Chap 38 : Comment apprendre à se détendre ?

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Casey ouvrit son sac avant d'en sortir un véritable festin. Effectivement, elle avait bien chipé de bons petits trucs à la cantine. Et pas qu'un tout petit peu. On disait des métamorphes qu'il avait un bon appétit mais là, même avec Victoria à nos côtés, je doutais qu'on puisse venir à bout de tant de nourriture. Non là, on était plus au stade où on pouvait survivre toutes les 3 une bonne semaine dans les bois sans manquer de rien. J'espérais juste qu'elle dosait mieux ces potions parce que sinon elle devait être très dangereuse en classe.

- Voilà ! Servez-vous, déclara Casey fièrement après avoir posé sur l'herbe tout ce que contenait son sac.

Dans le ciel, le soleil était déjà haut. Pourtant nous venions à peine de nous poser. J'ignorais combien de temps nous avions mis exactement pour venir jusqu'ici, mais moi qui me réjouissais de ne plus avoir de courbatures je sentais qu'il allait en être autrement pour demain. Mes pieds me faisaient souffrir par avance.

- Avec tout ça ton sac devait être vachement lourd. Je comprends mieux pourquoi tu trainais derrière telle une petite mamie, s'exclama Victoria.

- C'est comme ça que tu remercies les gens toi !

Encerclé par Victoria à droite et Casey à gauche, je les regardais se chamailler gentiment pendant que ma main virevolter au-dessus de la nourriture en tas au milieu du cercle que nous formions. Qu'allais-je prendre pour commencer ? Sandwich au poulet ou chips au vinaigre ? Hum, grand dilemme. Mon estomac se mit à gargouiller et j'optai finalement pour la première chose qui me tomba sous la main. Un morceau de cake avec de la charcuterie non identifié dedans. Au premier croc, je me félicitais pour ce choix plus qu'intelligent. Je ne me rappelais pas avoir un jour eu autant faim qu'en ce moment. Ah si, peut-être lorsque nous traversions en voiture le désert de la mort aux Etats-Unis. Sachant que l'endroit était vide de tout commerces avoisinants et que nous étions en plus suivi par des vampires, nous avions passé plus de 8 heures en voiture sans rien manger.

- Merci Grande Sorcière Casey de me nourrir, repris Victoria. Ça te va comme ça ?

- Je ne suis pas une grande sorcière. Tu le sais très bien. Tout le monde le sait très bien.

Du coin de l'œil je vis Victoria refermer la bouche tandis qu'un léger soupçon de culpabilité passait dans ses yeux. Casey, elle, fixait la nourriture avec beaucoup trop de sérieux pour que ça soit naturel. C'est bien ce que j'avais cru percevoir hier, elle n'avait pas trop le moral et pas besoin de réfléchir très longtemps pour trouver une hypothèse plausible pour justifier son état. Franchement, Evanora et Candice n'avaient rien de mieux à faire dans leur vie que de martyriser les gens ?

- Une grande sorcière ne l'est pas que par la quantité de magie dont elle dispose. Elle l'est par son courage à ce que j'ai lu dernièrement, m'empressais-je de rajouter. Et surement par sa maitrise aussi vue que c'est ce sur quoi Elena Wildes vous fait travailler en ce moment.

Toutes les sorcières qui figuraient dans les livres que j'avais lu à la bibliothèque avaient toute un point commun, celui d'avoir à un moment donné fait preuve d'un très grand courage. Pour la majorité ce n'étaient pas des actes si exceptionnels que ça mais c'était plus le contexte de leur acte qui leur donnaient une si grande signification. Par exemple, la première sorcière de ma famille, Lucille Wildes s'était, d'après le récent bouquin que j'avais lu, sacrifié en fermant un portail qui donné sur les enfers et qui pour être définitivement scellé avait nécessité qu'elle passe de l'autre côté. Je me demandais si maman était au courant et si oui pourquoi elle ne m'en avait jamais parlé.

- Si ça peut te consoler Artémis est aussi claqué que toi dans sa communauté, à cette remarque de Victoria, Casey manqua de s'étouffer avec les chips qu'elle mangeait. Quoi ? Je n'y peux rien si Angeline est doué pour refaire le visage des gens.

J'esquissais un sourire. C'est vrai que ces derniers temps, Angeline ne m'avait pas loupé. Loin de là à vrai dire. Je ne comptais même plus les bras déboités et les nez cassés. A ce titre, je passais plus de temps avec l'infirmière en chef qu'avec Angeline sur le ring.

- Elle n'est pas très forte en réalité, répondis-je sérieusement. Mais elle est juste plus vive. Et plus costaud.

- Et encore t'es pas dans la classe d'Éric. Lui, il a beau être un crétin, il est vraiment dangereux. Crois-moi, répliqua Victoria. Il a beau être que demi-surnaturel, il ne connait ni la peur ni les limites.

Victoria entreprit de prendre une énorme bouchée de sandwich au jambon. Elle avait beau paraitre fatiguée et encore marquée par les derniers évènements qu'elle avait vécu, elle semblait pour autant de très bonne humeur. Je me demandais si c'était fait exprès ou non. J'attrapais moi aussi un sandwich. Le cake avait beau avoir été bon, il était aussi très petit et mon estomac criait encore famine.

- Qui c'est cet Éric ? demandais-je.

- Artémis je te rappelle que c'est de ta communauté dont on parle. Le blond au look de surfeur, précisa Casey à la vue de ma mine perdue.

Tout en continuant de manger, je cherchais dans mes souvenirs le visage d'un soi-disant surfeur blond en uniforme noir. Un visage me vint rapidement en mémoire. Je me rappelais m'être fait la remarque qu'Angeline semblait justement étrangement le fuir.

- Avec sa petite couette derrière style Jackie Chan ?

- Oui, on peut dire ça comme ça, répondit Victoria en retenant un rire.

- Mouais... je n'étais pas vraiment convaincue, il avait surtout l'air d'être un comique lui. Le truc c'est que je n'arrive pas à stabiliser mes appuis. Je suis toujours en déséquilibre et ça m'handicape même quand c'est moi qui fais les prises.

J'avais beau savoir d'où venait mon problème, je n'arrivais toujours pas à le résoudre et ça commençait à me saouler. J'estimais avoir reçu suffisamment de correction d'Angeline, il était temps que les rôles s'inversent. Et vite. Histoire que je puisse lui faire ravaler son petit sourire narcissique.

- Allez, dépêche-toi de manger, déclara soudain Victoria. Plus vite on mange, plus vite on peut travailler tes prises.

- Et moi plus vite je peux travailler sur cette catastrophe, répliqua Casey.

Elle bougea ces doigts est une magnifique fleur aux pétales marron éclora à quelques centimètres de son corps. Et la première chose que je remarquai fus la légère tache jaune au centre de celle-ci. 

Surnaturelle, tome 1: SAVOIROù les histoires vivent. Découvrez maintenant