Chap 44 : Comment se faire convoquer dans le bureau de la directrice ?

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Je déambulais dans les couloirs de l'école, direction la cantine. C'était étrange de voir de nouveau Saint Maxime si animé quand on avait arpenté ce bâtiment abandonné pendant presque deux semaines. Certes il n'avait pas été si abandonné que ça vu que d'autre élèves avait fait le choix de rester eux aussi, mais bon. Il avait une énorme différence entre une vingtaine d'élèves et plus de 400. Et bizarrement, j'étais contente que tout soit revenu comme avant bien que le fait de pouvoir prendre sa douche sans attendre et à toute heure de la journée était un avantage non négligeable. Rien que de m'imaginer attendre qu'une douche se libère pour ensuite pester contre celles d'avant qui n'avaient même pas eu le tact de ramasser les touffes de cheveux qu'elles avaient perdu me faisaient grincer des dents. Sérieusement, comment pouvait-on se partager 5 douches entre une quarantaine de filles ? Enfin bon, au moins les cours allaient reprendre et j'avais hâte de voir si j'avais progressé en combat rapproché. Il faut dire que durant ces deux semaines de pause, en plus de mes recherches sur la mission que maman m'avait confiée, je m'étais longuement entrainé. J'avais beau y avoir réfléchit pendant des heures, il était hors de question que je reparte sans avoir fait bouffer à Angeline son petit sourire prétentieux.

Je tournais à droite quand je tombais sur Miss Amélia et Mary Barlow, la sous-directrice des sorcières. Elles étaient au bout du couloir. Pourtant à leur position je compris très vite qu'elles ne s'échangeaient pas des mots doux. Ou plutôt que Mary Barlow ne disait pas des mots doux à Miss Amélia. Je repensais à la manière dont ma mère l'avait présenté : petite, assourdissante et de l'ancien temps. A la voir comme ça, elle n'avait pas tort.

- Miss Amélia vous ne pouvez pas laisser cette faquin (= méprisable, vaniteux et malhonnête) s'occuper des demoiselles de cet établissement. Quelle image donnez-vous aux filles. Répondre aux ordres d'une criminelle !

Je retins un froncement de sourcil. Pas besoin de réfléchir longtemps pour savoir qui était la faquin en question. En même temps ça ne m'étonnait pas plus que ça. Tout le monde savait que ma mère et Mary Barlow avait du mal à s'entendre. C'était à peine si elle posait le regard l'une sur l'autre.

- Nous en avons déjà parlé Mary. Elena est une grande sorcière et à ce que je sache aucun procès ne l'a déclaré coupable de quoi que ce soit. Elle est donc à preuve du contraire innocente au nom de la loi.

- Mais c'est parce que c'est une fugitive. Vous le savez très bien. Je..., le reste de la phrase de Mary Barlow mourut dans sa bouche quand elle me vit.

Sachant que j'étais de toute façon repéré je continuais mon chemin, me rapprochant d'elles par la même occasion. Miss Amélia ne tarda pas à se retourner vers moi. Comme d'habitude, elle était parfaite. Une vraie petite poupée. Franchement, une partie de moi l'admirais. Il fallait sans aucun doute beaucoup de self-contrôle pour gérer des gens comme Hector et Mary. Et je ne parlais même pas des étudiants encore.

- Artémis ! s'exclama-t-elle.

- Je suis désolé Miss Amélia. Je ne voulais pas vous couper.

Miss Amélia vint directement à ma rencontre et posa sa main sur mon épaule. Je réprimais un frisson face à ce contact si inattendu et si froid. Le contact d'un vampire avec ma peau ranimé de très mauvais souvenirs.

- Ne t'inquiète pas mon enfant. Ça tombe à pic justement je voulais te parler. Viens. Allons dans mon bureau discuter un petit peu.

- Si vous voulez je peux vous attendre là-bas le temps que vous finissiez, lui proposais-je face au regard incendiaire de Mary Barlow.

- Nous avons justement fini avec Mary. Allez vient. Mary.

Toujours sous son étreinte, je me laissais guider en essayant de faire comme si je ne sentais pas le regard glacial de Mary Barlow posé sur mon dos tandis que nous disparitions de son champ de vision.

Le bureau de Miss Amélia n'avait pas changé depuis mon dernier passage dans son bureau. A vrai dire j'avais l'impression que ça remontait à des années mais en vrai seulement deux mois et demi s'était écoulé depuis. Si on m'avait dit que je resterais autant de temps ici, je n'y aurais pas cru. Maman s'attardait rarement plus d'un mois au même endroit surtout quand c'était à côté d'autres surnaturels. Mes yeux s'égarèrent sur la porte cachée qui menait à l'Umbra vitae mais je revins bien vite à Miss Amélia. Ce n'était pas le moment. Néanmoins une partie de moi réussis tant bien que mal à sentir les flux magiques qui s'échappaient de la bague. Ils ressemblaient beaucoup à la magie de maman. Comme quoi les liens du sang ne s'éteignaient jamais vraiment même des siècles après. Je m'assis sur le fauteuil que Miss Amélia m'indiqua de la tête.

- A vrai dire, cela fait un moment que je veux te parler malheureusement avec toutes mes occupations je n'ai pas pu me libérer plus tôt. J'espère que tu comprends.

J'hochais la tête pendant que Miss Amélia rangeait rapidement tous les dossiers en papiers qui trônaient sur son bureau.

- Alors comment se passe ton séjour chez nous ? reprit-elle.

- Ça va.

- Tu n'es pas trop perdu avec les cours ?

- J'ai beaucoup de retard sur tout ce qui est physique mais je fais de mon mieux.

Déjà je n'étais plus dernière durant les tours de pistes combat rapproché ce qui représentait une très grande avancée. Au moins si on se faisait poursuivre par des surnaturels je ne serais pas la première à me faire attraper. Après tout, ce n'était que petit pas par petit pas qu'on s'améliorait. J'étais bien placé pour le savoir.

- Oui je sais. Donovan m'a dit que tu avais du talent.

- Comment ça ? demandais-je.

- D'après lui tu as certes beaucoup moins de force que tes camarades mais tu agile et très stratège. Il est persuadé que tu feras partie des meilleurs éléments de la promo.

Pendant quelques instants j'imaginais la scène. Donovan De Belloy en train de parler de moi de la sorte à Miss Amélia. Ça paraissait tellement irréel d'un côté. Néanmoins savoir que ça avait été le cas me faisait étrangement très sincèrement plaisir.

- J'ignorais qu'il pensait ça de moi, finis je par dire.

- Il a tendance à être dure et très direct mais c'est un très bon professeur qui s'inquiètes pour ces élèves.

- Je sais.

- Tu as l'air ... fatiguée pour une étudiante qui reprend à peine les cours. Tu veux me parler de quelque chose en particulier ? me demanda Miss Amélia.

Nos yeux se croisèrent alors et je pensais à ce que maman voulait que je fasse, à la réaction des professeurs de l'établissement quand ils constateront que j'avais disparu avec ma mère et surtout à la manière dont ils le diront à mes camarades, à Casey, à Victoria, à Alexandre... A ce moment je compris que finalement je n'avais pas envie de voler l'Umbra Vitae. Je n'avais pas envie de partir d'ici. Car pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression d'avoir enfin une vie. Une vie qui se déroulait ici. Dans cette barrière magique qui entourait Saint Maxime et qui me protégeait de ces gens qui n'avaient jamais voulu de moi. Qu'est-ce que j'étais en train de faire ?

- Non. Merci, murmurais-je en essayant de masquer le dilemme intérieur auquel j'étais en proie.

Surnaturelle, tome 1: SAVOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant