Surnaturelle, tome 1: SAVOIR

Chap 54 : Comment protéger ses amies ?

Je me redressais et regardais fixement la porte derrière laquelle se trouver les trois auras. C'était suicidaire, je le savais. Le mieux était de prendre Casey avec moi et de la forcer à me suivre loin d'ici. Très loin. Pourtant je ne pouvais pas. Intérieurement je ne pouvais même pas imaginer le faire. Il me suffisait de fermer les yeux pour revoir le regard dévaster de Victoria cette nuit-là, les tremblements de son corps, sa respiration lancinante... Cette image d'horreur qui m'avait tant travaillé les jours d'après. Celle de ma propre image, moi petite quand des chasseurs de prime entraient chez nous alors que j'étais toute seule et que maman travaillais. Non, je ne pouvais pas l'abandonner comme ça sachant le danger qu'elle en courait. Et c'était la même chose pour Jane. Je ne lui avais jamais adressé la parole ni même approché de moins de deux mètres mais je la connaissais. Je la connaissais de par toutes les rumeurs sur sa latence, sur son incapacité à se transformer en louve. Je la connaissais par la solitude que je percevais en elle quand Alexandre ne pouvait pas manger avec elle et qu'elle s'asseyait seule à l'écart, quand tous les membres de sa race l'ignoraient quand elle parlait. Et le pire c'est que c'était une louve et que pour elle l'acceptation de sa meute était une sorte de besoin vitale. Ce n'était pas parce que son loup n'arrivait pas à s'exprimer pleinement qu'il n'était pas là. Non, elle non plus je ne pouvais pas la laisser là. Je me tournais de nouveau vers Casey. Elle ignorait tout de ce qui se passait pourtant elle me tenait toujours fermement la manche comme si quelque part elle savait que j'allais la protéger. Et elle avait raison. J'allais la et même les protéger et qu'importe quel allait être le prix de cette folie. J'étais prête à l'assumer pleinement.

Pile à ce moment-là, j'entendis un bruit derrière moi et j'eux juste l'occasion de tourner la tête vers la porte avant d'y voir sortir Mary Barlow suivi de Jane et Victoria. Mary Barlow ne sembla pas surprise de nous voir, normal elle avait dû sentir nos auras, par contre ça se voyait qu'elle n'en était pas heureuse. Visiblement nous tombions mal.

- Vous n'avez donc pas entendu la sonnette d'alarme vous aussi petites coqueberts, pesta-t-elle. Psss... Suivez-moi et dépêchez-vous. Mieux vaut ne pas trainer.

Sans m'adresser le moindre regard, elle tourna vers la droite et s'engouffra dans le couloir. Je laissais les filles me passer devant comme si de rien n'était. Il fallait que je me débarrasse du ciseau qui était planté dans ma main. Je doutais qu'elle sache où était exactement le sceau de l'enchantement qu'elle m'avait lancé mais je ne voulais pas qu'elle est le moindre doute. Surtout qu'elle devait sentir la résistance que je lui opposais depuis que je les avais plantés dans ma main. Je me mis derrière les filles et les mains dans mon dos, je sortis le ciseau le plus rapidement possible de ma paume. La douleur fut tel que j'eus du mal à maintenir un hockey de douleur que Jane sembla percevoir de par le regard qu'elle ma lança. Les mains bien cachées dans mon dos je lui adressa un timide sourire. Heureusement Victoria se chargea inconsciemment de détourner son attention.

- Qu'est-ce que vous faites encore là vous ? demanda-t-elle à Casey.

- Heu... Disons que j'ai eu un petit problème et que Artémis est venu m'aider. Et vous ? reprit cette dernière.

- On était punis, on passait la serpillière de l'autre côté de l'établissement. On n'a pas réussi à rejoindre les autres à temps et en chemin on a croisé Mme la sous-directrice Barlow qui nous a dit qu'on allait attendre avec elle s'il y avait d'autres retardataires, expliqua rapidement Jane.

- Bon au moins on est plus ou moins en sécurité.

Alors qu'elles parlaient, je ne détachais pas mes yeux une seconde du dos de Mary Barlow. Je ne comprenais toujours pas comment elle avait pu se lier à la cause de Démétrius. Elle était quand même directrice des sorcières depuis une dizaine d'années. Certes ma mère l'avait viré de sa place mais quand même. Cela n'avait rien à voir avec les étudiants de Saint Maxime. Soudain je remarquais une tache au fond du couloir et même quand nous arrivâmes à sa hauteur j'eu du mal à comprendre d'où elle venait. Quelque chose avait percuté les murs laissant d'énormes taches noires dessus, quant au sol c'était simple il n'y en avait plus. Devant Mary Barlow se trouvait un énorme trou qui donnait directement sur le rez-de-chaussée. J'étais sûre d'une chose, c'était qu'en passant par là en allant chercher Casey il n'y était pas et je n'avais rien entendu entre temps.

- Vous pouvez nous dire ce qui se passe Mme Barlow ? demanda timidement Casey.

- Oui. Pourquoi le protocole d'urgence a été déclenché ? On se fait attaquer ? renchérit Victoria.

- Je l'ignore mais il est important que nous restions prêtes à faire face à toutes éventualités, d'un geste de la main Mary Barlow combla momentanément le trou nous permettant de toute passer de l'autre côté sans difficultés. Donc arrêtez de jacasser et soyez aux aguets mes demoiselles.

A mesure que nous nous rapprochions du grand hall, les traces noirs étaient de plus en plus nombreuses. J'avais beau les scruter avec attention je ne parvenais pas à me rappeler à quoi elle me faisait penser. Pourtant j'étais sûre et certaine d'avoir lu un livre sur le sujet récemment.

- Pourquoi ne descendons-nous pas au rez-de-chaussée tout de suite pour sortir par une des fenêtres ? ce serait plus pratique. Si on continue par-là, en plus, nous allons devoir faire un détour en faisant tout le tour de hall, fit remarquer Jane.

La vice-directrice des sorcières se retourna brusquement.

- Rappelez-moi qui décide ici Mademoiselle ?

- Vous, répondit Jane après quelques secondes d'hésitation.

J'avais beau ne pas la connaitre, je perçu tout de suite à sa mine renfrognée que Jane bouillonnait intérieurement. La pauvre n'était même pas respectée avec sa propre meute alors pour ce qui devaient en résulter des autres races. Bon, de toute façon ce petit jeu avait déjà assez duré et on était proche de la sortie maintenant. Les choses sérieuses allaient enfin pouvoir commencer.

- Parfait. Donc arrêter de me faire perdre du temps à parlementer toutes les quatre, continua de grogner Mary Barlow. C'est bon ? Plus de questions inutiles ?

- Si, moi j'en ai une, m'exclamais-je en saisissant une longue barre de fer qui trainait par terre. De quel côté êtes-vous ? Celui des fédéralistes ou celui des scissionnistes Madame la vice directrice Mary Barlow ?