hésitation. Il fallait que je sache. Et puis ça pouvait très bien être un sort à l'encontre de maman ou pire de moi. Qui sait peut-être m'avait-on démasqué ? L'avantage de mener à bien un sortilège dans le secteur des tueurs, pensais-je, c'était que ces derniers étaient beaucoup moins sensibles à la magie. La sorcière en question était de ce fait sûre de prendre le moins de risques possibles de se faire attraper. Alors que je n'étais plus qu'à quelques mètres de l'enchantement je ralentis le pas et me mis à réguler mon souffle et mon pouvoir. Il fallait que je sache ce qui se tramait, mais si je pouvais ne pas me faire attraper au passage c'était mieux. Beaucoup mieux même. J'avançais vers le gymnase d'un pas lent et contrôlé jusqu'à arriver pile devant la porte. La magie qui avait attiré mon attention dans le hall avait considérablement augmentée. J'entrouvris la porte battante du gymnase le plus discrètement possible. Une femme, une sorcière comme son aura me l'indiquait, était assise au milieu d'un cercle runique dessiné à la craie. Autour une trentaine de bougies brûlaient religieusement. Je bougeai la tête afin de mieux discerner les écritures au sol. Certaines runes me disaient bien quelques choses, mais je ne les avais jamais vues ainsi combinées. L'atmosphère se fit soudain plus lourde et je compris qu'il fallait que je fasse quelque chose par mesure de précaution. Un tel amas de magie était plus qu'anormal. Sans réfléchir plus que ça aux risques que je courais, je me mis à bouger les doigts. Quelques secondes plus tard, je réussis à prendre le contrôle d'une partie de la magie que la sorcière était en train de réunir. C'était une infime quantité mais c'était bien assez pour ce que je prévoyais. J'articulais silencieusement des mots en grecque ancien et une petite bourrasque se forma. Je la fis traverser le gymnase d'un coup sec éteignant toutes les bougies.

Tout doucement, la sorcière sortie de sa transe et sereleva d'un geste si contrôlé que je ne pus m'empêcher de froncer les sourcils.Elle avait peur, je le sentais. Pourtant, paradoxalement, elle était aussi totalementcalme si on omettait sa respiration fuyante qui sifflait dans le silencereposant de la nuit. Debout, complétement immobile au centre de son étrangecercle runique, elle scannait maintenant silencieusement les environs poursavoir si l'échec de son sortilège était dû à l'intervention de quelqu'un oujuste d'une erreur de sa part. Je laissais sa magie me traverser sans lamoindre résistance et la moindre appréhension. Techniquement, si je maintenaisle contrôle complet de mon aura elle ne pourrait pas me sentir. En effet, commej'avais infiltré son enchantement et que je m'étais servi de son pouvoir, jen'avais pas eu besoin d'avoir recours au mien et il n'y avait donc aucune tracede mon aura dans l'air par conséquent. Le temps passa et aucune de nous deux nefit un geste. Visiblement la sorcière avait du mal à se résoudre à l'idée quec'était elle qui s'était trompée quelque part. De mon côté, je ne pouvais pastout bonnement me montrer et la confronter. C'était trop dangereux. Maisvisiblement il en était aussi de même pour elle d'une certaine manière puisquemadame avait pris soin de se cacher sous une longue cape noire qui m'empêchaitde discerner ne serait-ce que le bout de ces chaussures. Tout d'un coup, ceschaussures à talons cognèrent contre le sol tandis qu'elle se dirigeait versl'autre sortie du gymnase d'un pas sûr et pressé. C'était vraiment étrange.Quelque chose dans son comportement me chiffonnait. Je la regardais s'éloignersans la retenir, toujours caché derrière la porte légèrement entrebâillée.Personnellement je n'avais qu'une envie, la suivre, afin de comprendre ce quim'interpellait chez cette sorcière, mais j'avais déjà fait suffisamment debêtises ce soir.

Surnaturelle, tome 1: SAVOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant