Mon sandwich dans une main et une pomme dans l'autre, je m'aventurais avec entrain dans le jardin qui m'avait fait de l'œil tout au long du cours de Mme De Chapteuil et de Monsieur Dalpe, mon professeur de mathématiques. J'avais un urgent besoin de respirer. Respirer de l'air frais. De l'air qui ne portait pas la moindre trace de son aura. De la sienne et de toutes celles des autres surnaturels de l'école d'ailleurs.
Et pour cause, elles m'agressaient beaucoup plus que ce que je ne m'étais imaginé.
En effet, ces quatre dernières heures de cours avaient mis mes nerfs et ma maîtrise de soi à rude épreuve. C'est que je n'avais pas l'habitude que les gens laissent s'échapper leur aura d'eux sans la moindre gêne. Au contraire, depuis que j'étais petite, les chasseurs de primes à nos trousses se forçaient toujours à les masquer pour ne pas qu'on les repère trop vite avec maman. J'avais donc la mauvaise tendance à associer fortes auras et danger. Et même si je savais que ce n'était pas le cas ici pour le moment, mon instinct avait du mal à se défaire de cette mauvaise habitude.
Par conséquent, il était totalement hors de question que je me condamne de nouveau à cette pression désagréable en allant manger au réfectoire. J'avais déjà fait l'effort hier et ce matin, c'était plus que suffisant à mes yeux.
Je lançais un rapide coup d'œil à mon sandwich au poulet. Bon, il y avait plus appétissant et équilibré, mais les événements de ce début de journée m'avaient donné faim et je n'étais pas d'humeur à faire la difficile. Je me prendrai un vrai repas ce soir.
Alors même que j'avançai dans l'herbe encore mouillée de la rosée du matin, je croisai le regard de plusieurs étudiants. Divers petits groupes de surnaturels mangeaient dehors eux aussi, groupés et étalés un peu partout dans les jardins environnants.
Seule, j'allais faire tache. Je le faisais déjà à vrai dire. Pas que ça me gênait pourtant. Néanmoins aux regards de certains, j'étais persuadé de m'attirer des problèmes.
D'autant plus, qu'Angeline venait déjà de me mettre en garde quelques dizaines de minutes auparavant, suite à la fin du cours de mathématiques. Bien que je n'appréciais pas plus que ça mes camarades tueurs, si je voulais survivre sans difficulté à Saint Maxime et ne pas attirer l'attention, j'allais avoir intérêt à me faire petite et à ne rien laisser paraître aux autres. S'ils me voyaient isoler, ils en profiteraient pour venir me chercher des noises et faire de moi leur souffre-douleur attitré de ma communauté. En tout cas, c'est ce qu'elle, elle aurait fait avec ses copains et copines tueurs selon ses dires si je n'avais pas fait partie des leurs. Charmante mise en garde non ?
Franchement comment pouvais-je savoir que le simple fait d'adresser la parole à une sorcière parce que tous les autres tueurs de la classe étaient en pleine discussion et que je ne voulais pas les interrompre, était considéré comme un acte de rejet de sa race ? Ce fait seul appuyé considérablement ma décision de me tenir le plus possible éloigné des tueurs de mon école. Ils avaient quel âge sérieusement pour empêcher les gens de parler à qui ils voulaient ? Je n'allais pas non plus leur demander l'autorisation à chaque fois. Certes, je n'étais pas fan des autres races surnaturelles moi non plus, mais ça ne m'empêchait pas de leur parler et de les aider s'ils en avaient vraiment besoin. C'étaient aussi des êtres vivants.
Je localisai un grand buisson dans le fond et m'avançai vers lui. Manger seule, à l'abri des regards, était ma meilleure option.
Je contournai le tas de broussaille et découvris derrière une sorte de petite prairie parsemé de fleurs blanches. Au centre de celle-ci, se trouvait une table de pique-nique sur laquelle était assise une jeune fille. Elle était en tailleur, les poings serrés et tournés vers le ciel, et semblait murmurer quelque chose à la vue de ses lèvres qui ne cessaient de s'ouvrir et de se refermer. A son uniforme violet, je l'identifiai rapidement comme une sorcière. Une sorcière qui me semblait assez familière, réflexion faites.

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Surnaturelle, tome 1: SAVOIR
ParanormalAussi loin que je m'en rappelle, ma mère n'a jamais cessé d'être recherchée par notre communauté, me contraignant ainsi à fuir inlassablement avec elle d'un bout à l'autre de la planète. Car croyez-moi, on ne se débarrasse pas si facilement des sorc...