Pour le quatrième combat, ce fut le prénom d'Angeline qui résonna dans le gymnase, suivi aussitôt du mien. C'était notre tour. Nous allions nous battre. Je lançais un rapide coup d'œil dans sa direction. Il n'y avait aucune hésitation dans son regard, aucune appréhension. Juste une intense concentration. Mon adversaire était prête. Elle n'attendait même plus que ça.
A ce moment, je ne pus m'empêcher de noter que depuis que j'étais à Saint Maxime, c'était la première fois qu'un de mes camarades de section ressemblait autant à un vrai tueur. Nous avions beau ne pas être physiquement proches, je sentais déjà mon instinct me hurler de me mettre sur mes gardes. Elle n'était plus une simple lycéenne. Elle était une tueuse et chacun de ses gestes ne venait que me le rappeler.
Tout au long du chemin jusqu'à l'arène, les sifflements enjoués de mes camarades fendirent l'air. Ils étaient étrangement très euphoriques par rapport aux autres combats qui avaient précédé. Moi, au contraire, j'avais la boule au ventre. C'était une chose de se battre et de pouvoir riposter. Mais se dire qu'on devait simplement encaisser, et donc entre autres servir de punching-ball ambulant, c'était très différent. Très... déstabilisant. En plus, j'allais devoir faire attention à ne pas expulser Angeline hors de la zone de combat avec mon pouvoir dans un instant de colère. Monsieur De Belloy pouvait bien parler de contrôle de la douleur. Pour moi, cet exercice était avant tout un contrôle de mes nerfs et de mon pouvoir.
J'entrais sur le ring sans un autre regard pour les acclamations enthousiastes de mon public et commençais dès lors à me concentrer entièrement sur mon adversaire. Angeline allait, certes, me botter le cul en beauté, mais il était hors de question que je la laisse gentiment faire sans rien tenter.
Maman m'avait placé chez les tueurs pour me protéger. Et c'est ce que j'allais faire. J'allais faire tout mon possible pour tirer un minimum parti de ce qu'était devenue ma vie ces dernières semaines et j'allais apprendre à me battre comme eux. Dans mon cas, tout était bon pour pouvoir survivre, ne serait-ce qu'une minute de plus. Et je n'avais pas le luxe de renoncer à une telle opportunité.
Une fois montée sur l'arène, je reculais ma jambe droite en arrière et positionnais mes bras comme monsieur De Belloy nous le montrait en entraînement. Je savais ma posture encore bancale par manque d'habitude, mais je savais aussi quels mouvements j'aurai à faire dans les prochaines secondes pour esquiver n'importe laquelle de ses attaques si j'étais suffisamment rapide.
Dans ma tête, c'était le néant. Un silence de mort y régnait malgré le bruit environnant. Pour mon plus grand soulagement je n'entendais même plus les cris plus qu'enjoués de mes camarades à l'idée du spectacle que nous allions leur donner. J'étais entièrement concentrée sur Angeline qui, elle aussi, était en garde en face de moi.
Le seul problème, c'est que par conséquent, je n'entendis pas non plus le signal du sifflet. En un cinquième de seconde, mon adversaire sauta sur moi et m'attrapa le bras droit avant de l'écarter de mon visage d'un geste vif et de m'assener un direct dans le nez.
Sous le coup, je reculais d'un bon mètre et ne tardais pas à sentir un liquide chaud, à l'odeur métallique, couler jusqu'à ma bouche. Instinctivement, je sentis ma magie se mettre à remuer de l'intérieur. « Contrôle Artémis » me répétais je plusieurs fois de suite mentalement en respirant profondément, « contrôle ». Ce n'était pas comme si j'avais le choix de toute façon, je devais tout faire pour calmer mon pouvoir.
Je relevais la tête vers Angeline et me remis en position tant bien que mal malgré ma vue brouillée, mon nez en sang et ma tête qui tournait. Il fallait que je tienne. Il était hors de question que je déclare forfait après moins dix secondes et sur une seule attaque. Et puis... si je faiblissais maintenant, j'étais parfaitement consciente du chemin sur lequel je m'embarquais.
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Surnaturelle, tome 1: SAVOIR
ParanormalAussi loin que je m'en rappelle, ma mère n'a jamais cessé d'être recherchée par notre communauté, me contraignant ainsi à fuir inlassablement avec elle d'un bout à l'autre de la planète. Car croyez-moi, on ne se débarrasse pas si facilement des sorc...