Pile au moment où Miss Amélia termina de prononcer sa mystérieuse leçon de vie, on toqua à la porte.
Mon premier réflexe, fut de sonder automatiquement les alentours avant de rapidement revenir à moi pour me réprimander mentalement. Non mais qu'est ce qui m'arrivait aujourd'hui ? Jamais je n'avais eu l'impression d'être aussi empotée pour dissimuler mon identité. Et pour cause, la salle était tellement saturée de magie que j'avais dû faire appel quelques secondes à mon pouvoir pour capter l'aura de notre nouvel hôte. Quelle idiote j'étais. Déesse avais-je perdu toute once d'instinct de survie ou quoi ?
Je jetai un discret coup d'œil vers la directrice générale de Saint Maxime pour me rassurer, en vain. Car si elle ne me regardait pas directement, je n'avais pas non plus l'impression qu'elle était pleinement concentrée sur la porte qui se trouvait dans mon dos. Mes mains cachées par son énorme bureau en chêne noir, je me pinçais légèrement la peau du poignet, anxieuse. Pourvu que la magie des artefacts ait masqué un minimum mon idiotie...
En réalité les êtres surnaturels, autres que les sorcières, étaient sensibles à la magie qu'à partie d'une certaine quantité. J'espérai viscéralement qu'il en était de même avec la femme devant moi, et ce, malgré son très grand âge. De toute façon, j'allais vite le savoir...
Avant que je n'aie le temps de compter les secondes jusqu'à 10, délai après lequel j'étais sûre de ressortir normalement vivante du bureau dans lequel je me trouvais si je ne faisais pas d'autres boulettes aussi énormes que ma tête, notre visiteur ouvrit la porte. Je me retournai. Aucun doute, c'était bien un tueur comme me l'avait appris son aura.
L'homme, d'une trentaine d'année, adressa un signe respectueux de la tête à Miss Amélia avant de se rapprocher de nous sans me porter la moindre attention. Je déglutis, soudain très mal à l'aise. J'avais la désagréable impression d'être une souris coincée entre deux gros chats aux griffes acérées comme des rasoirs. Le tueur, une fois arrivé à notre hauteur, se laissa tomber dans le fauteuil à côté du mien dans un grincement aigu qui fit légèrement trembler la table en verre rempli de bibelot en cristal de l'autre côté de la pièce.
- Sérieusement ? Vous rigolez ou quoi ? s'exclama-t-il d'une voix moqueuse et condescendante en croisant ses jambes dans une attitude hautaine. N'importe lequel de mes étudiants pourrait lui casser un os juste en l'effleurant. Elle ne tiendra pas plus d'une semaine avec nous. Sans oublier que c'est une humaine au cas où vos sens ne seraient plus aussi vif qu'avant.
- Les tests du repéreur sont formels Hector et mes sens sont en pleine forme, je t'en remercie, répondit Miss Amélia. Artémis est bel et bien une tueuse, je peux te l'assurer.
- Vous vous foutez de moi ? Elle ne dégage pas la moindre odeur surnaturelle !
Je haussai discrètement un sourcil, surprise de sa remarque. Il était vrai que certains tueurs étaient capables de sentir la magie inhérente et inconsciente que rejetait les surnaturelles au même titre que les loups-garous et les métamorphes même si cette capacité était bien plus développée chez ses derniers, toutefois ils étaient relativement rares. A titre personnel, je crois que c'était le premier tueur que je rencontrais à la ressentir. Et ça ne me rassurait en rien sur la suite de cette discussion.
- Elle est plus frêle qu'une...
- Je ne t'ai pas demandé une quelconque approbation. Aux dernières nouvelles, le coupa la vampire, c'est moi qui commande ici.
Le ton autoritaire de Miss Amélia fit naître un silence glacial dans la pièce, tandis qu'ils se foudroyaient tous deux du regard. C'était étrange de voir un homme tout en muscle et à l'allure de psychopathe être mis à mal par une femme toute frêle qui faisait sans aucun doute que la moitié de sa taille et qui, par l'apparence, semblait à peine plus vieille que moi. Etrange, mais plutôt satisfaisant, il était vrai.
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Surnaturelle, tome 1: SAVOIR
ParanormalAussi loin que je m'en rappelle, ma mère n'a jamais cessé d'être recherchée par notre communauté, me contraignant ainsi à fuir inlassablement avec elle d'un bout à l'autre de la planète. Car croyez-moi, on ne se débarrasse pas si facilement des sorc...