Le couloir était bondé. Que ce soit d'un côté ou de l'autre, des groupes de surnaturels squattaient chaque mètre carré du passage m'en bloquant partiellement l'accès. Par conséquence, pour avancer de plus de 1 mètre, je devais donc inéluctablement rentrer les épaules et me mettre à slalomer entre les élèves comme une petite souris qui slalomerais entre des jambes de géants. Je détestais la foule et encore plus quand elle était composée de surnaturels. Et pour cause, dans ces cas-là, j'avais toujours la désagréable impression de me prendre des auras en plein dans la face les unes à la suite des autres. C'était une horreur et je n'avais qu'une envie, fuir à toute jambe. Moi qui pensais que ma résistance aux auras avait augmenter et que ce n'était plus un problème. Et bah, visiblement c'était encore loin d'être le cas. Bon, de toute façon selon le message que j'avais reçu dans mon casier, je n'avais pas trop le choix vu que j'avais un colis à aller chercher.
J'avançais de quelques mètres avant de tomber nez à nez avec un couple de loups. Je retins une grimace quand ils se jetèrent l'un sur l'autre pour s'embrasser goulument sans aucune pudeur. Certes c'était la Saint-Valentin, mais quand même ! Il n'avait pas besoin de montrer leur attirance physique à tout le monde autour d'eux et notamment à moi. Je les contournais en retenant une remarque incendiaire, ce qui relevait de l'exploit sachant que j'avais encore mes règles et que j'avais de nouveau passé une nuit blanche. Bref, je n'étais pas du tout disposée à être de nouveau très patiente aujourd'hui. J'essayais de me motiver en pensant au chemin retour. Je passerais sans aucun doute par l'extérieur cette fois ci. Ce serait beaucoup plus simple et surtout beaucoup plus pratique. Je me demandais d'ailleurs ce que maman avait pu me faire livrer. Et pourquoi surtout elle était passé par l'école ? Si c'était un grimoire ou un artéfact qui devait m'aider dans la mission qu'elle m'avait donné, la remise en main propre aurait été beaucoup plus sûr. Après tout, selon le règlement, tout colis pouvait être inspecté par l'école s'il paraissait suspect. Et puis elle aurait pu me prévenir hier.
Au bout de quelques minutes je sortie enfin du couloir bondé pour mon plus grand soulagement et tournais à droite vers la conciergerie. Je frappais avant d'entrer. La salle était assez petite. A vrai dire, c'est à peine s'il y avait la place pour le comptoir et le mur de carton qui s'étendait derrière. Pourtant, la conciergerie ne ressemblait pas non plus à un placard à balai. Elle paraissait même assez agréable avec ses différents tons de vert. Alors que je finissais de balayer la pièce du regard quelque chose retins mon attention. Au bout du comptoir se trouvait un énorme bouquet de fleurs blanches posé dans un énorme vase transparent. De magnifiques lys qui étaient doucement éclairé par les rayons du soleil que laissait filtrer la fenêtre à côté. Pendant un moment, je restais le regard fixé sur le bouquet et me demandais ce que c'était d'être amoureux. D'avoir le cœur qui battait à la chamade quand on voyait une personne, de recevoir régulièrement et de façon spontanée des bisous et des câlins et même de se faire offrir un cadeau pour la Saint-Valentin... Ça devait sans aucun doute être très agréable. Toutefois, je revins bien vite à la réalité quand je vis la métamorphe s'avancer. Je devais m'occuper de choses autrement plus importantes, je n'avais pas le temps pour ces bêtises moi. Et puis malheureusement, au vu de ma situation, je doutais qu'une telle chose se produise un jour. Les seules personnes que je rencontrais été des surnaturels venus pour me tuer. C'était loin d'être optimal comme moyen de rencontre pour lier des relations amoureuses.
- Bonjour, dis-je.
- Bonjour.
Alors que la métamorphe avançais vers moi, je fouillais dans mes poches pour en sortir ma carte étudiante.
- J'ai reçu un message dans mon casier. Normalement vous avez un colis pour moi. Je m'appelle Artémis Weir.
Elle me prit ma carte étudiante des mains pour pouvoir vérifier mon identité. Sérieux ? Comme si avec mes cheveux quasiment blancs je n'étais pas facilement discernable des autres ? Je retins un soupir. Bon voyons le bon côté des choses, au moins elle risquait moins de se tromper et de donner le colis de maman a une inconnue. Ce qui pourrait être plus que problématique.
- Attendez moi là deux secondes, me dit-elle.
Elle se retourna et après avoir cherché deux secondes dans ses cartons, elle attrapa une petite boite qu'elle posa devant moi. Je restais interloquée quelques secondes à la vue des chocolats blancs qui s'alignait les uns derrière les autres à travers le couvercle transparent. C'était une blague ou quoi ? Maman m'avait envoyé des chocolats ? Non, c'était impossible. Je relevais la tête prête à contester le colis quand je vis le bouquet de lys géant glissé vers moi. Hein ?
- Voilà, s'exclama la concierge.
Je relevais les yeux vers elle prête à ce qu'à tout moment elle me dise que c'était une blague. Mais elle ne fit rien. Au contraire après quelques secondes face à mon mutisme, elle se retourna pour vaguer à d'autres occupations. De mon côté je revins rapidement sur les fleurs. De près le bouquet était encore plus géant.
- Heu... Vous êtes sûre que c'est moi la destinataire ?
- Pourquoi il y a une autre Artémis Weir dans l'école ? me répondit-elle d'un ton dédaigneux.
- Non mais...
Comment pouvais-je lui dire que je doutais que ma mère m'envoie une chose de la sorte surtout le jour de la Saint-Valentin ? C'est vrai qu'elle ne reconnaissait pas cette fête, au même titre que Noel, puisqu'elle était une pure imagination humaine, mais quand même. A moins qu'elle voulait justement se faire passer pour un admirateur secret ? C'était possible ça ? La curiosité étant beaucoup trop forte je m'approchais des fleurs et fermais les yeux. Néanmoins il n'y avait rien. Et ce fut la même chose pour les chocolats blancs. Pas une once de magie. Après réflexion, ce n'était pas du tout le genre de ma mère d'envoyer des colis. D'autant plus que nous n'étions pas en très bons termes en ce moment. Et puis certes, il semblait y avoir un petit mot dans la boite de chocolat, mais si elle voulait me dire quelque chose pourquoi ne l'avait-elle pas fait hier ? Je devais me résoudre à la conclusion à laquelle je parvenais malgré son improbabilité. Le colis ne venait pas de ma mère mais de quelqu'un d'autre.
- Excusez-moi une dernière question. Vous savez de qui vient le colis ? demandais-je quelques minutes après.
- Non. Il a été livré par l'entreprise de fleurs si c'est ce que vous voulais savoir.
- Ah... Bon bah merci.
D'une main j'attrapais le vase tandis que de l'autre je pris la boite de chocolat et sortie tant bien que mal de cette minuscule pièce où j'étais quelques secondes auparavant le cerveau en pleine ébullition. Non mais Déesse ! C'était quoi cette connerie là ?

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Surnaturelle, tome 1: SAVOIR
ParanormalAussi loin que je m'en rappelle, ma mère n'a jamais cessé d'être recherchée par notre communauté, me contraignant ainsi à fuir inlassablement avec elle d'un bout à l'autre de la planète. Car croyez-moi, on ne se débarrasse pas si facilement des sorc...